La légende de la pop Marianne Faithfull s'éteint à 78 ans

Faithfull est décédée jeudi à Londres, a annoncé sa société de promotion musicale, Republic Media. 

«C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de la chanteuse, autrice-compositrice et actrice Marianne Faithfull, a déclaré un porte-parole de la société dans un communiqué. Marianne est décédée paisiblement à Londres aujourd'hui, en compagnie de sa famille aimante. Elle nous manquera énormément.»

La blonde et voluptueuse Faithfull était une célébrité avant d'avoir 17 ans, sans domicile fixe au milieu de la vingtaine et une source d'inspiration pour ses pairs et les artistes plus jeunes durant sa trentaine, lorsque son album brut et explicite «Broken English» lui a valu le genre de critiques reçues par les Stones. Au cours des décennies suivantes, ses admirateurs incluraient Beck, Billy Corgan, Nick Cave et PJ Harvey, bien que son histoire soit toujours étroitement liée aux Stones et aux années où elle a fréquenté Mick Jagger. 

Elle et Jagger ont commencé à se fréquenter en 1966 et sont devenus l'un des couples les plus glamour et les plus célèbres du «Swinging London», Faithfull déclarant un jour que, si le LSD «n'était pas censé exister, il n'aurait pas été inventé». Leur rejet des valeurs conventionnelles a été largement associé, en 1967, à l'épisode de Jagger et Richards se retrouvant brièvement en prison, et Faithfull identifiée dans les tabloïds comme une «fille nue à la fête des Stones», une étiquette qu’elle trouvait humiliante et dont elle fut incapable de se défaire.

Muse et collaboratrice

Faithfull a contribué à inspirer des chansons des Stones, telles que le doux hommage «She Smiled Sweetly» et la lascive «Let’s Spend the Night Together». C'est Faithfull qui a prêté à Jagger le roman russe «Le Maître et Marguerite» qui a servi de base à «Sympathy for the Devil» et qui a enregistré et contribué aux paroles de la terrible chanson des Stones «Sister Morphine», notamment la première phrase, «Here I lie in my hospital bed». 

La consommation de drogue de Faithfull a contribué à façonner des interprétations blasées de la scène rock londonienne, telles que «You Can't Always Get What You Want» et «Live with Me», tandis que son passage avec Jagger a également coïncidé avec l'une de ses chansons d'amour les plus vulnérables, «Wild Horses». 

Seule, Faithfull, née à Londres, s'est d'abord spécialisée dans les ballades distinguées, parmi lesquelles «Come Stay With Me», «Summer Nights» et «This Little Bird». Mais même à l'adolescence, Faithfull chantait d'une voix d'alto fragile qui suggérait des connaissances et des fardeaux bien au-delà de son âge. Sa voix allait plus tard se fissurer et s'épaissir, et sa vie et son travail après sa rupture avec Mick Jagger en 1970 ont été une période de retour en arrière et de poursuite de la douleur émotionnelle et physique. 

Elle était devenue accro à l’héroïne à la fin des années 1960, avait fait une fausse couche alors qu’elle était enceinte de sept mois et avait failli mourir d’une overdose de somnifères. 

Au début des années 70, Faithfull vivait dans les rues de Londres. Elle a également lutté contre l’anorexie et l’hépatite, a été traitée pour un cancer du sein, s’est cassé la hanche lors d’une chute et a été hospitalisée pour la COVID-19 en 2020.

Elle a tout partagé, sans censure, dans ses mémoires et dans sa musique, notamment «Broken English», sorti en 1979. Parmi ses autres albums, on compte «Dangerous Acquaintances», «Strange Weather» et, plus récemment, «She Walks in Beauty». 

Ses intérêts s'étendaient au théâtre, au cinéma et à la télévision. Faithfull a commencé à jouer dans les années 1960, notamment une apparition dans «Made In U.S.A.» de Jean-Luc Godard et des rôles sur scène dans «Hamlet» et «Les trois soeurs» de Tchekhov. Elle apparaîtra plus tard dans des films tels que «Marie Antoinette» et «The Girl from Nagasaki», ainsi que dans la série télévisée «Absolutely Fabulous», dans laquelle elle a été choisie pour incarner Dieu (et n'a pas hésité à le faire).