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Sa nomination signifie que pour la première fois de l'histoire de la Cour suprême, il y a près de 150 ans, les femmes sont majoritaires au sein de ce comité de neuf juges.
La confiance dans le système judiciaire canadien dépend d'une communication claire avec le citoyen, a déclaré la nouvelle juge de la Cour suprême du Canada, alors qu'elle était officiellement accueillie au plus haut tribunal du pays.
Une cérémonie d'accueil officielle a eu lieu lundi matin dans la salle d'audience du plus haut tribunal pour la juge Mary Moreau, qui avait prêté serment en novembre dernier. Sa nomination signifie que pour la première fois de l'histoire de la Cour suprême, il y a près de 150 ans, les femmes sont majoritaires au sein de ce comité de neuf juges.
En accueillant officiellement sa nouvelle collègue, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a notamment souligné la contribution de Mme Moreau dans «l'avancement des droits linguistiques des communautés minoritaires francophones, particulièrement en Alberta».
Le juge Wagner a souligné que la juge Moreau suivait les traces de son père, Joseph Moreau, qui a lutté pour le droit à l'enseignement en français en Alberta — une école porte son nom à Edmonton, a-t-il dit. Mme Moreau a aussi cofondé au tournant des années 1990 l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta, a rappelé le juge en chef.
Mary Moreau, une Franco-Albertaine née à Edmonton, a notamment étudié au programme de baccalauréat ès arts en français à la faculté Saint-Jean de l'Université de l’Alberta, de 1974 à 1976, avant de faire son droit à cette université. Elle a aussi suivi le programme d’étude du Code civil du Québec à l'Université de Sherbrooke, à l'été 1977, avant d'être admise au Barreau de l’Alberta en 1980.
Après avoir été avocate pendant 14 ans, elle a été nommée juge à la Cour du Banc du Roi de l'Alberta en 1994, et elle est devenue juge en chef de cette instance en 2017. Elle a également présidé le Comité consultatif de la magistrature sur la nomination des juges militaires et elle a été membre du Conseil canadien de la magistrature pendant sept ans, de 2017 à 2023.
Dans son discours, lundi, la juge Moreau a raconté comment une expérience au début de sa carrière de juge avait façonné ses convictions professionnelles: elle avait alors entendu un collègue plus expérimenté, et plus âgé, faire des commentaires sur son âge et son expérience professionnelle.
«La seule réponse que j'ai pu trouver a été: "Eh bien, comme disait ma chère mère, la preuve est dans le pudding". Et depuis, c'est ma devise.»
Mme Moreau a déclaré lundi que les Canadiens devraient pouvoir se reconnaître dans le système judiciaire, sans se sentir exclus.
«Comme le juge en chef Wagner l'a souvent bien exprimé, tous les Canadiens et Canadiennes devraient pouvoir se reconnaître dans leur système de justice, a-t-elle dit. La justice ne devrait pas amener la personne qui y fait face à se sentir en marge ou exclu.»
Et elle se dit fière que la Cour suprême tente de rendre son travail plus accessible au public en utilisant un langage simple sur son site web et dans les résumés de ses décisions, mais aussi en diffusant ses audiences en ligne.
Elle a ajouté que les lois du Canada devaient être respectueuses des droits de la personne et interprétées dans le cadre d'un processus opportun, ouvert et accessible.
Le ministre de la Justice et procureur général du Canada, Arif Virani, a qualifié Mme Moreau de «pionnière», qui a été à l'avant-garde de la défense des droits des francophones.
«La juge Moreau est une personne et une juriste exemplaires, a-t-il dit. Son intégrité, son sens de l'équité, sa passion pour le droit et son grand professionnalisme seront des atouts tant pour ses collègues au sein de la cour que pour l'ensemble de la population canadienne.»
Mary Moreau remplace Russell Brown, qui a pris sa retraite de la Cour suprême en juin dernier dans le cadre d'une enquête menée par le Conseil canadien de la magistrature sur des allégations d'inconduite découlant d'un événement survenu en Arizona. M. Brown était en congé du tribunal depuis plusieurs mois avant de prendre sa retraite.