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«Ce matin, les Ukrainiens ont été réveillés par la brutale et terrifiante réalité de la guerre», avait lancé Justin Trudeau, il y a un an.
Il y a un an, Justin Trudeau, accompagné de trois de ses principaux ministres, déclarait que le monde venait de changer au cours de la nuit.
«Ce matin, les Ukrainiens ont été réveillés par la brutale et terrifiante réalité de la guerre», avait-il lancé ce 24 février 2022 alors que les blindés russes se dirigeaient vers la capitale ukrainienne Kyiv.
Un lourd silence est tombé dans la grande salle lorsque M. Trudeau a annoncé que «l'agression russe et la violation des lois internationales ne resteraient pas impunies».
«La réalité, c'est que la meilleure façon pour nous de démontrer à Vladimir Poutine qu'il a fait une grave erreur en violant les principes de droit qui nous régissent comme monde depuis bien des décennies, c'est en s'assurant qu'il ne profite pas (ou) ne bénéficie pas de cette erreur monumentale qu'il a faite en envahissant un pays souverain», avait-il tonné.
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L'invasion a déstabilisé les familles, les économies et même l'ordre mondial. Près d'un an plus tard, les esprits se tournent déjà vers la reconstruction et commencent à réclamer justice.
«Les horreurs du génocide et des crimes de guerre, ce n'est pas pardonnable», lance Ihor Michalchyshyn, le directeur général du Congrès des Ukrainiens canadiens.
Personne ne sait quand ou comment la guerre va se terminer, mais M. Michalchyshyn veut que la Russie en soit tenue responsable. «Ce serait le pire des scénarios: à la fin de la guerre, la justice échoue, mais je ne crois pas que ça va arriver.»
La ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s'est rendue cette semaine en Ukraine en signe de solidarité. Elle en a profité pour parler d'imputabilité.
Elle a dit, en conférence de presse, avoir discuté avec le président Volodymyr Zelensky de l'importance «d'aborder la question des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre, du crime d'agression et des crimes à caractère sexuel».
Le procureur général ukrainien, Andriy Kostin, a indiqué à Mme Joly que son pays avait déjà répertorié 60 000 actes criminels liés à la guerre.
La Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale enquêtent déjà sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité qui auraient été commis par les troupes russes. Toutefois, enquêter sur un crime d'agression ne fait pas partie de leur mandat.
«Nous faisons partie d'un groupe de pays qui croient qu'on devrait instaurer un tribunal extraordinaire contre les crimes d'agression», a soulevé Mme Joly.
Par ailleurs, les Ukrainiens continuent de subir les conséquences de la guerre, qu'ils vivent à l'intérieur ou à l'extérieur de leur pays.
«Ça semble un cauchemar depuis que le début», souligne Halyna Dmytryshyn, une réfugiée installée à Ottawa.
Elle était demeurée chez elle, à Ivano-Frankivsk, dans l'ouest du pays, pendant plusieurs mois, mais elle s'est expatriée parce que les conditions de vie se détérioraient pour son fils.
«Je souhaite que la guerre se termine le plus rapidement possible, mais je sais que c'est impossible. Et encore pis, tout le monde commence à s'y faire.»
Même à Lviv, une ville pourtant située dans une région relativement sûre dans l'ouest du pays, les sirènes d'alerte sonnent plusieurs fois par jour, un rappel constant des menaces qui pèsent sur les civils. Plusieurs n'y portent plus attention, refusant de se précipiter dans les abris souterrains pour se protéger.
L'Ukraine s'est défendue de façon remarquable depuis le début de l'invasion. Elle a repoussé l'armée russe qui s'approchait de Kyiv et l'a contraint à retraiter dans le nord-est du pays. Les Ukrainiens ont aussi libéré des villes dans le sud-est.
Les Russes ont tenté de démoraliser la population en s'attaquant aux infrastructures énergétiques du pays pour la priver d'électricité et de chauffage en plein hiver.
Les alliés occidentaux, malgré leur crainte d'une escalade, ont fourni à l'Ukraine des équipements militaires pour l'aider à se défendre. Tout récemment, le Canada, à l'instar de certains autres pays, a cédé des blindés modernes à l'Ukraine.
«Tout au long du conflit, les limites de ce qui pouvait être fourni à l’Ukraine comme matériel militaire ont changé», a noté le professeur d'affaires internationales à l'Université d'Ottawa et ancien conseiller principal en politique étrangère de M. Trudeau, Roland Paris.
Au cours de la dernière année, le Canada a consacré plus de 5 milliards $ en soutien à l'Ukraine, dont plus de 1,2 milliard $ en aide militaire.
Si personne ne peut prédire l’issue de la guerre, M. Paris a rappelé que les indications actuelles pointent vers un conflit qui pourrait durer encore longtemps.
Le professeur a aussi soulevé l’hypothèse que la guerre se transforme en «conflit gelé, où il y a toujours des hostilités à différents niveaux d'intensité, avec peut-être des périodes d'accalmie et même des cessez-le-feu».
Quoi qu'il en soit, à certains égards, le cauchemar que les Ukrainiens ont partagé ne sera jamais vraiment terminé, selon Mme Dmytryshyn.
«Je prie tout le temps pour la fin de la guerre, mais elle ne nous quittera jamais, a-t-elle reconnu. Nous avons changé. Nous avons beaucoup changé et personne ne sera plus pareil.»