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Cette fonderie émet des quantités élevées d'arsenic, bien plus élevées que la norme québécoise, et cela pose des risques pour la population de Rouyn-Noranda.
Le chef caquiste François Legault n'écarte pas un référendum à Rouyn-Noranda sur la fermeture ou non de la controversée fonderie Horne, qui émet 30 fois plus d'arsenic dans l'air que la norme québécoise.
La Direction de la santé publique reconnaît que cela pose un «risque pour la santé». Toutefois, appliquer maintenant la norme québécoise signifie la fermeture de l'usine, a menacé M. Legault.
Toutefois, appliquer maintenant la norme québécoise signifie la fermeture de l'usine, a menacé M. Legault, qui a ouvert la porte à l'indemnisation des travailleurs, ainsi que des habitants voisins des installations, en cas d'expropriation.
En campagne jeudi dans cette circonscription qu'il veut ravir à Québec solidaire (QS), le premier ministre sortant a été accueilli par des manifestants qui réclament l'application de la norme québécoise au nom de la santé publique.
Une citoyenne l'a accusé de laisser les Rouynorandiens choisir entre leurs poumons et leur travail, comme un maire de l'endroit en 1970.
«(Le maire affirmait) vaut mieux mourir à petit feu que mourir de faim et 52 ans après, M. Legault est en train de nous dire la même chose!» a déploré Martha Saenz de la Calzada.
La fonderie de la multinationale Glencore, qui emploie 650 personnes, émet 87 nanogrammes (ng) par mètre cube, ce qui est bien plus élevé que la norme québécoise de 3 ng. Le plan proposé par l'entreprise est de réduire les émissions à 15 ng par mètre cube d'ici à cinq ans.
Ce plan «ne permet pas de croire que la santé de gens de Rouyn-Noranda, des femmes enceintes, des bébés, sera protégée durant les cinq prochaines années», a déclaré en mêlée de presse le Dr Frédéric Bonin, du groupe Impact (Initiative médicale pour une action contre la toxicité environnementale).
Selon la Santé publique, le seuil 15 ng constitue une «cible intermédiaire» acceptable seulement si d'autres concentrations de contaminants (plomb, cadmium) sont réduites, a-t-il relevé.
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Ce sera aux élus de décider de la forme de la consultation, a dit M. Legault en conférence de presse après avoir rencontré le conseil municipal.
«C'est ça qu'on voit, j'ai proposé à la mairesse (Diane Dallaire) de revenir avec certains scénarios de consultation, a-t-il déclaré. On n'écarte rien.»
«Ça me semble très étrange», depuis quand les gens doivent déterminer les normes pour protéger la population ou la vitesse sur la route? a répliqué le Dr Bonin.
«M. Legault a toujours dit qu'il allait prendre une décision politique pour le troisième lien, moi, je ne peux pas croire que M. Legault n'est pas capable de prendre une décision politique pour la protection de la santé des citoyens», a-t-il dit en mêlée de presse.
«À Rouyn-Noranda, un citoyen vaut autant qu'un citoyen ailleurs au Québec.»
Le chef caquiste n'a pas donné d'échéancier clair pour arriver à une décision. Or il y a un compte à rebours: une autorisation avait été délivrée pour émettre jusqu'à 100 nanogrammes d'arsenic par mètre cube et elle vient à échéance en novembre.
Il a laissé entendre que le plan de réduction reste à négocier avec Glencore.
«Zéro risque, ce n'est pas nécessairement ce qui est visé.» - François Legault
«Ça n'a pas d'allure de dire qu'il n'y a même pas d'échéancier», a condamné le chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui propose d'atteindre la norme de 3 ng dans quatre ans.
«Quel manque de leadership de François Legault», a-t-il poursuivi, en exigeant que le gouvernement fasse respecter les règles de santé publique.
«Si la majorité de la population veut fermer l'usine, on va fermer l'usine», a lancé M. Legault au cours d'une entrevue plutôt corsée en matinée à la radio de Radio-Canada.
«La décision sera prise par la population, pas par M. Chabot (l'animateur), pas par des médecins, pas par un groupe de pression. Il faut leur dire la vérité (aux citoyens).»
Le chef caquiste a «l'audace de faire porter l'odieux aux gens de Rouyn-Noranda», s'est indigné M. Nadeau-Dubois.
«Il leur dit: ''on va vous faire voter pour savoir si vous voulez fermer l'entreprise''. C'est pas ça, le débat!»
«Ce que vous avez entendu aujourd'hui, c'est François Legault qui n'aime pas être critiqué, qui n'aime pas être contesté, qui n'écoute pas la science, qui divise», a martelé la cheffe libérale Dominique Anglade, en point de presse à Brossard.
«On représente la très vaste majorité des médecins ici, on n'est pas un groupe de pression», a argué pour sa part le Dr Bonin.
«Il faut arrêter d'essayer de tordre les données, a dit M. Legault à la radio. À 15 nanogrammes (par mètre cube), la santé publique dit que les risques sont minimes. C'est un niveau acceptable.»
L'arsenic peut entraîner des retards de croissance et dans le quotient intellectuel, ainsi que des troubles neurodéveloppementaux, a indiqué le Dr Bonin.
Le chef caquiste a repris l'argument de l'entreprise voulant qu'elle ne pourrait atteindre techniquement la norme québécoise.
Or Glencore pourrait réduire des deux tiers ses émissions actuelles d'arsenic seulement en modifiant 5 % de ses intrants, c'est-à-dire les produits qu'elle utilise dans son procédé, a soulevé le médecin.
Si elle forme le prochain gouvernement, Dominique Anglade a dit qu'elle ferait tout en son possible pour atteindre la norme de 3 ng par mètre cube, en consultant «l'ensemble des collaborateurs», parce que «c'est une norme pour tout le Québec».