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Bien que le réseau de la santé soit sur la corde raide depuis plusieurs mois et que le niveau de délestage compromette le maintien des soins et services essentiels, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) met en doute la décision du gouvernement, sur le travail du personnel en santé malgré un test positif à la COVID-19, faute d’accès élargi notamment aux masques N95.
C’est ainsi qu’a réagi la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, à l'annonce du ministre de la Santé, Christian Dubé, sur la levée des mesures d'isolement pour le personnel soignant.
Les mesures d'encadrement et les protocoles de réintroduction du personnel COVID positif, mais asymptomatique, demeurent encore très vagues, selon le syndicat. Surtout, elles ne tiendraient compte ni de l'organisation du travail, ni de la réalité environnementale et organisationnelle, ce que déplorent les Fédérations. Dans ces conditions, la levée des mesures d'isolement risque d’amplifier les risques de contamination et d'éclosions en milieu de soins.
Par ailleurs, la FIQ et la FIQP insistent pour que le ministère de la Santé facilite le dépistage en milieu de travail et limite au strict minimum le déplacement du personnel.
«Nos membres sont au front depuis des mois et elles sont à même de témoigner à quel point la situation est critique sur le terrain. Cependant, pour qu'elles continuent d'être mobilisées, le gouvernement doit être cohérent dans les mesures qu'il prend. Comment peut-on les autoriser à donner des soins de proximité d'un côté malgré qu'elles soient COVID positives, mais qu'elles ne puissent pas se rendre à la pharmacie?» s’interroge Julie Bouchard.
La FIQ et la FIQP comptent plus de 76 000 membres infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec.
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) estime que «ramener du personnel infecté asymptomatique dans le réseau est trop risqué». Le syndicat dit, dans un communiqué, avoir interpellé mardi la CNESST concernant ses inquiétudes.
La FSSS-CSN demande au gouvernement d'implanter certaines mesures pour protéger les travailleurs telles que le dépistage du personnel dans les établissements, pour stabiliser les équipes, pour fournir les uniformes et pour miser sur la ventilation dans les établissements.
La Fédération de la santé du Québec réclame aussi un accès à tous les équipements de protection individuelle, notamment les masques N95, au personnel des établissements concernés.
«On est quand même inquiet parce qu'on sait que les travailleurs de la santé ont été une source de propagation du virus lors de la première vague particulièrement», a affirmé la présidente Isabelle Dumaine.
Sur Twitter, M. Dubé a répondu aux commentaires de la FIQ, disant être «toujours à l'écoute pour reprendre (leurs) solutions». «Nous devons gérer le risque ensemble», a-t-il écrit.
.@FIQSante Nous avons tous la responsabilité de supporter les infirmières sur le terrain et de donner des soins aux patients vulnérables.
— Christian Dubé (@cdube_sante) December 28, 2021
Nous devons gérer le risque ensemble. Je serai toujours à l’écoute pour reprendre vos solutions. https://t.co/m0S2t8fO3R
Le porte-parole en matière de santé au Parti québécois, Joël Arseneau, a soutenu que la nouvelle suscite «plus de questions que de réponses», entre autres sur l'accessibilité des masques N95, sur les protocoles entourant la mobilité du personnel ainsi que l'accès aux aires communes.
«Les travailleurs de la santé positifs à la COVID ne doivent pas devenir des vecteurs de transmission pour leurs collègues ou les patients. (...) La population et le réseau de la santé attendent des directives claires», a-t-il indiqué dans une déclaration envoyée par courriel.
Dans un communiqué publié en début de soirée, l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) s'est également dit très préoccupée.
«La très vaste majorité de nos membres sont en contact direct avec la population et, dans bien des cas, ne peuvent maintenir la distanciation nécessaire pour éviter la contamination des usagers. La propagation au sein de la population ne sera qu'amplifiée», a déclaré le président de l'APTS, Robert Comeau.
De son côté, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) appuie l'annonce de Christian Dubé.
«Les patients doivent recevoir les soins appropriés en temps de crise' a indiqué la fédération de médecins sur les réseaux sociaux, ajoutant qu'il faudra ''un encadrement strict et bien balisé''».
«Serrons-nous les coudes pour soigner la population'» a jouté la (FMSQ).
L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), quant à elle, soutient les nouvelles mesures du gouvernement.
«L'AQPP supporte l'objectif derrière ces mesures et restera à l'affut des conditions et des modalités qui seront dévoilées par le gouvernement au cours des prochains jours afin de collaborer à leur application en pharmacie», a indiqué l'association dans un communiqué.