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Pour la première fois dans l'histoire, des procureurs présentent à un jury au criminel contre un ex-président américain
Donald Trump a tenté d'influencer illégalement l'élection présidentielle de 2016 en empêchant que des histoires préjudiciables sur sa vie personnelle ne soient rendues publiques, a déclaré un procureur aux jurés lundi, au début du procès historique de l'ancien président sur les pots-de-vin.
«Il s'agissait d'une conspiration planifiée de longue date visant à influencer l'élection de 2016, à aider Donald Trump à se faire élire en engageant des dépenses illégales pour faire taire les personnes qui avaient quelque chose de négatif à dire sur son comportement», a déclaré le procureur Matthew Colangelo. «C'était de la fraude électorale, pure et simple».
Voyez le récapitulatif de Véronique Dubé dans la vidéo liée au texte.
Un avocat de la défense a répliqué en attaquant l'intégrité de l'ancien confident de Trump qui est maintenant le témoin vedette du gouvernement.
«Le président Trump est innocent. Le président Trump n'a commis aucun crime. Le bureau du procureur de Manhattan n'aurait pas dû porter cette affaire», a déclaré l'avocat Todd Blanche.
Les déclarations liminaires ont offert au jury de 12 personnes - et au public votant - des feuilles de route radicalement divergentes pour une affaire qui se déroulera dans le contexte d'une course à la Maison Blanche très disputée, dans laquelle M. Trump n'est pas seulement le candidat républicain présomptif, mais aussi un accusé pénal risquant une condamnation pour crime et une peine de prison.
Il s'agit du premier procès pénal d'un ancien président américain et du premier des quatre procès intentés contre M. Trump à être soumis à un jury. Conformément à cet historique, les procureurs ont cherché dès le départ à accroître la gravité de l'affaire, qui, selon eux, porte principalement sur l'ingérence dans les élections, comme en témoignent les paiements occultes versés à une actrice pornographique – Stormy Daniels – qui a déclaré avoir eu une relation sexuelle avec M. Trump.
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Le procès, qui pourrait durer jusqu'à deux mois, obligera M. Trump à passer ses journées dans une salle d'audience plutôt que sur la piste de la campagne, une réalité dont il s'est plaint lundi.
«Je suis le principal candidat (...) et c'est pour cela qu'ils essaient de m'écarter de la campagne. Des chèques versés à un avocat», a-t-il déploré devant les journalistes après avoir quitté le tribunal.
M. Trump a néanmoins cherché à faire de son statut d'accusé pénal un atout pour sa campagne, en collectant des fonds pour financer ses poursuites judiciaires et en s'insurgeant à plusieurs reprises contre un système judiciaire dont il affirme depuis des années qu'il est armé contre lui. Dans les semaines à venir, l'affaire mettra à l'épreuve la capacité du jury à le juger de manière impartiale, mais aussi la capacité de M. Trump à se conformer au protocole de la salle d'audience, y compris à une ordonnance de silence lui interdisant d'attaquer les témoins.
M. Trump doit répondre de 34 chefs d'accusation pour falsification de documents commerciaux, une infraction passible d'une peine de quatre ans d'emprisonnement, mais on ne sait pas si le juge cherchera à le mettre derrière les barreaux. Une condamnation n'empêcherait pas M. Trump de redevenir président, mais comme il s'agit d'une affaire d'État, il ne pourrait pas se gracier lui-même s'il était reconnu coupable. Il a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible.