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Le chef du Bloc québécois (BQ), Yves-François Blanchet, ne s’explique toujours pas pourquoi le premier ministre Trudeau n’a pas déclenché une enquête publique sur les allégations d’ingérence chinoise lors des dernières élections au Canada.
Le chef du Bloc québécois (BQ), Yves-François Blanchet, ne s’explique toujours pas pourquoi le premier ministre Trudeau n’a pas déclenché une enquête publique sur les allégations d’ingérence chinoise lors de précédentes élections au Canada.
Mardi, au lendemain de l’annonce de nomination d’un «rapporteur spécial indépendant» pour faire la lumière sur les tentatives potentielles du régime chinois de déstabiliser le processus démocratique au pays, M. Blanchet a affirmé que les «apparences d’évitement» pour lancer une enquête publique sont «extrêmement dommageables» et sont une «petite victoire pour le régime chinois».
Le chef bloquiste a par ailleurs invité Justin Trudeau à assurer son rôle de «gardien de la démocratie et de la liberté». Pour l'instant, M. Blanchet trouve «faible» la réponse d'Ottawa dans le dossier.
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«Quel message le gouvernement envoie-t-il à l'Europe, à l'OTAN et aux États-Unis en étant complaisant face à l'intrusion et l'ingérence hostile d'une dictature étrangère dans la démocratie d'un pays membre [...] du G7?» a demandé le chef du Bloc, au moment où la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, était en visite au pays.
M. Blanchet s'est aussi questionné sur le processus de sélection du «rapporteur spécial indépendant» qui, rappelons-le, pourrait décider au terme de son enquête si une commission d'enquête doit être entamée.
S’il n’est pas contre l’idée qu’une personne soit nommée pour se pencher sur les présumées ingérences chinoises lors des deux dernières élections au Canada, M. Blanchet désire toutefois que son mandat soit d’«emblée» celui d’une enquête publique et que le ou la responsable de celle-ci soit nommé(e) par le parlement.
Voyez les explications de Louis-Philippe Bourdeau concernant la nomination à venir du rapporteur spécial indépendant présentées au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron dans la vidéo ci-dessous.
Un peu plus tôt, le chef conservateur, Pierre Poilievre, a balayé du revers de la main la pertinence d'un rapporteur spécial. Selon lui, il s'agit d'une tactique des libéraux pour camoufler une affaire d'ingérence.
«[M. Trudeau] veut un processus qui est secret et contrôlé. […] Secret parce qu'il veut que ce soit dans les comités qui entendent [des] preuves secrètes, des témoignages secrets et des résultats secrets. Contrôlé parce que c'est son bureau qui est en charge de déterminer ce qui peut être dans tous les rapports de ce comité», a-t-il dit mardi lors d'un point de presse.
M. Poilievre faisait alors référence au fait que le premier ministre a demandé aux responsables du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR) et de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR) «d'entreprendre des démarches de toute urgence» dans le dossier de l'ingérence étrangère.
Le leader de l'opposition officielle a, en outre, dit ne pas avoir confiance que le rapporteur spécial que nommera M. Trudeau sera indépendant.
«On sait tous que ce sera quelqu'un lié à lui, lié aux libéraux, choisi pour protéger l'establishment libéral, tout comme l'ancien dirigeant de la Fondation Trudeau qui recevait de l'argent provenant de Pékin qu'il a nommé pour superviser le rapport sur l'ingérence chinoise», a-t-il affirmé.
Le chef conservateur a soutenu que «la seule enquête vigoureuse» que souhaite le premier ministre vise à «cibler […] les dénonciateurs courageux qui ont publié ces secrets».
Les libéraux font face à une pression grandissante pour déclencher une commission d'enquête visant à éclaircir les questions soulevées par des allégations de tentatives d'ingérence chinoise au cours des deux dernières élections fédérales, en 2019 et 2021.
Les appels en ce sens ont été exprimés par les partis d'opposition, mais ceux-ci sont aussi venus d'ailleurs. D'anciens conseillers du premier ministre, comme Gerald Butts, ont dit au Globe and Mail que cela était nécessaire. Un ancien directeur général des élections a fait de même.
Morris Rosenberg, cet ancien haut fonctionnaire qui a produit un rapport d'évaluation sur le protocole conçu pour informer les Canadiens en cas de menaces à l'élection fédérale de 2021, a aussi déclaré sur les ondes de CTV que l'option d'une commission d'enquête devrait selon lui être sur la table.
Lundi, M. Trudeau a soutenu qu'il aurait été «facile politiquement» de simplement acquiescer aux demandes pour une enquête publique et indépendante, mais qu'il préférait prendre «quelques semaines» pour que le «rapporteur» détermine la meilleure façon de «rassurer les Canadiens».
Il a évoqué le fait que des informations sensibles qui ont trait à la sécurité nationale sont en cause et pourraient devoir demeurer secrètes. «Je sais très bien que si j'avais annoncé une enquête publique […] dès qu'on arriverait à un moment où je dois dire «''Ah non, mais on ne peut pas vous donner ces documents-ci et ces documents-là'', l'indépendance de ce processus, [son] efficacité ainsi que [son] impact auraient été minés», a fait valoir le premier ministre auprès des journalistes.
Des experts entendus devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre ont soulevé la même problématique et affirmé qu'une enquête publique et indépendante se heurterait aux mêmes limites que l'étude parlementaire actuelle.
Une série de reportages du réseau Global et du quotidien The Globe and Mail publiés au cours des dernières semaines ont détaillé des tentatives d'ingérence orchestrées par la Chine au cours des deux dernières campagnes électorales fédérales.
Ces allégations, évoquées dans des fuites anonymes aux médias provenant de sources dans des agences canadiennes de sécurité, portent à croire que Pékin voulait s'assurer de la réélection des libéraux de Justin Trudeau - à la tête d'un gouvernement minoritaire - aux dépens des conservateurs. Les reportages rapportent que, pour ce faire, des consulats ont été pressés de mobiliser des membres de la communauté sinocanadienne.
Lors d’une conférence de presse sur les derniers efforts du Canada concernant le conflit en Ukraine, mardi, le premier ministre a ajouté que «le choix de rapporteur spécial sera très important. Nous sommes ouverts à toutes suggestions que les partis d’opposition vont nous partager en termes de noms qualifiés, éminents et indépendants».
Avec la collaboration d'Alexandre Sauro et des informations de la Presse canadienne