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Liz Truss vient de devenir la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, mais fait déjà face à un énorme défi : atténuer l’insatisfaction liée au travail et préserver un système de santé accablé par de longues listes d'attente et des pénuries de personnel
Liz Truss vient de devenir la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, mais fait déjà face à un énorme défi : atténuer l’insatisfaction liée au travail et préserver un système de santé accablé par de longues listes d'attente et des pénuries de personnel.
La nouvelle première ministre britannique promet de s'attaquer à la crise de l'énergie et de l'économie
Au sommet de sa liste se trouve la crise énergétique provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui menace de faire grimper les factures d'énergie à des niveaux vertigineux, de fermer des entreprises et d’empêcher les plus pauvres du pays de chauffer convenablement leurs maisons cet hiver.
Mme Truss, qui a refusé de préciser sa stratégie énergétique au cours de la campagne pour succéder à Boris Johnson, prévoit désormais de faire plafonner les factures d'énergie à un coût pour les contribuables de 100 milliards de livres, ont rapporté mardi les médias britanniques. Elle devrait dévoiler son plan jeudi.
«Nous ne devrions pas être intimidés par les défis auxquels nous sommes confrontés, a-t-elle déclaré dans son premier discours devant son bureau de Downing Street. Aussi forte que soit la tempête, je sais que le peuple britannique est plus fort.»
La nouvelle première ministre a déclaré qu'elle se concentrerait sur la lutte contre la crise énergétique britannique, l'économie en difficulté et les services de santé surchargés. Elle a promis de faire croître l'économie et de faire du Royaume-Uni une «nation inspirante», mais a reconnu que le pays faisait face à «de graves vents contraires mondiaux» causés par la COVID-19 et la guerre en Ukraine.
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Mme Truss, qui est âgée de 47 ans, a pris ses fonctions mardi après-midi au château de Balmoral en Écosse, alors que la reine Elizabeth II lui a officiellement demandé de former un nouveau gouvernement lors d'une cérémonie soigneusement chorégraphiée dictée par des siècles de tradition. Boris Johnson, qui a annoncé son intention de se retirer il y a deux mois, avait officiellement démissionné lors de sa propre audience avec la reine peu de temps auparavant.
C'était la première fois au cours des 70 ans de règne de la reine que la passation de pouvoir avait lieu à Balmoral, plutôt qu'au palais de Buckingham, à Londres. La cérémonie a eu lieu en Écosse, car la reine, qui est âgée de 96 ans, est aux prises avec des problèmes de déplacement qui obligent les responsables du palais à prendre des décisions concernant ses voyagements au jour le jour.
Truss est devenue la première ministre une journée après que le Parti conservateur au pouvoir l'ait choisie comme cheffe lors d'une élection où les 172 000 membres adhérents du parti étaient les seuls électeurs. En tant que cheffe du parti, Mme Truss est automatiquement devenu première ministre sans avoir besoin d'élections générales car les conservateurs conservent la majorité à la Chambre des communes.
Mais en tant que cheffe d’État sélectionnée par moins de 0,5% des adultes britanniques, Truss est sous pression pour présenter des résultats rapides.
Le chef de l'opposition libérale démocrate, Ed Davey, a appelé mardi à des élections anticipées en octobre – ce que Truss et le Parti conservateur sont peu susceptibles de faire, puisque les conservateurs sont en chute libre dans les sondages.
«J'ai écouté Liz Truss pendant la campagne des conservateurs et je cherchais un plan pour aider les gens avec leurs factures d'énergie qui montent en flèche, avec la crise du NHS et ainsi de suite, et je n'ai entendu aucun plan du tout», a-t-il déclaré à la BBC. «Étant donné que les gens sont vraiment inquiets, étant donné que les gens perdent le sommeil à cause de leurs factures d'énergie, les entreprises n'investissent pas à cause de la crise, je pense que c'est vraiment problématique.»
Johnson a pris note des tensions auxquelles la Grande-Bretagne était confrontée alors qu'il quittait pour la dernière fois la résidence officielle du premier ministre au 10 Downing Street, affirmant que sa politique avait laissé au gouvernement la force économique d'aider les gens à surmonter la crise énergétique.
Toujours aussi coloré, il masquait à peine son amertume d'avoir été expulsé.
«Je suis comme l'une de ces fusées d'appoint qui a rempli sa fonction», a déclaré Johnson. «Je vais maintenant rentrer doucement dans l'atmosphère et m'écraser de manière invisible dans un coin reculé et obscur du Pacifique.»
