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Un tribunal roumain de haut rang a annulé vendredi le premier tour de l'élection présidentielle du pays, quelques jours après des allégations selon lesquelles la Russie a mené une campagne coordonnée en ligne pour promouvoir le parti d'extrême droite démocrate qui a remporté le premier tour.
La décision sans précédent de la Cour constitutionnelle — qui est définitive — est intervenue après que le président Klaus Iohannis a déclassifié mercredi des renseignements selon lesquels la Russie aurait mené une vaste campagne comprenant des milliers de comptes de médias sociaux pour promouvoir Calin Georgescu sur des plateformes telles que TikTok et Telegram.
Les dossiers de renseignement provenaient du Service de renseignement roumain, du Service de renseignement extérieur, du Service spécial des télécommunications et du ministère de l'Intérieur.
Bien qu'il soit un marginal et qu'il a déclaré n'avoir dépensé aucune somme pour sa campagne, Calin Georgescu est apparu comme le favori le 24 novembre. Il devait affronter la réformiste Elena Lasconi du parti Union sauvez la Roumanie lors d'un second tour dimanche.
Une nouvelle date sera désormais fixée pour recommencer le vote à partir de zéro. Vendredi, 951 bureaux de vote avaient déjà ouvert à l'étranger pour le second tour des élections pour la grande diaspora roumaine, mais ont dû être bloqués.
Mme Lasconi a fermement condamné la décision du tribunal, la qualifiant d'«illégale, immorale et qui écrase l'essence même de la démocratie».
«Nous aurions dû aller de l'avant avec le vote. Nous aurions dû respecter la volonté du peuple roumain. Que cela nous plaise ou non, d'un point de vue légal et légitime, neuf millions de citoyens roumains, tant dans le pays que dans la diaspora, ont exprimé leur préférence pour un candidat particulier par leur vote. Nous ne pouvons pas ignorer leur volonté !», a-t-elle déclaré.
«Je sais que j'aurais gagné. Et je gagnerai parce que le peuple roumain sait que je me battrai pour lui, que je l'unirai pour une meilleure Roumanie, a-t-elle ajouté. Je défendrai notre démocratie. Je n'abandonnerai pas.»
Elle a dit que la question de l’ingérence russe aurait dû être abordée après la fin des élections. Quelque 9,4 millions de personnes — soit environ 52,5 % des électeurs éligibles — ont voté au premier tour.
Le premier ministre Marcel Ciolacu a déclaré dans un communiqué que l’annulation était «la seule solution correcte» après la diffusion des informations des services de renseignement qui ont révélé que «le vote du peuple roumain avait été faussé de manière flagrante en raison de l’ingérence russe».
«Les élections présidentielles doivent avoir lieu à nouveau, a-t-il soutenu dans une publication sur Facebook. Dans le même temps, les autorités doivent enquêter sur les responsables de la tentative massive d’influencer le résultat de l’élection présidentielle.»
La semaine dernière, le même tribunal a ordonné un recomptage des voix au premier tour, ce qui a contribué à alimenter les nombreuses controverses qui ont englouti un cycle électoral chaotique. Après un recomptage, le tribunal a ensuite validé les résultats du premier tour lundi.
De nombreux observateurs ont exprimé leur inquiétude quant au fait que l'annulation du vote pourrait déclencher des troubles civils.
George Simion, le chef de file de l'Alliance pour l'unité des Roumains (extrême droite), a déclaré que cette situation était un «coup d'État en plein essor», mais a exhorté les citoyens à ne pas descendre dans la rue. «Nous ne nous laissons pas provoquer, ce système doit tomber démocratiquement», a-t-il affirmé.