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Plusieurs professionnels de la santé hésitent à utiliser ce médicament en raison d’un risque potentiel de «sevrage précipité.»
La buprénorphine peut être utilisée de manière sécuritaire pour traiter le trouble lié à l’utilisation d’opioïdes, démontrent les travaux d'une équipe de recherche de l’Université d’Ottawa.
Plusieurs professionnels de la santé hésitent à utiliser ce médicament en raison d’un risque potentiel de «sevrage précipité», un syndrome où la première dose cause des douleurs soudaines et intenses ainsi que de l’anxiété.
Bien qu’elle soit à la disposition de la population canadienne, la buprénorphine serait prescrite à moins d’un pour cent de la patientèle pour cette raison.
Or, la revue systématique dirigée par la docteure Barbara Eagles, qui est professeure agrégée au département de médecine d’urgence de l’Université d’Ottawa, démontre que l’incidence de sevrage précipité chez les adultes ayant un trouble lié à la consommation d’opioïdes est faible à la première dose, et les symptômes légers.
«Il a été démontré dans de très nombreuses études différentes (que la buprénorphine) réduit l'utilisation globale des opioïdes et qu'elle réduit la mortalité associée aux opioïdes», a dit la docteure Caroline Gregory, une résidente en médecine d'urgence qui a participé à ces travaux.
«Mais la crainte de cette réaction très grave au médicament suffit à dissuader les gens de le prendre, et même aux prestataires de le prescrire.»
L’équipe a analysé vingt-six études sur le sevrage précipité par la buprénorphine, y compris cinq essais randomisés, tous menés entre 2002 et 2023 et portant sur un échantillon total de quelque 5000 patients. Vingt-deux des vingt-six études ont témoigné d'une incidence de sevrage précipité de 5 % ou moins.
S'il reste des éléments à améliorer, disent les chercheurs, notamment une définition normalisée du sevrage précipité, les études de plus haute qualité actuelles montrent systématiquement un faible taux de sevrage précipité, même pour la consommation de fentanyl.
«Notre étude souligne que le risque de sevrage précipité semble faible et ne devrait pas être un obstacle à l'instauration d'un traitement, écrivent les auteurs. Lorsqu'il se produit, il est généralement léger et, dans la plupart des cas, ne nécessite pas d'hospitalisation, bien que la gravité n'ait souvent pas été décrite.»
Le sevrage précipité n'est pas dangereux en soi, a dit la docteure Gregory. Toutefois, il pourra être tellement inconfortable que les patients pourront abandonner la médication et même recommencer à prendre des opioïdes pour se soulager.
En attendant des études de meilleure qualité, estime la chercheuse, les médecins et les patients ne devraient pas s’empêcher d’utiliser ce traitement «hautement efficace» pour le trouble lié à la consommation d’opioïdes, puisque les données démontrent pour le moment que les avantages de la buprénorphine sont supérieurs aux risques potentiels.
La crise des opioïdes qui déferle sur plusieurs pays, dont le Canada, est à l'origine d'innombrables visites aux urgences, de multiples admissions à l'hôpital et de dépenses énormes pour le système de santé, a rappelé la docteure Gregory.
«Il serait donc très important de disposer de médicaments utilisés de manière plus appropriée et plus fréquente dans cette population de patients, a-t-elle dit. Notre objectif principal est d'essayer d'augmenter l'utilisation de ce médicament qui a le potentiel de réduire les décès liés à l'utilisation d'opioïdes et d'économiser de l'argent pour les soins de santé. Nous voulons accroître l'adoption de ce médicament, à la fois par les fournisseurs et par les patients.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Addiction.
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