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Le taux de détresse psychologique chez les pères montréalais serait 30% plus élevé que dans l’ensemble du Québec selon les résultats d'un vaste sondage sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité dévoilé par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL) et le Comité régional en santé et bien-être des hommes de l’Île de Montréal.
Les données de l'enquête réalisée en mars dernier par SOM pour le compte du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP) indiquent que 17 % des pères montréalais présenteraient un indice de détresse psychologique élevé, alors que la moyenne pour l’ensemble du Québec se situe à 13 %.
Des données préoccupantes alors que se déroule le Colloque régional montréalais sur la santé et le bien-être des hommes.
L’analyse du sondage sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité fait par ailleurs état de plusieurs conditions préoccupantes chez les pères habitant l’île de Montréal.
Dans le rapport, il est question non seulement de détresse psychologique plus élevée, mais aussi de résilience plus faible, de davantage de violence subie dans l'enfance, de relations coparentales plus insatisfaisantes, de confiance moins élevée envers les aptitudes parentales et d'un plus grand éloignement des ressources d'aide psychosociale.
Pour ce dernier point, précisions que l'étude démontre que dans l’ensemble du Québec, trois pères sur quatre (75 %) indiquent qu’ils sauraient où se tourner pour demander de l’aide en cas de problème personnel, alors qu’à Montréal, cette proportion n’atteint que deux sur trois (65 %).
Sondage sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité. Le fait d’avoir subi de la violence dans l’enfance – Les pères montréalais seraient plus nombreux que l’ensemble des pères québécois à avoir expérimenté les formes de violence les plus graves dans l’enfance.
Sondage sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité. Une relation coparentale insatisfaisante – 18 % des pères montréalais se sont dit insatisfaits de leur relation coparentale en général, comparativement à 13 % de l’ensemble des pères québécois.
Autre mesure révélant une vulnérabilité importante selon le sondage, le fait d’avoir eu des idées suicidaires au cours de la dernière année touche un père montréalais sur dix, une proportion qui est aussi légèrement supérieur à celle mesurée chez l’ensemble des pères québécois (7 %). Chez les pères présentant un indice de détresse psychologique élevé, la proportion triple pour atteindre 30%.
Un point positif émerge tout de même du rapport : les pères montréalais bénéficieraient d’un accès plus grand au soutien de leur entourage dans l’exercice de leurs responsabilités familiales.
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Les chercheurs et les intervenants oeuvrant autour du bien-être des hommes estiment que cette étude «soulève toute l’importance de mettre en place des stratégies ciblées pour joindre ces pères montréalais afin de les rapprocher des réseaux de services, mais également pour agir de manière plus précoce sur certains facteurs associés à une plus grande vulnérabilité.»
Le gouvernement du Québec aurait sur la table un plan d’action révisé pour le bien-être et la santé des hommes, un plan qui pourrait être déployé pour 2024.
Le travail mené au quotidien par différents intervenants pour sensibiliser les hommes, et particulièrement les pères dans le cas qui nous préoccupe, porte aussi ses fruits.
«La réalité des pères d’autrefois et celle des pères d’aujourd’hui a certainement changé, notamment sur le fait d’avoir des émotions, mais dans les différentes générations, il demeure très difficile pour un homme d’admettre qu’il a besoin d’aide. C’est lié à la conception de ce qu’est un homme : fort. Mais, on chemine, on accepte de plus en plus de dire "ça ne marche pas"», explique le professeur et chercheur Carl Lacharité (UQTR) qui a participé à l'analyse du sondage.
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L'analyse des résultats du sondage sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité met en lumière qu'une partie de l'explication à plus forte présence de détresse psychologique chez les pères montréalais «pourrait tenir dans les caractéristiques particulières de la population montréalaise.»
En effet, l’étude démontre que certaines caractéristiques des pères sont associées à une propension plus élevée à vivre de la détresse psychologique. C’est le cas, au premier chef, des pères ayant un faible revenu (moins de 35 000 $), pour qui la détresse psychologique passe du simple au double dans l’ensemble de la population. C’est le cas aussi des pères sans emploi, des pères ayant subi une séparation récente, des pères anglophones, des pères allophones, des pères célibataires. «Toutes des réalités qui sont davantage présentes sur le territoire montréalais», selon l'étude.
«Il semble plus difficile pour les pères montréalais de créer des liens utiles dans l’exercice de leur rôle de père, pas seulement avec la mère, mais avec des proches ou des intervenants du milieu de la santé ou de l’éducation par exemple. Les opportunités de relations sociales et de liens sociaux sur l’île de Montréal sont aussi plus particulières», préciseCarl Lacharité.
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Méthodologie
À la demande du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP), un sondage SOM portant sur la vulnérabilité dans le contexte de la paternité a été réalisé auprès de 2 119 pères québécois entre le 1 er et le 11 mars 2022. Dans le cadre d’un partenariat avec le Regroupement des Organismes pour Hommes de l’île de Montréal (ROHIM), une analyse a été effectuée à partir d’un sous-échantillon de 423 répondants habitant l’île de Montréal. Les personnes ciblées pour participer à cette étude étaient les pères québécois ayant au moins un enfant de moins de 18 ans et qui s’identifiaient à ce rôle parental.