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La tempête Ciaran fouette l'Europe avec des vents sans précédent
Bob Henson, météorologue et rédacteur scientifique pour Yale Climate Connections, a prévenu mercredi que Ciaran pourrait se transformer en «une tempête qui n'arrive qu'une fois par génération».
La tempête Ciaran a balayé le continent pendant la nuit et la journée de jeudi, plongeant un grand nombre de personnes dans l'obscurité, dévastant les habitations et provoquant des perturbations dans les transports dans plusieurs pays.
Des vents de plus de 190 kilomètres/heure ont frappé la pointe nord de la côte atlantique française, déracinant des arbres et fracassant des fenêtres.
Un chauffeur de camion a été tué lorsque son véhicule a été heurté par un arbre dans l'Aisne, dans le nord de la France, a révélé le ministre des Transports, Clément Beaune. Une autre personne a été grièvement blessée dans une université de la ville de Roubaix, dans le nord du pays, et 15 autres personnes ont été blessées dans l'ouest et le nord de la France, ont annoncé les autorités. Sept des blessés sont des secouristes.
La compagnie aérienne néerlandaise KLM a annulé tous ses vols au départ et à l'arrivée des Pays-Bas entre le début de l'après-midi et la fin de la journée, en raison de la vitesse élevée des vents soutenus et des puissantes rafales attendues dans le pays.
D'énormes vagues se sont abattues sur les ports et le littoral français, tandis que le vent a aplati des panneaux de signalisation et arraché des toitures. Des arbres abattus ont bloqué des routes dans l'ouest de la France, selon des journalistes de l'Associated Press et des images diffusées par les médias français et les réseaux sociaux.
Environ 1,2 million de foyers français ont été privés d'électricité jeudi, a indiqué la compagnie d'électricité Enedis dans un communiqué. Cela comprend environ la moitié des foyers de Bretagne, la péninsule atlantique la plus durement touchée par Ciaran. Enedis a indiqué qu'elle déploierait trois mille travailleurs pour rétablir le courant lorsque les conditions le permettront.
Le vent a atteint jusqu'à 160 kilomètres/heure sur la côte normande et jusqu'à 150 kilomètres/heure à l'intérieur des terres. Les équipages de pêche ont mis leur gagne-pain entre parenthèses et sont restés à terre. Les autorités locales ont fermé des forêts, des parcs et des plages dans certaines régions.
Les trains locaux ont été annulés dans une grande partie de l'ouest de la France et toutes les routes du Finistère, en Bretagne, ont été fermées jeudi matin. Le ministre Beaune a invité les gens à éviter de conduire et à faire preuve de prudence lorsqu'ils traversent des zones faisant l'objet d'alertes météorologiques.
«Nous voyons comment les routes peuvent être fatales dans ces circonstances», a-t-il déclaré à France-Info.
En Espagne, où la tempête s'est abattue sur une grande partie du pays avec de fortes pluies et des coups de vent, les services d'urgence de Madrid ont annoncé qu'une femme était décédée jeudi après qu'un arbre lui soit tombé dessus. Trois autres personnes ont été légèrement blessées dans l'incident survenu dans une rue du centre-ville. Les parcs de la capitale et d'autres villes espagnoles ont été fermés, et plusieurs trains et vols ont été annulés.
Une personne est décédée dans le centre de Gand, en Belgique, lorsqu'un arbre lui est tombé dessus dans un parc. Une autre personne a été blessée au cours du même incident. Les autorités locales et nationales ont conseillé aux habitants de ne pas s'approcher des espaces verts par crainte des chutes d'arbres. Les médias belges ont également rapporté que dans la ville portuaire d'Anvers, un homme a été grièvement blessé lorsqu'un mur s'est effondré sous la pression des vents violents incessants.
Un avis de tempête a été émis pour la côte de la mer du Nord en Allemagne, et un avis de vents violents pour une partie de la côte de la mer Baltique. Les autorités ont indiqué qu'une femme de 46 ans avait été mortellement blessée par la chute d'un arbre dans les montagnes du Harz, dans le nord de l'Allemagne.
Des milliers de personnes sont également privées d'électricité au Royaume-Uni. De violentes rafales ont arraché les toits des bâtiments et renversé des arbres. Certains ont dû évacuer leur domicile et se réfugier dans des hôtels alors que Ciaran s'abattait sur le sud de l'Angleterre.
