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Les Mohawks de Kahnawake, en banlieue de Montréal, ont voté en faveur de l'exhumation des restes d'un religieux qui aurait commis des agressions sexuelles.
Les Mohawks de Kahnawake, en banlieue de Montréal, ont voté en faveur de l'exhumation des restes d'un religieux qui aurait commis des agressions sexuelles.
Des habitants du territoire autochtone avaient affirmé, l'été dernier, que le père Léon Lajoie les avait agressés. Ils réclamaient que ses restes soient retirés du sol de la communauté.
«Je me sens soulagée. J'étais si ébranlée qu'on a dû me répéter trois fois que les gens avaient voté pour le retrait des restes, a déclaré une porte-parole du groupe qui réclamait l'exhumation, Mélissa Montour-Lazare. Je suis heureuse pour les victimes et leur souhaite bonne chance pour leur guérison. Elles peuvent se reposer l'esprit tranquille.»
Le Conseil mohawk de Kahnawake a annoncé samedi les résultats, affirmant que 420 personnes avaient participé au scrutin qui s'est déroulé vendredi et samedi. Deux cent vingt-trois personnes se sont prononcées pour cette mesure, 193 s'y sont opposées et deux votes ont été invalidés.
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Le père Lajoie, un jésuite affecté à Kahnawake de 1961 à 1990, y a été enterré en 1999. Ses restes seront transférés à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, dans un cimetière de l'ordre religieux.
Le conseil avait accepté de consulter la population au sujet de l'exhumation, car les anciens élus avaient accepté d'enterrer le père Lajoie à Kahnawake sans lui demander son avis. Un non-Autochtone n'a pas le droit à être enterré sur le territoire de la Première Nation, mais une exception avait été faite à cause des liens du religieux avec la communauté.
Mme Montour-Lazare dit que le vote a divisé la communauté aux dépens des victimes.
«Cela a placé les traditionalistes, qui ne votent pas habituellement, dans une mauvaise situation. Ils ont été mis le dos au mur.»
Le vote s'est déroulé après qu'une enquête indépendante mandatée par les jésuites n'eut pas permis de découvrir des preuves formelles d'agressions, selon le rapport publié le 28 février.
La firme d'investigation King International Advisory Group a examiné des documents d'archives et mené 20 interviews de novembre 2021 à février 2022 avec des personnes «ayant des renseignements pertinents». Selon son rapport, trois victimes potentielles ont été identifiées, mais seulement deux ont accepté de témoigner.
Son fondateur Brian King a dit qu'il s'attendait à ce que plus de témoignages, car des médias avaient fait état de 20 victimes.
«Elles ont parlé aux médias, alors pourquoi ne nous ont-elles pas parlé? Quand j'enquête sur une cause où on compte 20 prétendues victimes, il y en a un certain nombre qui va venir témoigner.»
Toutefois, le rapport signale qu'il peut avoir plusieurs raisons pour lesquelles des victimes auraient choisi de ne pas témoigner.
Mme Montour-Lazare a dénoncé le rapport.
«Il est abaissant, il est trompeur et très blessant, a-t-elle lancé. C'est l'exemple des raisons pour lesquelles les gens ne témoignent pas. Il est déjà difficile de dire qu'on est une victime. On ne peut pas précipiter quelque chose comme ça. On ne peut pas obliger quelqu'un de faire une déclaration.»
Elle a refusé de préciser le nombre de victimes qui faisaient partie de son groupe, mais elles n'ont pas toute identifié le père Lajoie comme étant leur bourreau.
«Certains ont parlé de quelqu'un qui visitait parfois la paroisse.»
L'enquête a toute de même conclu qu'une des plaignantes avait été la victime «d'une grave agression sexuelle à la mission Saint-François-Xavier entre 1976 et 1979».
Le conseil a refusé de commenter les résultats de l'enquête et ceux du vote.
«Le dossier Lajoie a été traité comme une affaire interne, a dit un porte-parole du conseil, Justus Polson-Lahache. En conséquence, nous ne répondons pas aux questions des médias extérieurs à ce sujet.»