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La Société canadienne du cancer (SCC) a annoncé mercredi de nouvelles subventions de recherche afin de réduire les risques et de prévenir le cancer.
La Société canadienne du cancer (SCC) a annoncé mercredi de nouvelles subventions de recherche afin de réduire les risques et de prévenir le cancer qui pourrait survenir en milieu de travail.
Le programme «Subventions de recherche sur les cancers liés au milieu de travail de la SCC : prévention des cancers professionnels» financera sept projets de recherche prometteurs, dont trois au Québec, qui ont comme objectif de réduire la probabilité d’apparition d’un cancer causé par différents facteurs liés au travail.
«Historiquement, on pourrait dire que la santé et la sécurité au travail du personnel dentaire a été un peu négligée. Les travailleurs des soins dentaires sont exposés dans le cadre de leur travail à plusieurs substances (...) qui sont soupçonnées ou même avérées carcinogènes, a rappelé Sabrina Gravel, une chercheuse de l’Institut de recherche Robert Sauvé en santé et en sécurité du travail qui étudiera comment réduire l’exposition aux produits carcinogènes pour le personnel du domaine dentaire.
«La médecine dentaire est aussi un secteur en constante évolution, qui profite par exemple de l'avènement de l'impression 3D ou des nanotechnologies. Donc ça peut faire intervenir de nouvelles substances cancérogènes dans le milieu de travail.»
Mme Gravel compte parmi les trois lauréats québécois. Les autres sont Vikki Ho, une chercheuse du CHUM qui étudiera les facteurs évitables en milieu de travail qui contribuent au cancer de la prostate, et Marie-Élise Parent, une chercheuse de l'Institut national de la recherche scientifique qui étudiera comment on peut prévenir le cancer chez les personnes exposées aux gaz d’échappement des moteurs diesel.
Mme Gravel explique que ses collègues et elle voudront, ultimement, produire un «guide pratique pour aider les travailleurs dentaires et les intervenants à identifier et à gérer l'exposition cancérogène».
«Pour nous, c'est important d'aller décrire la pratique en matière de santé et de sécurité du travail, de documenter les substances cancérogènes et les expositions dans les cliniques et les laboratoires dentaires et d'explorer comment les travailleurs dentaires perçoivent et vivent leur exposition professionnelle aux produits cancérogènes», a précisé Mme Gravel, qui est également professeure associée à la Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale de l'Université McGill.
On ne dispose pour le moment que de données morcelées qui tendent à montrer qu'il y aurait possiblement une incidence accrue de certains cancers dans le milieu dentaire, a ajouté Mme Gravel, qui rappelle qu'une écrasante grande majorité des hygiénistes et assistants dentaires sont des femmes.
Elle croit d'ailleurs que c'est possiblement ce qui a retenu l'attention de la Société canadienne du cancer, qui souhaite s'intéresser à des groupes qui ont été «peut-être un peu oubliés dans la recherche en santé et sécurité du travail».
Il est donc important de travailler «en amont» afin d'identifier les risques et d'aider les travailleurs à prendre les mesures de prévention nécessaires, a-t-elle poursuivi.
«Il faut à tout le moins vérifier si le risque est présent, et si oui, fournir des outils pour permettre au milieu de travail d'agir», a souligné la chercheuse, qui a reçu un financement de 181 400 $ pour ses travaux.
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D'autant plus qu'il est habituellement «très difficile» d'identifier les risques cancérogènes en milieu de travail, puisque le cancer pourra prendre vingt ou trente ans à se manifester, a rappelé Mme Gravel.
La première phase de son enquête consistera à récolter des données quantitatives en distribuant un questionnaire au personnel dentaire afin de mieux comprendre leur pratique et leur perception des risques.
Ses collègues et elle iront ensuite visiter différentes cliniques pour déterminer quels produits sont réellement utilisés, comment ils sont utilisés et comment les travailleurs se protègent lors de leur utilisation. Ils en profiteront aussi pour discuter avec le personnel.
«Dans ma recherche, je veux vraiment comprendre comment les travailleurs des soins dentaires se sentent par rapport à leur exposition, a expliqué Mme Gravel. Ça me permettra d'adapter les messages et d'aller droit au but avec eux.»
Le nouveau programme de subvention a été annoncé en partenariat avec l’Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada et quatorze organismes d’indemnisation des travailleurs et syndicats de tout le pays. Il dispose d'un financement de 1,38 million de dollars.
On estime qu'environ dix mille travailleurs reçoivent un diagnostic de cancer professionnel chaque année au Canada.
Les milieux de travail, a rappelé la SCC par voie de communiqué, «peuvent constituer une menace importante pour la santé s’ils entraînent une exposition répétée à des substances carcinogènes et à d’autres risques, dont l’amiante, les rayons ultraviolets du soleil, les gaz d’échappement des moteurs diesel, la silice cristalline, le radon et le travail par quarts».