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Le premier ministre Justin Trudeau est arrivé en Thaïlande jeudi pour une série de rencontres visant à accroître les échanges commerciaux du Canada dans la région de l'Indo-Pacifique.
La tournée actuelle du premier ministre Justin Trudeau en Asie du Sud-Est comprend une brève escale à Bangkok -- une visite destinée à démontrer que le Canada est déterminé à approfondir ses liens dans cette région.
Lors de cette visite de deux jours en Thaïlande, M. Trudeau participera à la réunion des dirigeants du forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), un groupe de 21 économies, des deux côtés du Pacifique, qui travaillent ensemble pour éliminer les barrières commerciales.
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«Il est extrêmement important d'être là en personne: en Asie en particulier, les relations en face à face sont d'une importance cruciale», a expliqué Timothy Dattels, l'un des trois représentants du Canada au Conseil consultatif des entreprises de l'APEC. «On ne peut pas tout faire par téléphone.»
M. Dattels, un investisseur spécialisé dans cette région, souligne que les principaux acteurs en Asie du Sud-Est ont délégué à Bangkok leur chef de gouvernement et des ministres de haut rang.
L'APEC regroupe 21 économies de «l'Asie-Pacifique», dont le Canada, les États-Unis, l'Australie, le Chili, la Russie et la Chine. L'organisation compte aussi comme membre la région administrative spéciale de Hong Kong, qui est maintenant sous contrôle chinois, et Taïwan, que certains États -- dont la Chine -- ne reconnaissent pas comme pays souverain.
L'organisation comprend une série de comités techniques et de groupes de travail qui conseillent les dirigeants sur la manière de faciliter la collaboration entre les différents pays, par exemple en normalisant la documentation associée aux transactions ou en fixant des règles sur la confidentialité des données et le commerce numérique.
Au lieu de négocier des politiques ou de signer des accords, l'APEC formule des recommandations sur la manière de stimuler la croissance économique et de s'assurer que les différents secteurs collaborent efficacement.
Selon le professeur Andrew Cooper, de l'École des affaires internationales Balsillie à l'Université de Waterloo, ce forum intéressera assurément les chambres de commerce, mais pas nécessairement le grand public. «Il y a beaucoup de travail technique et juridique qui se fait à ce forum. C'est important, mais ça n'attirera pas l'attention du grand public», explique-t-il.
Le professeur Cooper explique que si l'APEC a ouvert la voie à la mondialisation et aidé des pays à régler les détails de la bureaucratie, elle a été moins en mesure d'articuler des priorités plus larges pour la région.
M. Trudeau assiste à ce sommet de l'APEC alors que son gouvernement déploie progressivement une «stratégie indopacifique» pour le Canada, afin de nouer des liens plus étroits avec certains «pays amis» dans la région, allant de l'Inde à la Corée du Sud. M. Trudeau a rencontré jeudi le premier ministre thaïlandais, Prayut Chan-o-cha, à la Maison du gouvernement, à Bangkok.
Il a également signé une déclaration avec le président chilien, Gabriel Boric, visant à apaiser certaines inquiétudes concernant les différends entre investisseurs qui ont empêché ce pays sud-américain de ratifier un accord commercial transcontinental.
Le gouvernement canadien fera probablement des annonces à la clôture du sommet de l'APEC vendredi, mais la ministre du Commerce international, Mary Ng, a déclaré que le but principal de cette visite était d'affirmer l'engagement du Canada dans la région. L'itinéraire de M. Trudeau suggère par ailleurs une bonne quantité de poignées de main et de discussions informelles en aparté.
L'homme d'affaires Dattels félicite les libéraux pour cette visite à l'APEC, surtout après avoir annoncé les grandes lignes de sa stratégie indopacifique. «Il faut être là, à cette table vraiment unique, et participer activement à ce marché.»
Dans le cadre de la stratégie indopacifique, les libéraux considèrent la Chine comme une menace pour la stabilité mondiale. Ottawa cherchera dorénavant à tisser des liens commerciaux avec des pays en plein essor, mais qui partagent les valeurs canadiennes.
La ministre Ng a indiqué que l'imprévisibilité de Pékin explique en grande partie pourquoi elle essaie de nouer des relations plus étroites avec d'autres économies asiatiques. «Nos exportateurs et nos entreprises dépendent de la force d'un système commercial fondé sur des règles», a-t-elle déclaré.
«Nous avons eu quelques difficultés avec la Chine au cours des dernières années, en particulier en matière de commerce, et nos exportateurs et nos entreprises en ont fait l'expérience. C'est précisément pourquoi nous sommes ici dans la région.»
Mme Ng n'a fait référence à aucun événement spécifique, bien que la Chine ait boycotté certains produits agricoles, comme le porc et le canola, après l'arrestation à Vancouver de la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou.
La ministre n'a pas non plus précisé si elle s'attend à ce que les entreprises canadiennes en Chine subissent des répercussions après que le président chinois, Xi Jinping, a accusé M. Trudeau de nuire aux relations diplomatiques en partageant avec les médias des détails sur leur rencontre à huis clos.
Le président Xi assiste au sommet de l'APEC, qui a débuté jeudi soir, heure locale, tandis que la Russie a annoncé qu'elle enverrait son vice-premier ministre, Andreï Belooussov.
Alors que l'APEC se concentre sur le partage d'approches volontaires pour faciliter le commerce, le sommet des dirigeants pourrait être entravé par leurs points de vue divergents sur l'invasion russe de l'Ukraine et l'affirmation croissante de la Chine.
«Le nombre de choses qui peuvent être accomplies dans ces rencontres dépend toujours du contexte géopolitique dans lequel elles ont lieu', rappelle le président et chef de la direction de la Fondation Asie Pacifique du Canada, Jeff Nankivell. `La question est de savoir s'il sera possible d'obtenir un consensus dans le contexte géopolitique actuel.»
M. Trudeau devait s'envoler tard vendredi soir pour la Tunisie, afin d'assister au sommet de la Francophonie, samedi et dimanche à Djerba.