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L'espèce est une figure emblématique pour plusieurs peuples autochtones.
Plusieurs politiciens et membres influents de communautés autochtones ont participé à une cérémonie dédié au caribou forestier à Montréal, vendredi, à l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones. Le ministre fédéral de l'Environnement Steven Guilbeault en a profité pour lancer quelques flèches à Québec, qui tarde à remplir sa promesse de protéger 65% de l'aire du caribou.
«Ça fait très, très longtemps que les Autochtones au Québec nous demandent d'agir sur le caribou», a rappelé M. Guilbeault. «On a tenté de négocier avec le gouvernement du Québec pour trouver une voie de passage-là dessus, mais hélas, ça n'a pas été possible.»
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a quant a lui martelé que le Québec a le «devoir» de «se joindre à une stratégie pour lutter pour la biodiversité.
Ottawa a mis cette semaine sa menace à exécution en amorçant officiellement les démarches pour imposer un décret à Québec afin de forcer la province à protéger trois populations de caribous, soit celles de Val-d'Or, Charlevoix et Pipmuacan.
Le ministre Guilbeault a annoncé que le gouvernement fédéral entame les consultations pour définir l’étendue des zones potentielles de protection et la portée des interdictions du décret d’urgence visant à protéger le caribou, «à la suite de l’échec du gouvernement du Québec».
Les habitats des trois populations de caribous forestiers «les plus à risque au Canada», selon le ministre de l’Environnement, sont visés par le décret, soit Val-d'Or, Charlevoix et Pipmuacan.
Les deux populations de caribous de la Gaspésie pourraient également faire l’objet d’un décret.
«Pour celles de la Gaspésie, j'attends un rapport des experts et scientifiques du Service canadien de la faune et d'Environnement Canada pour voir si on devrait le faire», a indiqué le ministre Guilbeault en entrevue avec La Presse Canadienne, mercredi après-midi.
À Val-d'Or, Charlevoix et Pipmuacan, «on limiterait beaucoup les activités industrielles» dans les zones d'habitat. «Donc, on pense notamment à la coupe forestière», a expliqué le ministre, en ajoutant que d’autres activités pourraient être visées.
Dans certaines régions, l’industrie forestière prive le caribou de son habitat et de sa nourriture. Également, les chemins forestiers favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou, a rappelé le ministre Guilbeault.
«Le Québec possède à peu près 500 000 kilomètres de routes forestières. Et ces routes-là, essentiellement, ce sont des autoroutes à prédateurs. Alors ça permet aux prédateurs comme l’ours et le loup de se déplacer très rapidement. Et c'est l'une des raisons du déclin du caribou», donc «on pourrait peut-être cibler plusieurs de ces routes-là et les reboiser puisqu'elles ne sont plus utilisées par l'industrie forestière. Alors, il y a différentes choses comme ça qu'on pourrait mettre en place», a précisé le ministre.
Le Québec compte environ 15 % de la population de caribou boréal du pays, également appelé caribou forestier.
Dans un document d’information sur le décret, Environnement et Changement climatique Canada rappelle que les populations de Val-d’Or et de Charlevoix vivent en enclos à longueur d’année avec respectivement 9 et 30 individus.
«Val-d’Or a déjà franchi le seuil de quasi-disparition et Charlevoix demeure très près d’atteindre ce seuil. Avec moins de 300 bêtes, la population de Pipmuacan pourrait franchir ce seuil dans un horizon d’environ 10 ans», peut-on lire dans le document publié mercredi.
Avec La Presse canadienne