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L'installation de recyclage du carbone de Varennes devrait convertir annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets non recyclables en biocarburants, avec une capacité allant jusqu'à 130 millions de litres.
La Banque de l'infrastructure du Canada effectue son premier investissement dans les carburants à faible teneur en carbone en engageant 277 millions $ dans une installation de biocarburants en construction à Varennes.
L'installation, connue sous le nom de Recyclage carbone Varennes, coûtera au total 1,2 milliard $. Il s'agit d'un projet de coentreprise entre Shell, Suncor Énergie, la société suisse de gaz naturel Proman et le gouvernement du Québec.
Elle est construite par la montréalaise Enerkem, dont la technologie exclusive sera utilisée pour produire des biocarburants et des produits chimiques renouvelables à partir de matières résiduelles non recyclables et de biomasse forestière. L'usine intégrera également l'un des plus grands électrolyseurs au monde, qui divisera les molécules d'eau en oxygène et en hydrogène vert pour les utiliser dans son processus de fabrication de biocarburants.
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Le projet, qui a été annoncé pour la première fois en 2020, sera la plus grande installation de biocarburant au pays à son achèvement en 2025, a indiqué le président-directeur général de la Banque de l'infrastructure du Canada, Ehren Cory.
«Ce qui nous a attirés dans le projet, c'est son ampleur et son ambition, tout d'abord», a-t-il affirmé.
«Pour nous, à la BIC, il s'agit de notre premier investissement dans un domaine qui, je pense, a un énorme potentiel pour notre pays.»
L'intérêt pour les biocarburants a pris de l'importance récemment. Ces carburants dérivés de la biomasse renouvelable comme les déchets agricoles, les déchets alimentaires, ou même les algues, peuvent devenir un atout en cette période où les entreprises cherchent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
D'autres projets du genre prennent forme au pays. La Pétrolière Impériale prévoit notamment de construire un complexe de diesel renouvelable à sa raffinerie de Strathcona, près d'Edmonton, et Atco Energy compte exploiter une installation de gaz naturel renouvelable près de Vegreville, en Alberta.
Mais certains observateurs se sont aussi inquiétés de la possibilité que le Canada soit à la traîne par rapport à d'autres pays, particulièrement les États-Unis et certains pays européens, qui cherchent à promouvoir la croissance de leurs secteurs de carburants propres.
Récemment, Parkland Fuel, de Calgary, a annoncé qu'elle n'irait pas de l'avant avec son projet de construction d'un complexe autonome de diesel renouvelable dans sa raffinerie de Burnaby, en Colombie-Britannique, arguant que l'entreprise ne pouvait pas rivaliser avec les incitatifs financiers offerts aux États-Unis pour les installations de carburant renouvelable.
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Le chef de la direction d'Enerkem, Dominique Boies, a souligné que le risque de voir des investissements dans le carburant propre aller à des sociétés à l'extérieur du Canada était bien réel.
«La loi sur la réduction de l'inflation (aux États-Unis) est très ambitieuse. Elle prévoit des milliards de dollars pour attirer des investissements qui permettront la décarbonisation», a affirmé M. Boies.
«J'ai peur que nous prenions du retard, et qu'il soit très difficile de réaliser des projets au Canada. Les partenaires (d'Enerkem) sont des multinationales et ils peuvent décider où ils déploient leurs capitaux.»
Dans le budget fédéral de l'an dernier, la Banque de l'infrastructure du Canada, une société d'État fédérale, s'est vu confier le mandat d'inclure la production de carburants propres, le recours à la capture et au stockage de dioxyde de carbone et la production d'hydrogène dans ses domaines d'investissement existants en matière d'énergie propre et d'infrastructures vertes.
«Je ne pense pas que le secteur privé soit à la traîne ou réticent. Nous avons en fait constaté une tonne d'intérêt de la part d'acteurs du secteur privé, grands et petits, à travers le pays», a expliqué M. Cory.
«Le défi que nous voyons — et je pense que c'est pourquoi la Banque de l'infrastructure du Canada joue un rôle si important — est le niveau de risque et d'incertitude que ces projets comportent encore.»
M. Cory a noté qu'il existait également un risque de marché et une incertitude quant au type de clients qui paieront pour les carburants à faible émission de carbone, et à la manière dont les systèmes de tarification du carbone et les crédits carbones dans différentes juridictions influenceront ce marché.
«Nous savons tous à quoi ressemblera 2050, mais il y a beaucoup d'incertitude sur la façon de s'y rendre, a affirmé M. Cory. C'est là que nous pouvons aider.»
Il a ajouté que la BIC cherchait à financer jusqu'à 5 milliards $ de projets d'infrastructures vertes, ce qui devrait accélérer le déploiement de ces technologies en aidant les promoteurs du secteur privé à réduire leurs risques.
L'installation de recyclage du carbone de Varennes devrait convertir annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets non recyclables en biocarburants, avec une capacité allant jusqu'à 130 millions de litres.
Les promoteurs du projet affirment que l'installation réduira les émissions de gaz à effet de serre de plus de 170 000 tonnes par année, ce qui équivaut à retirer 50 000 véhicules de promenade de la circulation.