Des centaines d'écoles sont restées fermées dans les communautés côtières du sud-ouest de l'Angleterre, en Cornouailles et dans le Devon, tandis que des arbres couchés et des inondations ont entravé les trajets matinaux dans tout le sud-est.
Les compagnies ferroviaires ont demandé aux usagers de travailler à domicile si possible en raison des chutes d'arbres et des débris sur les voies ferrées. La compagnie P&O Ferries a prévenu que le trafic touristique était détourné du port de Douvres, qui a suspendu ses liaisons. Le toit d'un camion a été arraché dans la ville, a indiqué la police locale, tandis qu'une route principale a été partiellement fermée pour des raisons de sécurité publique.
«Nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge»
L'Agence britannique des garde-côtes et des affaires maritimes a demandé à la population de se tenir à l'écart de la côte.
«Restez à l'écart des situations dangereuses, a lancé l'agence sur le réseau X. Un égoportrait dans la tempête ne vaut pas la peine de risquer sa vie.»
Simon Partridge, météorologue principal au Met Office, l'agence météorologique du gouvernement britannique, a déclaré juste après 9h30, heure de Montréal, que pour l'Angleterre au moins, «heureusement, le pire est passé».
«La tempête elle-même est au large de la côte de l'East Anglian, elle vient d'entrer dans le sud de la mer du Nord, et ... elle commence à perdre l'énergie qu'elle avait lorsqu'elle est arrivée», a-t-il analysé.
La zone de basse pression est en train de se combler, a expliqué M. Partridge, précisant que le système continuerait à s'affaiblir au cours des 12 prochaines heures.
Mais il reste encore beaucoup de pluie associée à la tempête, a-t-il averti, en indiquant que le Pays de Galles du Nord, les Midlands de l'Ouest et la côte Est seraient touchés par des averses.
«Nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge», a-t-il ajouté.
L'Agence britannique pour l'environnement a invité la population à se préparer à des inondations à l'intérieur des terres, car le niveau de certains cours d'eau reste élevé et le sol est saturé. Peu après midi, 82 alertes aux inondations, signifiant que des inondations sont attendues, et 197 alertes aux inondations, signifiant que des inondations sont possibles, étaient en place dans toute l'Angleterre.
«L'inondation des routes côtières de faible altitude est également possible et les gens doivent éviter de conduire dans les eaux de crue, car 30 centimètres d'eau suffisent pour déplacer une voiture», a prévenu Ben Lukey, le responsable de la surveillance des inondations au sein de l'agence.
Le Met Office a déclaré que la pression moyenne au niveau de la mer pour l'Angleterre et le Pays de Galles en novembre était la plus basse jamais enregistrée, battant un record qui tenait depuis 1916.
M. Partridge a indiqué que le choc subi par les îles Anglo-Normandes était comparable à celui de la «grande tempête» de 1987, qui avait dévasté tout le Royaume-Uni.
La nuit dernière, les vents ont soufflé entre 145 et 160 kilomètres/heure sur les îles pendant trois heures. Ils ont brisé des vitres, endommagé des voitures et arraché des toits de bâtiments. Les vols au départ des aéroports des îles de Jersey, Guernesey et Aurigny ont été annulés.
Les grêlons étaient un peu plus lourds et plus gros qu'une balle de golf.
La police de Jersey a révélé sur le réseau X que 35 personnes avaient été relogées après que leurs maisons aient été endommagées et que trois autres avaient été hospitalisées. Elle a ajouté que des arbres étaient tombés dans toute l'île.
Les médias néerlandais ont rapporté que plusieurs personnes avaient été touchées par des chutes d'arbres dans différentes régions des Pays-Bas, et qu'une personne avait été tuée dans la ville de Venray, dans le sud du pays. La huitième édition du championnat cycliste néerlandais contre les vents contraires a été rapidement organisée pour les coureurs prêts à pédaler dans les dents de la tempête jeudi le long d'une barrière côtière de 8,5 kilomètres sur des vélos sans vitesses.
L'événement n'a lieu que lorsqu'une tempête de sud-ouest avec un vent minimum de force 7 s'abat sur la côte de la mer du Nord.
Mais les vents sont si forts qu'un permis a été refusé. L'organisateur, Robrecht Stoekenbroek, s'est dit «très déçu».
«Nous organisons cet événement parce qu'il est complètement fou, a-t-il déclaré. Il s'agit de l'homme contre la nature et il faut que le vent soit comme ça.»
Le cœur de la tempête se déplacera vers l'est au cours de la journée, selon les prévisionnistes.