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L'information est confirmée par la Maison-Blanche.
Justin Trudeau et Joe Biden ont réglé deux problèmes bilatéraux mardi: l'un pour les Canadiens qui traversent fréquemment la frontière canado-américaine, l'autre pour un certain président américain qui ne l'a pas encore fait.
Le programme de «voyageurs à faible risque» Nexus, gelé au Canada depuis près d'un an en raison d'un différend en cours concernant les agents frontaliers américains en sol étranger, reprend de la vigueur, bien que sous une forme modifiée et un peu moins pratique.
Le nouveau programme, géré conjointement par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et les douanes et la protection des frontières des États-Unis (CBP), sera opérationnel d'ici le printemps, ont déclaré le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino et le secrétaire américain à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas dans un communiqué conjoint.
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier présenté au bulletin Noovo Le Fil 18 animé par Marie-Christine Bergeron dans la vidéo ci-haut.
Cette option «comprendra des entrevues de l'ASFC dans les centres d'inscription rouverts au Canada et des entrevues distinctes du CBP dans les lieux de précontrôle des aéroports canadiens pour les demandeurs en partance», indique le communiqué.
«Ce travail réitère les avantages et les relations de coopération et d'efficacité que le Canada et les États-Unis partagent dans la gestion d'une frontière efficace entre nos deux pays, au grand bénéfice des citoyens des deux pays.»
Le nouvel arrangement fait écho à une proposition que le Conseil des affaires canadiennes-américaines a lancée en novembre visant à contourner des questions insolubles sur la souveraineté canadienne, selon la chef de la direction du groupe, Scotty Greenwood.
«L'avancée permettra la reprise et l'amélioration de l'un des programmes de voyageurs de confiance les plus réussis au monde», a précisé Mme Greenwood dans un communiqué.
«Le nouvel accord réaffirme que le Canada et les États-Unis sont bien placés pour relever ensemble les défis mondiaux.»
L'accord permettra la réouverture des centres d'inscription Nexus du Canada, des entrevues avec des agents frontaliers américains ayant lieu dans les installations aéroportuaires canadiennes qui offrent déjà des services de précontrôle aux voyageurs se rendant aux États-Unis.
Les demandeurs, qui doivent être interrogés par les autorités canadiennes et américaines, s'entretiendraient avec les agents pour cette partie du processus avant de se rendre aux États-Unis, à condition qu'ils voyagent de manière imminente et partent d'un aéroport où cette option est offerte.
Les aéroports internationaux au Canada qui offrent ce service de «préapprobation» sont ceux de Calgary, d'Edmonton, de Vancouver, d'Halifax, de Montréal, d'Ottawa et de Winnipeg, ainsi que l'aéroport international Pearson de Toronto.
La nouvelle de l'arrangement s'est cristallisée lorsque MM. Trudeau, Biden et le président mexicain Andrés Manuel López Obrador ont conclu la partie officielle de leur Sommet des dirigeants nord-américains mardi au Palais national de Mexico.
La réunion a abordé des questions trilatérales cruciales, notamment le soutien collectif à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, la meilleure voie à suivre pour Haïti, qui est ravagé par les gangs, et la vague omniprésente de migration irrégulière à la frontière américano-mexicaine.
Cependant, au milieu des manifestations symboliques d'unité bilatérale, peu peuvent rivaliser avec une visite présidentielle officielle, que M. Biden effectuera finalement en mars, a confirmé le bureau du premier ministre.
Le Canada a également annoncé mardi qu'il achèterait un système de missile sol-air fabriqué aux États-Unis pour aider l'Ukraine dans son effort pour repousser l'invasion en cours de la Russie. La ministre de la Défense, Anita Anand, a déclaré que le système, évalué à environ 406 millions $, provenait de l'aide militaire supplémentaire de 500 millions $ à l'Ukraine annoncée par M. Trudeau en novembre.
Tandis que les États-Unis continuaient de faire pression sur le Canada pour qu'il joue un rôle de chef de file dans la lutte contre les gangs et l'anarchie en Haïti, M. Trudeau s'est abstenu de prendre des engagements fermes.
«Nous devons continuer à être là pour le peuple haïtien,mais nous devons nous assurer que les solutions sont conduites par le peuple haïtien lui-même», a-t-il déclaré.
