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« À vous tous qui participez aux manifestations, je crois que le temps est venu pour vous de retirer les barricades, d’arrêter les actions perturbatrices et de se rassembler ».
Après 14 jours d’occupation bruyante des rues du centre-ville d’Ottawa et la fermeture depuis le début de la semaine du pont Ambassador, un lien commercial stratégique entre l’Ontario et le Michigan, les conservateurs ont changé de discours et demandent désormais aux manifestants contre les mesures sanitaires de plier bagage.
« À vous tous qui participez aux manifestations, je crois que le temps est venu pour vous de retirer les barricades, d’arrêter les actions perturbatrices et de se rassembler », a déclaré en anglais la cheffe conservatrice par intérim, Candice Bergen, jeudi à la Chambre des communes.
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Les agriculteurs, les manufacturiers, les petites entreprises et les familles « souffrent », a-t-elle déclaré, estimant ne pas croire que c’est ce qu’ils souhaitent. Leur message, réclamant de « retrouver » leur liberté, « a été entendu ».
Jusqu’à ce jour, Mme Bergen affirmait que son parti demandait aux manifestants de demeurer pacifiques et au premier ministre Justin Trudeau de les écouter, allant jusqu’à les qualifier de « patriotes ».
Plus tard, à la période des questions, Mme Bergen a estimé que « l’impasse » qui dure depuis des semaines est attribuable aux « échecs » du premier ministre.
M. Trudeau a sauté sur l’occasion pour reprocher aux conservateurs d’avoir « passé les deux dernières semaines à approuver et à encourager ces barrages érigés à travers le pays ».
« La cheffe du Parti conservateur et son équipe ont été les plus ardents porte-parole allant jusqu’à promouvoir le financement de ces barricades », a-t-il déclaré.
Selon les conservateurs, le premier ministre Trudeau « s’entête » à refuser de « présenter un plan de réouverture » contrairement à ce que font « tous les autres » ordres de gouvernement au pays.
Ils s’expliquent mal à quel moment les mesures sanitaires seront levées alors que près de 90 % des Canadiens ont reçu au moins une dose de vaccin.
« Est-il en train de dire qu’il ne fera rien tant que 100 % des Canadiens seront vaccinés ? », lui a lancé Mme Bergen. « Même ses propres députés libéraux sont d’accord », a-t-elle ajouté, faisant référence aux dissidences des députés libéraux du Québec Joel Lightbound et Yves Robillard.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réitéré sa demande que M. Trudeau convoque à une « rencontre d’urgence » les autres chefs de partis fédéraux, « compte tenu de développements inquiétants » sur l’impasse qui perdure, à plusieurs endroits au pays, entourant les convois de camionneurs et leurs sympathisants.
Il a affirmé joindre sa voix à celle de Candice Bergen, leader intérimaire du Parti conservateur du Canada, qui a elle aussi réclamé une rencontre entre chefs de parti.
Le Nouveau Parti démocratique n’a pas formellement réclamé de réunion, mais y participerait s’il y est invité. Son chef Jagmeet Singh estime cependant qu’il veut « de l’action, pas des réunions ».
En Chambre, M. Singh a reproché au gouvernement de se « cacher » derrière un débat de juridictions et de ne pas « régler le problème ». Son intervention a été si chaudement applaudie que le président a dû se lever pour appeler les députés à l’ordre.
Le premier ministre Trudeau a offert à M. Blanchet « un breffage pour qu’il soit mis au jour », mais n’est pas allé jusqu’à proposer que la rencontre se tienne avec les autres chefs de partis.
Dans une lettre envoyée au premier ministre Trudeau, lundi, Mme Bergen indiquait qu’elle veut « discuter des façons d’apaiser les manifestations, de calmer la situation et de trouver des solutions qui permettront aux citoyens d’Ottawa de reprendre leur vie et leurs activités normales ».
Elle souhaite, pour sa part, une levée des restrictions sanitaires. À ce sujet, elle a présenté une motion réclamant que le gouvernement présente un plan en ce sens d’ici le 28 février. Le vote sur cette motion de l’opposition officielle devrait survenir lundi prochain aux Communes.
La gouverneure du Michigan demande au Canada de mettre fin à la manifestation contre les mesures sanitaires qui bloque toujours jeudi la circulation en provenance des États-Unis au pont Ambassador.
La gouverneure Gretchen Whitmer a déclaré jeudi que la manifestation nuisait aux « familles de travailleurs du Michigan qui essaient seulement de faire leur travail ». Mme Whitmer estime que les gouvernements locaux, provinciaux et nationaux doivent « désamorcer ce blocus économique ».
La police du côté canadien affirmait jeudi matin que la circulation vers les États-Unis était possible, mais très lente. On conseillait aux automobilistes d’éviter les voies d’accès au pont en raison de la manifestation qui se poursuivait jeudi.
La manifestation du côté canadien de ce pont qui relie Windsor et Detroit a commencé lundi dernier. Le pont est considéré comme le passage frontalier terrestre commercial international le plus achalandé en Amérique du Nord. Un homme a été arrêté mercredi pour conduite dangereuse.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que lui et son homologue de l’Ontario, Doug Ford, s’efforçaient de maîtriser la situation à Windsor et à Ottawa, où une manifestation similaire s’éternise depuis près de deux semaines.
Le constructeur automobile Ford du Canada exploite ses usines d’Oakville et de Windsor à capacité réduite, jeudi, affirmant que la perturbation du pont pourrait avoir un impact généralisé sur les constructeurs automobiles des deux côtés de la frontière.
Pendant ce temps, le constructeur automobile Stellantis affirme que ses usines américaines et canadiennes ont réduit les deuxièmes quarts de travail mercredi soir, en raison de pénuries de pièces causées par la fermeture du pont.
Les constructeurs automobiles au Canada ont réduit leur production et se préparent pour de nouvelles perturbations alors que les blocus de camionneurs à la frontière américaine accentuent les problèmes d’approvisionnement de pièces pour l’ensemble de l’industrie.
Les retards de livraison se répercutent sur l’économie avec les manifestations en cours contre les mesures restrictives liées à la COVID-19, qui ont notamment paralysé le trafic à destination du Canada sur le pont Ambassador reliant Detroit et Windsor, en Ontario.
Les usines de Ford Canada à Oakville et Windsor, en Ontario, tournent à capacité réduite, tandis que Toyota Motor Manufacturing Canada affirme que ses trois lignes ont été touchées.
Les installations de Stellantis, constructeur de véhicules Chrysler et Dodge, et celles de Honda Canada sont opérationnelles, mais leur capacité de fabrication a été réduite mercredi, en raison des retards à la frontière.
Les arrêts de production temporaires surviennent alors que les constructeurs automobiles sont aux prises avec d’autres défis liés à la chaîne d’approvisionnement, notamment une pénurie de semi-conducteurs qui a entravé le marché des véhicules neufs.