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Jeremy Broadhurst a déclaré que sur la base de son expérience de travail au sein du gouvernement et avec les responsables de la sécurité, ils n’auraient «jamais» fait une telle recommandation.
Les administrateurs des précédentes campagnes des libéraux et des conservateurs ont déclaré mardi à un comité de la Chambre des communes que les préoccupations soulevées par les responsables de la sécurité nationale ne seraient pas nécessairement une raison suffisante pour qu’ils retirent un candidat de leurs listes.
Ils ont témoigné mardi lors d’une réunion du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui examine la question de l’ingérence étrangère dans les affaires canadiennes.
La pression sur le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement n’a cessé de s’intensifier au milieu d’une série de reportages dans les médias qui alléguaient, citant des sources anonymes, que Pékin avait tenté d’influencer le résultat des deux dernières élections fédérales.
Un de ces reportages, publié par Global News, alléguait que le député torontois Han Dong avait bénéficié de l’ingérence étrangère chinoise dans sa tentative réussie de devenir le candidat libéral de sa circonscription en 2019. Le reportage est cité dans une poursuite qu’il a intentée contre l’entreprise, qui s’en tient à ses publications.
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Le témoignage de Jeremy Broadhurst, qui est conseiller principal de M. Trudeau et a dirigé la campagne du Parti libéral en 2019, a eu l'effet d'une douche froide, mardi, au sujet de l’allégation rapportée par Global selon laquelle des responsables de la sécurité nationale avaient mis en garde M. Trudeau contre M. Dong et avaient recommandé qu’il ne soit plus candidat.
M. Broadhurst a déclaré que sur la base de son expérience de travail au sein du gouvernement et avec les responsables de la sécurité, ils n’auraient «jamais» fait une telle recommandation.
«Ce n’est pas le rôle des services de renseignement de dicter aux partis la manière dont elles mènent leurs affaires, a-t-il déclaré. Les déterminations des candidats sont le ressort des partis.»
Le comité a entendu parler de la façon dont les réalités de la politique partisane se heurtent à plusieurs reprises au partage de renseignements mardi, alors que deux directeurs de campagne du Parti conservateur du Canada ont témoigné avoir reçu de vagues informations d’un groupe de travail composé d’agents de sécurité et de fonctionnaires fédéraux mis en place pour surveiller les tentatives d’ingérence lors des deux dernières élections fédérales.
Fred DeLorey, qui a dirigé la campagne 2021 des conservateurs, a déclaré que «c’était comme une rue à sens unique» lorsqu’il s’agissait de travailler avec le groupe.
Il a dit que bien que le parti ait entendu «l’étrange grondement» pendant la course que quelque chose n’allait pas, les inquiétudes concernant les tentatives d’ingérence étrangère se sont intensifiées une fois les résultats tombés alors que le parti a subi des pertes surprenantes dans les circonscriptions du Grand Toronto et du Grand Vancouver où résident d’importantes communautés de Sino-Canadiens.
M. DeLorey a déclaré qu’une note de service préparée pour lui après les élections soulevait des inquiétudes quant au fait que des individus diffusaient de fausses informations sur le parti et ses candidats en ligne et dans des publicités ciblant la communauté sino-canadienne. La note de service indiquait que le message semblait favoriser les libéraux dans certains cas.
Il a déclaré que les représentants du parti au sein du groupe de travail lui avaient dit qu’après avoir présenté l’information, les responsables avaient noté «qu’il y avait des lacunes législatives et qu’il n’y avait rien à faire».
M. DeLorey a affirmé aux députés que l’ancien chef du parti, Erin O’Toole, estimait que neuf circonscriptions avaient été ciblées. Mais il a dit que perdre ces sièges au profit des libéraux n’aurait pas changé le résultat des élections.
Malgré tout, M. DeLorey a ajouté que les législateurs devraient introduire des changements pour garantir que les responsables de la sécurité comprennent mieux le fonctionnement de la politique des partis.
«C’est un métier d’expert, a-t-il affirmé. Jusqu’à ce que vous soyez dedans, vous ne savez pas à quoi ça ressemble.»
Hamish Marshall, qui a dirigé la campagne 2019 pour les conservateurs, a déclaré qu’il n’avait reçu que des informations «vagues» et «de haut niveau» de la part des responsables chargés de surveiller les tentatives d’inférence lors de ce vote. C’était la première fois qu’un tel processus existait.
Il a recommandé que les responsables chargés de cette tâche la prochaine fois s’habituent à travailler avec des partisans avant la période électorale.
Sur la question de savoir si les partis politiques devraient abandonner des candidats sur la base d’informations fournies par des responsables de la sécurité nationale, M. Marshall a dit qu’il était important de comprendre que les partis «détestent» abandonner les personnes inscrites pour se présenter sous leurs bannières et sélectionnées par leurs membres.
Réfléchissant aux reportages sur M. Dong, M. Marshall a témoigné: «J’ai souvent pensé: “Qu’aurais-je fait dans cette situation si le SCRS était venu nous voir?”»
Il a déclaré que le retrait d’un candidat nécessiterait des allégations «très précises» et «tangibles».
«Les informations qui nous seraient présentées pour pouvoir agir dessus… devraient être très, très détaillées.»
Azam Ishmael, le directeur national du Parti libéral du Canada qui a supervisé sa campagne de 2021, a indiqué aux députés que s’il recevait des informations sur un candidat par le biais d’un breffage de sécurité, les responsables du parti seraient confrontés à des restrictions quant à qui ils pourraient les donner, pour des raisons de sécurité.
«Nous ne serions probablement pas libres d’en discuter avec un candidat ou son équipe de campagne, car ils n’auraient pas l’autorisation appropriée», a-t-il expliqué.
«Nous ne pouvions en discuter qu’avec les personnes qui avaient l’autorisation appropriée.»
M. Broadhurst a ajouté que les partis politiques ne sont pas des organismes d’application de la loi.
«Il y a un moment où vous devez dire: “Il n’est pas approprié pour nous de commencer à enquêter sur un crime”, par exemple», a dit M. Broadhurst, ajoutant que le premier ministre ou le chef du parti serait informé s’il y avait des preuves d’actes répréhensibles.
«Si nous étions ceux qui découvraient ces informations, nous les transmettrions évidemment immédiatement aux autorités.»
Interrogé plus tôt sur les résultats qui, selon les conservateurs, auraient pu être affectés par l’ingérence de Pékin, M. Ishmael a suggéré que ces changements étaient le résultat de la position du parti conservateur sur le contrôle des armes à feu, un problème qui a éclaté pendant la campagne.
Le comité a récemment entendu la chef de cabinet de longue date de M. Trudeau, Katie Telford, qui a répété à plusieurs reprises aux députés que les dispositions relatives à la sécurité nationale l’empêchaient de divulguer des détails sur les séances d’information sur l’ingérence.
M. Trudeau a chargé l’ancien gouverneur général David Johnston d’enquêter sur les allégations d’ingérence étrangère.
M. Johnston devrait revenir d’ici la fin mai avec une recommandation sur la nécessité ou non d’une enquête publique complète sur la question. Ses recommandations finales sont attendues fin octobre.