Le Canada s'est concentré sur l'imposition de sanctions aux «élites» que M. Trudeau a accusées de la violence et de l'instabilité politique, «une poignée de petites familles extraordinairement riches en Haïti ont causé une grande partie des conflits en raison d'intérêts politiques et pécuniaires».
Il y a plus à faire, a ajouté M. Trudeau, mais il n'a pas dit si cela impliquerait que le gouvernement fédéral donne son feu vert à une sorte de force de sécurité dans le pays, comme les États-Unis encouragent le Canada à le faire.
«Nous allons nous assurer que ce que nous faisons cette fois permet au peuple haïtien de maîtriser la situation. Et une grande partie de cela consiste à imposer ces sanctions aux dirigeants haïtiens qui sont responsables d'une grande partie de la misère.»
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La conférence de presse à trois, organisée à l'intérieur de l'imposante cour du palais, a duré près de deux heures, en grande partie en raison de la réponse de 30 minutes de M. López Obrador à une question des médias mexicains.
MM. Biden et Trudeau, qui flanquaient leur hôte et homologue, ont fait de leur mieux pour garder leurs expressions faciales aussi diplomatiques que possible alors qu'AMLO, comme le président mexicain est surnommé, a tenu salon devant un public de plus en plus confus de responsables gouvernementaux, d'émissaires et de journalistes.
Avant les formalités au Palais national de Mexico, MM. Biden et Trudeau s'étaient rencontrés mardi en tête-à-tête, échangeant brièvement des plaisanteries et des remarques pour les caméras.
En novembre dernier, lors de la réunion du G20, en Indonésie, les deux hommes avaient notamment discuté de la nécessité pour le Canada et les États-Unis d'élargir leur partenariat, a déclaré M. Biden mardi.
«C'est quelque chose que nous pouvons faire, je pense que votre phrase était: ''Lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons réaliser de grandes choses''», a-t-il mentionné. «Ce que nous devrions faire, et ce que nous faisons, c'est démontrer le potentiel économique illimité que nous avons en Amérique du Nord.»
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, affirmait lundi que les États-Unis feraient pression sur le Canada pour qu'il joue un rôle actif dans le soutien des forces de sécurité en Haïti, un thème que M. Biden n'a pas tardé à mentionner également mardi.
«Nous allons discuter de la manière dont nous pouvons essayer d'aider à stabiliser Haïti, comment nous pouvons gérer la migration et en même temps renforcer notre sécurité nationale», a soutenu le président américain.
M. Trudeau n'a pas spécifiquement mentionné Haïti, mais il a souligné que le potentiel économique de l'Amérique du Nord était illimité s'il fonctionnait comme un tout.
«Nous avons beaucoup à apporter au monde en biens et services, mais aussi en technologies et solutions dont le monde a vraiment besoin, a déclaré M. Trudeau. Notre capacité à travailler ensemble nous a apporté jusqu'à présent des succès extraordinaires, mais à une époque de bouleversements dans le monde, avec des défis très réels, nous pouvons et devons faire encore plus.»
Il s'agit de la première rencontre bilatérale officielle pour MM. Biden et Trudeau depuis le Sommet des Amériques en juin à Los Angeles.
Tout comme lors de ce sommet l'an dernier, l'ordre du jour de M. Biden à Mexico était dominé par la crise migratoire à la frontière américano-mexicaine. Sa rencontre avec M. Trudeau constituait donc la meilleure occasion pour le premier ministre de faire pression sur le président sur des questions d'intérêt plus spécifique pour le Canada.
Du point de vue canadien, l'objectif économique primordial du sommet est de s'assurer que M. Biden, un champion vocal et sans vergogne de la politique intérieure protectionniste et favorable aux travailleurs, considère les voisins de l'Amérique comme de véritables partenaires et collaborateurs.
Cela ressortait assez clairement du sommet des chefs d'entreprise du continent qui a lancé la partie canadienne de la procédure lundi.
M. Biden a été invité mardi à concilier les idées apparemment contradictoires du protectionnisme américain et de la coopération économique continentale plus large avec le Canada et le Mexique, mais il n'en a jamais eu l'occasion, en raison du discours de M. López Obrador.
«Juste pour mémoire, a plaisanté M. Biden quand ce fut enfin terminé, je ne sais pas à quelles questions je n'ai pas répondu».