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La Chaire de tourisme Transat révèle que de nouvelles habitudes de voyage des Québécois, à commencer par le désir de joindre l'utile à l'agréable.
Près de trois ans de pandémie auront eu leur effet sur les habitudes de voyage des Québécois: même avec une levée partielle ou complète des restrictions, ceux-ci préfèrent de plus en plus bourlinguer chez eux.
C'est ce que révèle le plus récent Cahier des tendances publié par la Chaire de tourisme Transat, de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.
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«L'inflation et les mesures sanitaires ont fait mal à plusieurs Québécois, mais on constate que l'intérêt pour voyager au Québec en a profité, souligne Marc-Antoine Vachon, titulaire de la chaire. Les entreprises québécoises et les destinations ont donc le devoir de fournir des alternatives intéressantes pour ceux qui choisissent le Québec comme destination voyage.»
Et pour preuve: 33 % des répondants à un sondage mené en novembre dernier par la Chaire ont effectué un séjour commercial d'au moins une nuit dans leur propre région.
«C'est une bonne nouvelle parce qu'historiquement, le Québec a une balance touristique négative, c'est-à-dire qu'il y a plus de revenus qui sortent de la province qui rentrent, poursuit le chercheur. Si l'industrie touristique arrive à retenir quelques Québécois qui allaient aux États-Unis chaque année, ce sont des gains nets. C'est sans compter l'impact direct sur les changements climatiques et le tourisme durable qu'on pourrait aller chercher.»
La Chaire de tourisme Transat révèle également de nouvelles habitudes de voyage des Québécois, à commencer par le désir de joindre l'utile à l'agréable.
«Dans la vie d'aujourd'hui, on veut être performant, utiliser le moindre moment de façon optimale, souligne M. Vachon. La pandémie nous a amenés à réfléchir à la place du travail dans notre vie et à l'importance du voyage pour notre santé mentale.»
Ainsi, les phénomènes du «bleisure» (mot-valise pour business et leisure) et du «workation» (pour work et vacation) sont à la hausse.
«On intègre plus d'agrément dans le voyage: on essaie de faire du télétravail pour en profiter plus longtemps ou on emmène la famille pour visiter après le travail. C'est une flexibilité dont on dispose et qu'on utilise de plus en plus à notre avantage», poursuit le chercheur, mentionnant que 17 % des personnes sondées envisagent de prolonger un séjour d'agrément grâce au télétravail et 10 % de prolonger un déplacement professionnel pour le plaisir.
Or, même si la responsabilisation des voyageurs devrait prendre de l'importance au cours des prochaines années, la partie est loin d'être gagnée, croit M. Vachon.
«Les gens sont conscients de l'impact environnemental de leurs déplacements, indique-t-il. On sait aussi que de voyager a un impact positif sur la santé mentale, alors on est déchirés entre notre santé mentale et la santé de la planète.»
Ce faisant, à peine 26 % des voyageurs québécois sondés se disent prêts à changer leur façon de voyager pour combattre les changements climatiques. Actuellement, 22 % des répondants à l'enquête avaient choisi un site d'hébergement ou une activité pour son caractère durable et à peine 10 % avaient payé pour rendre leurs vacances carboneutres.
«L'industrie touristique doit donc se pencher sur la question et fournir des alternatives faciles d'accès qui permettraient aux touristes québécois de voyager en limitant leur empreinte carbone», précise M. Vachon.
Une autre tendance observée par la chaire est celle de l'expérimentation, c'est-à-dire que pour tenter de répondre à de nouveaux problèmes engendrés par la pandémie, comme la gestion chaotique des bagages, les retards de plusieurs vols, les longs délais d'obtention de passeports ou des difficultés de réservation, les entreprises du secteur touristique essaient de nouvelles pratiques qui font désormais partie de l'expérience des visiteurs.
«On est prêts comme touristes à ce que l'organisation fasse des essais, souligne M. Vachon. On assume le risque parce que c'est dans l'objectif de faciliter les choses.»
Les voyageurs sont même prêts à collaborer à cette vague de changement, à ce «laboratoire vivant», comme l'appelle M. Vachon. Il s'agit là de la tendance de la synergie, où la communauté tout entière est amenée à participer au développement de la région comme destination touristique.
«Comme résidants, nous sommes aussi des clients de notre propre région; nous en sommes en fait les premiers utilisateurs, alors c'est important que l'offre touristique nous convienne, à nous aussi», illustre M. Vachon.
Une quatrième tendance en croissance en tourisme est le désir de connexion avec la nature. «C’est un legs de la pandémie de bien comprendre le rôle de la nature dans nos vies, souligne le chercheur. On veut donner un sens à notre voyage, qu'il soit significatif et ce contact avec la nature nous rapporte à notre propre personne.»
L'étude menée par la chaire de tourisme révèle d'ailleurs que 60 % des Québécois qui ont voyagé dans la province en 2022 ont réalisé une activité de plein air durant leur séjour.