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Le litige entre Québec et les radiologistes à propos de la facturation pour les infiltrations de cortisone traîne depuis des mois, au grand désespoir de l'association qui représente ces médecins spécialistes.
Le litige entre Québec et les radiologistes à propos de la facturation pour les infiltrations de cortisone traîne depuis des mois, au grand désespoir de l'association qui représente ces médecins spécialistes. Mais aussi de patients qui se disent pris en otage alors que des laboratoires d’imagerie médicale ont décidé de réduire leur volume ou d'interrompre le service.
Des représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), de la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) et de l'Association des radiologistes du Québec (ARQ) doivent tenir une première rencontre mercredi afin de tenter de dénouer l'impasse.
La présidente de l'ARQ déplore que le dossier avance à «pas de tortue» du côté du ministère.
«Ça a vraiment été ardu pour avoir une voix et une écoute de l'autre côté. (...) Je ne comprends pas pourquoi ç’a été si long parce que la fédération les a contactés une première fois avant les Fêtes pour les rencontrer», se désole la Dre Magalie Dubé, en entrevue à La Presse Canadienne.
Le différend découle d'une interprétation divergente entre la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) et les radiologistes au sujet d'un code de facturation visant les infiltrations sous fluoroscopie. Ce traitement consiste à injecter de la cortisone dans les articulations afin de soulager la douleur et l'inflammation chez des patients souffrant de problèmes articulaires.
«L'arthrographie permet de voir l'articulation et de bien cibler l'aiguille au fur et à mesure qu'on procède à l'intervention», explique l'ARQ.
La RAMQ a mené un exercice de contrôle auprès de médecins radiologistes en vertu de l'entente entre le MSSS et la FMSQ sur la rémunération médicale. La Régie fait désormais une lecture différente concernant le remboursement des frais d'équipement, de loyer et de personnel que les propriétaires de clinique ont déboursés pour offrir les injections, selon la Dre Dubé.
«Pour nous, le libellé des codes de facturation est clair. C'est quand même une procédure qu'on fait depuis 40, 50 ans et pour laquelle on a toujours utilisé les mêmes codes de facturation», soutient la présidente de l'ARQ, qui dénonce une «décision unilatérale» de la Régie.
Les vérifications de la RAMQ se sont soldées par des réclamations rétroactives de plusieurs millions de dollars auprès d'environ 180 radiologistes pour une période allant de 2017 à 2019. Ces sommes sont contestées par les radiologistes et pourraient faire l'objet d'un arbitrage au Tribunal administratif du travail à l'automne, a indiqué la Dre Dubé.
Ni le MSSS ni la RAMQ n'ont voulu commenter précisément le changement d'interprétation, notamment parce que des contrôles sont toujours en cours.
À la suite de ce changement, des cliniques ont décidé d'arrêter cet acte médical ou de ralentir la cadence. Si elles devaient continuer d'offrir le service au même niveau qu'auparavant, plusieurs cliniques feraient les procédures à perte parce qu'elles se voient privées d'un remboursement de la RAMQ, soutient la Dre Dubé.
«Il y a des cliniques qui ont peut-être les reins un peu plus solides, et qui sont capables à court terme d'assumer une perte, mais d'autres non. Les cliniques sont comme des PME, certaines sont plus fortes que d'autres et peuvent continuer», a-t-elle expliqué.
Des patients peuvent se tourner vers les hôpitaux, mais ils n'ont pas la capacité de garantir ce traitement dans des délais toujours raisonnables, d'après l'ARQ.
Bien que le service soit maintenu chez de nombreux propriétaires de cliniques, assure la Dre Dubé, la situation pose problème chez plusieurs patients qui se retrouvent le bec à l'eau. C'est le cas de Lucie Bisaillon, qui a eu la surprise d'apprendre que sa clinique habituelle n'offrait plus le traitement au moment de la prise de son rendez-vous de rappel.
Elle raconte avoir cherché durant plusieurs heures avant de trouver une autre clinique qui effectuerait l'injection lui permettant de soulager sa douleur et de marcher sans difficulté.
«J'ai l'impression d'être prise en otage. Il y a des gens qui sont encore plus hypothéqués que moi et on se fait prendre en otage. Au lieu de négocier et d'essayer d'en arriver à une entente, on arrête les traitements et les gens souffrent», déplore Mme Bisaillon qui a eu recours à plus de médications en attendant son prochain rendez-vous.
Le MSSS déplore l’attitude des médecins radiologistes concernés et de leur association dans ce dossier.
Par courriel, le ministère a indiqué avoir «multiplié les interventions et correspondances tant auprès des laboratoires d’imagerie médicale qu’auprès de l’Association des radiologistes du Québec afin que le service d’injection soit maintenu et que ceux-ci cessent leur moyen de pression».
Il mentionne avoir «sensibilisé le Collège des médecins du Québec afin qu’il se penche également sur ces interruptions de services ayant toutes les apparences d’une action concertée».
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L'ARQ se défend de prendre en otage des patients et croit que la balle est dans le camp du MSSS. L'arrêt du traitement «crève le cœur» des radiologistes-propriétaires, soutient la Dre Dubé.
Si un moyen de pression avait été envisagé, le service aurait été complètement mis sur pause.
«ll y a des cliniques qui avaient arrêté un moment, mais elles ont décidé de reprendre un peu parce qu'elles veulent vraiment continuer à servir les patients de la région, et parce que les hôpitaux ne fournissent pas», mentionne-t-elle.
Au Québec, environ 70 000 infiltrations sous fluoroscopie sont faites par année dans les cliniques de radiologie.