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«Il représente tout ce que le Canada n'est pas», souligne Mahyar Etminan, un ophtalmologue épidémiologique de l'Université de la Colombie-Britannique.
Un groupe de médecins canadiens ayant des racines en Iran condamne une organisation établie à Montréal qui veut remettre un prix à un médecin de Téhéran qu'ils accusent d'avoir diffusé de la fausse information sur la COVID-19 et de soutenir les politiques sexistes du régime.
La Société internationale d'urologie a invité le Dr Nasser Simforoosh à Montréal à l'occasion de son congrès pour lui remettre le 10 novembre un prix honorifique.
«Il représente tout ce que le Canada n'est pas», souligne Mahyar Etminan, un ophtalmologue épidémiologique de l'Université de la Colombie-Britannique.
Le Dr Simforoosh, qui a étudié aux États-Unis, dirige le département d'urologie du centre médical Shahid Labbafinejad de Téhéran.
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Au début de 2021, il a signé une lettre ouverte exhortant le régime iranien d'interdire l'importation de vaccins à ARNm, comme le Pfizer et le Moderna. Il soutenait que la science occidentale était inférieure. Il décriait les motifs des Américains pour fournir ces doses tout en faisant état des fausses allégations de modifications génétiques.
Le régime a interdit ces vaccins peu de temps après. Selon le groupe de médecins, cette décision a contribué au taux de mortalité élevé attribuable à la COVID-19 en Iran.
Le Dr Etminan dit que la lettre du Dr Simforoosh équivalait à «vouloir empêcher un traitement pouvant sauver des vies pendant une période de grande mortalité, notamment parmi ses propres collègues en Iran».
D'autres ayant étudié avec le Pr Simforoosh l'accuse de s'être donné beaucoup de mal pour séparer les interactions médecin-patient selon des critères de genre.
Or, si le régime sépare les hommes des femmes dans plusieurs situations, il laisse les médecins traiter des hommes et des femmes, plus particulièrement dans des régions isolées.
«C'est un double standard: si un médecin comme le Dr Simforoosh travaillait au Canada, il aurait été congédié de tous les établissements de santé qui l'auraient employé», souligne la Dre Katayoun Rahnavardi, une médecin généraliste de Vancouver.
«Et là, on lui donne un prix. Cela ne nous apparaît pas juste.»
Le Dr Simforoosh n'a pas répondu à une demande d'entrevue.
La Société internationale d'urologie refuse de dire si le récipiendaire se déplacera à Montréal pour recevoir le prix. Il n'expliquera pas non plus comment elle fait la sélection.
«La Société internationale d'urologie a reçu de nombreux courriels et d'autres communications faisant des allégations contre le Dr Simforoosh. Même si ces allégations ne sont pas fondées, la SIU les prend au sérieux», peut-on lire dans un courriel anonyme.
L'organisation reconnaît ne pas avoir annoncé en avance le récipiendaire de son prix en 2022, mais dit avoir choisi le Dr Simforoosh «pour ses réalisations médicales». Elle ne peut dire si ces allégations contre lui sont vraies.
«Notre organisation est en train de faire les vérifications appropriées», ajoute le courriel.
Six médecins ont tenté de convaincre la SIU d'annuler le prix. Ils ont lancé une pétition en ligne et envoyé une lettre à la ministre fédérale des Affaires étrangères Mélanie Joly. On ne leur a pas encore répondu.
«J'ai l'impression de ne pas être pris au sérieux. Personne n'a pris le temps d'examiner ce que nous disions», lance la Dre Rahnavardi.
Le cabinet de Mme Joly et Affaires mondiales Canada n'ont pas commenté. Le ministère de l'Immigration refuse de dire si le Dr Simforoosh a reçu un visa.
Hamidreza Abdi, un professeur d'urologie à l'Université Western, a été formé par lui. Il se souvient d'un excellent médecin dont les opinions sont rétrogrades.
«Je me suis échappé d'Iran à cause de personnes comme lui, dit-il. Ce n'est pas le bon moment pour lui remettre un prix alors que des femmes iraniennes manifestent pour défendre les droits auxquels il s'oppose.»