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94% des parents ont dit être heureux dans leur relation de couple dans les premiers mois suivant la naissance d'un enfant.
La grande majorité des parents québécois sont satisfaits de leur relation de couple dans les premiers mois suivant la naissance d'un enfant, rapporte une étude réalisée par deux chercheuses de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Natacha Godbout, professeure au Département de sexologie, et Alison Paradis, professeure au Département de psychologie, se sont penchées sur un échantillon de 2500 parents québécois dans les trois premières années et demie suivant la naissance de leur enfant.
Parmi eux, 94% des parents ont dit être heureux dans leur relation de couple dans les premiers mois suivant la naissance d'un enfant. Cependant, cette satisfaction décroît de 8 points de pourcentage trois ans plus tard, se chiffrant donc à 86 %.
Cette collecte de données amorcée en 2018, qui se poursuit encore aujourd'hui, s'inscrit dans le cadre du projet Couples parentaux, dirigé par les chercheuses.
«Il y a des projets longitudinaux qui existent dans le monde, mais en général ce sont beaucoup plus les mères qui sont représentées, donc les pères participent moins. Une des particularités du projet, c’est que nous on a les deux parents qu’on suit dans le temps», a expliqué Mme Paradis, en entrevue.
Au sein de l'échantillon de 2500 parents, on compte 53 % de femmes, 46,7 % d'hommes et 0,3 % de personnes trans ou non binaires.
Même si l'arrivée d'un enfant représente plusieurs défis, qu'est-ce qui explique que la grande majorité des parents sont satisfaits au sein de leur couple dans les premiers mois de vie de leur bébé?
«Être satisfaits dans ta relation t’aide aussi à être des bons parents. Il faut que tu sois une équipe, donc ça devient aussi une question de nécessité», a souligné Mme Paradis. Et même si le pourcentage de satisfaction diminue après trois ans, il demeure relativement élevé.
«Cette diminution-là me dit aussi qu’au début, quand le bébé arrive, on est content, on a un enfant, on partage une expérience ensemble», ce qui contribue à la satisfaction du couple, ajoute la professeure en psychologie.
L'étude dévoile également que 89 % des parents mentionnent avoir eu des activités sexuelles dans les six mois suivant la naissance de leur enfant, et que 94 % d'entre eux disent encore être en relation de couple avec l'autre parent trois ans après la naissance de leur enfant.
Même si plusieurs parents sont satisfaits de leur relation de couple peu après l'arrivée de leur enfant, cet événement engendre des difficultés chez certaines personnes.
«N’oublions pas quand même que c’est 8,5 % dans un échantillon comme ça, représentatif des parents du Québec, qui rapportent un seuil qui ressemble à de la dépression post-partum», a souligné Mme Godbout.
«Nos données, ce qu'elles vont nous montrer, c'est que ce n'est pas une condamnation à souffrir pour toujours, il y a des facteurs qui vont venir les protéger, dont la présence attentive», a-t-elle ajouté.
Les éléments qui permettent à un parent d'être plus heureux à l'arrivée d'un nouvel enfant ont aussi un aspect genré, a précisé la professeure en sexologie.
«Les papas, plus qu’ils donnent, qu’ils perçoivent donner du soutien à la maman, plus ils sont heureux et moins stressés dans leur rôle de papa. Alors que la maman, c’est plus qu’elle perçoit recevoir du soutien du papa qui est lié à une diminution de son stress parental», a expliqué Mme Godbout.
«Ce qu’on veut que les parents retiennent, c’est l’interaction. Tous les comportements de l’un influent sur l’autre. Et c’est ça la richesse de notre étude. Étudier un parent de façon isolée, sans étudier l’autre parent, il nous manque un gros bout de l’histoire», a-t-elle poursuivi.
D'autres facteurs davantage individuels peuvent avoir une influence sur la satisfaction conjugale. Le fait qu'une personne ait vécu plusieurs expériences difficiles dans sa vie, comme de la négligence et de la violence physique et/ou psychologique, est lié à son niveau de satisfaction au sein de son propre couple, a indiqué Mme Godbout.
«Plus que tu as l’impression que toi tu vaux la peine d’être aimé comme individu, et qu’on peut faire confiance à certaines personnes choisies (…) et plus qu’il y a un haut degré de satisfaction relationnelle», a-t-elle renchéri.
Les chercheuses ont également précisé que plus un couple est heureux et que les parents se portent bien, plus que leur enfant rapporte du bien-être.
«On va voir moins de problèmes d’anxiété chez l’enfant, moins de problèmes de santé mentale, moins de problèmes de comportement», a détaillé Mme Paradis.
Et une relation de couple satisfaisante a aussi un effet positif sur plusieurs aspects de la vie des membres du couple.
«On le sait, la relation de couple, la relation conjugale, c’est l'une des relations les plus importantes qu’un adulte va avoir dans sa vie. Puis le fait d’avoir une relation qui est satisfaisante, on se le fait répéter souvent, c’est un des éléments qui va être le plus déterminant du bonheur et du bien-être aussi physique et psychologique que les gens vont avoir dans leur vie adulte», a indiqué Mme Paradis.
«Les couples parentaux sont des couples pour toujours, parce que même s’ils se séparent un jour, ils resteront un couple parental. Donc c’est très intéressant de suivre ces gens-là dans le temps», a dit Mme Godbout.
«Nos données, ce qu'elles nous ont montré, c’est que non seulement on confirme cet adage comme quoi la relation de couple semble être un déterminant majeur du bien-être de chacun des individus, mais, plus que ça, ce qu’on confirme (...) c’est qu’un couple heureux favorise des parents heureux, ce qui en retour favorise des enfants heureux», a résumé la professeure en sexologie.