Photo : Les scandales ayant éclaboussé Boris Johnson au cours de son mandat l'ont forcé à remettre sa démission. Crédit : Andrew Milligan | Pool Photo via AP
De nombreux observateurs s'attendent à ce que Johnson tente un retour politique, bien qu'il ait été cryptique quant à ses plans. Au lieu de cela, l'homme qui a étudié à l'Université d'Oxford a soutenu Truss et s'est comparé à Cincinnatus, le dictateur romain qui a renoncé au pouvoir et est retourné dans sa ferme pour vivre en paix.
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«Comme Cincinnatus, je retourne à ma charrue», a-t-il déclaré.
Boris Johnson, qui est âgé de 58 ans, est devenu Premier ministre il y a trois ans après que sa prédécesseure, Theresa May, ait échoué à organiser le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Johnson a ensuite remporté une majorité de 80 sièges au Parlement avec la promesse de «réaliser le Brexit».
Mais il a été chassé de ses fonctions par une série de scandales qui ont mené à la démission de dizaines de secrétaires de cabinet et de fonctionnaires de niveau inférieur au début du mois de juillet. Cela a ouvert la voie à Truss, une ancienne comptable qui a été élue pour la première fois à la Chambre des communes en 2010.
Contrairement à Johnson, qui s'est bâti une célébrité médiatique bien avant de devenir premier ministre, Truss a gravi tranquillement les échelons des rangs conservateurs avant d'être nommée secrétaire aux Affaires étrangères, l'un des plus hauts postes du Cabinet, il y a à peine un an.
Elle devrait prononcer son premier discours en tant que première ministre mardi après-midi devant le 10 Downing Street.
Truss est sous pression pour expliquer comment elle prévoit aider les consommateurs à payer les factures d'énergie des ménages qui devraient atteindre en moyenne 3500 livres (4000 $) par an – le triple du coût d'il y a un an – le 1er octobre à moins qu'elle n'intervienne.
La hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, provoquée par l'invasion de l'Ukraine et les répercussions de la COVID-19 et du Brexit, a propulsé l'inflation au Royaume-Uni au-dessus de 10 % pour la première fois en quatre décennies. La Banque d'Angleterre prévoit qu'elle atteindra 13,3 % en octobre et que le Royaume-Uni glissera dans une récession prolongée d'ici la fin de l'année.
Les conducteurs de train, le personnel portuaire, les éboueurs, les postiers et les avocats ont tous organisé des grèves pour exiger que les augmentations de salaire suivent le rythme de l'inflation, et des millions d'autres, des enseignants aux infirmières, pourraient en faire autant dans les prochains mois.
Truss, une conservatrice en faveur d’un faible taux d'imposition qui admire Margaret Thatcher, affirme que sa priorité est de réduire les impôts et de réduire les réglementations pour alimenter la croissance économique. Les critiques disent que cela alimentera davantage l'inflation tout en ne résolvant pas la crise du coût de la vie. L'incertitude a ébranlé les marchés boursiers, faisant chuter la livre à 1,14 dollar américain lundi, son niveau le plus faible depuis les années 1980.
En théorie, Truss a le temps de faire sa marque : elle n'a pas à déclencher d'élections nationales avant la fin de 2024. Mais les sondages d'opinion donnent déjà au principal parti d'opposition, le parti travailliste, une avance constante, et plus l'économie se détériore, plus la pression sera forte.
En plus des problèmes de la Grande-Bretagne, Truss et son nouveau cabinet seront également confrontés à de multiples crises de politique étrangère, notamment la guerre en Ukraine et les relations glaciales post-Brexit avec l'UE.
Truss, en tant que ministre des Affaires étrangères, était une fervente partisane de la résistance de l'Ukraine à la Russie. Elle a déclaré que son premier appel téléphonique avec un dirigeant mondial serait avec le président Volodymyr Zelenskyy.
La première ministre s'est également engagée à augmenter les dépenses de défense du Royaume-Uni à 3% du produit intérieur brut contre un peu plus de 2% - une autre promesse coûteuse.
Mais elle est susceptible d'avoir des conversations beaucoup plus froides avec les dirigeants de l'UE, qui ont été agacés par sa position intransigeante en tant que ministre des Affaires étrangères dans les pourparlers sur les règles commerciales pour l'Irlande du Nord, une question non résolue du Brexit qui a endommagé les relations entre Londres et Bruxelles.
«Je pense qu'elle a un travail important et stimulant devant elle», a déclaré Robert Conway, 71 ans, un fabricant d'électronique, à Londres. «J'espère qu'elle apportera avec elle une nouvelle équipe et un nouveau départ, mais ce sera un travail difficile.»