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Hockey Canada a réglé au moins neuf dossiers distincts d’abus sexuels depuis 1989 via un fond d’équité, a-t-on appris de la part de responsables de l’organisme mercredi.
Hockey Canada a réglé au moins neuf dossiers d’abus sexuels depuis 1989 à l’aide d’un fonds d’équité, alors que 12 autres ont été gérés par les assureurs de l’organisation pour une somme totale avoisinant les 9 millions $ (M$), a-t-on appris mercredi.
Cette somme n'inclut pas le règlement à l'amiable lié au viol collectif allégué de 2018 en Ontario. La victime réclamait 3,55 M$ à Hockey Canada, mais le montant final est demeuré secret.
Brian Cairo, dirigeant principal des finances de l'organisation, a notamment révélé que celle-ci a versé plus de 7,6 M$ en provenance du fonds d’équité pour neuf règlements concernant autant de victimes.
HOCKEY CANADA | C'est parti pour quatre heures. Tous les intervenants ont prêté serment devant le Comité promettant de dire «toute la vérité et rien que la vérité.» Suivez les témoignages, ci-dessous : #NoovoInfo
— Louis-Philippe Bourdeau (@LouisPhilippeB) July 27, 2022
Une facture de 287 000 $ issus de ce fonds a, entre autres, servi à payer la firme d’avocats embauchée pour mener l’enquête indépendante sur le viol allégué de 2018.
De ce montant, 6,8 millions $ sont liés à l’affaire Graham James. Ce dernier a plaidé coupable en 1997 et en 2011 à différentes accusations d’agressions sexuelles sur des joueurs, dont certains d’âge mineur, au niveau junior dans les années 1980 et 1990. Hockey Canada, la Ligue de l’Ouest et d’autres organisations avaient aussi été visées par une poursuite au civil contre James en 1999. L’affaire avait été réglée à l’amiable en 2003.
[BILAN]
— Louis-Philippe Bourdeau (@LouisPhilippeB) July 27, 2022
- Près de 9M$ versés dans 21 cas d'abus sexuels
- Des dirigeants accrochés à leur poste, malgré les appels à démissionner
- Des excuses et des promesses d'agir
- Appels à + de diversité au sein du CA
- HC prêt à réviser ses ententes de confidentialité avec victimes.
En plus des 7,6 M$ provenant du fonds d’équité, on apprenait, lors du second passage de représentants de l'organisme devant le Comité permanent du patrimoine canadien, que 1,3 M$ supplémentaires avaient été utilisés pour conclure 12 autres dossiers d’abus sexuel.
La somme provient cette fois des assureurs de l’organisation.
À ce stade, les conservateurs, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique ont déclaré ne plus avoir confiance dans les hauts dirigeants de Hockey Canada et ont réclamé leur démission.
Le grand patron de Hockey Canada, Scott Smith, s'accroche toutefois. Il a refusé à de nombreuses reprises de démissionner mercredi, malgré les demandes répétées de nombreux élus devant qui il comparaissait à Ottawa relativement au viol collectif présumé impliquant des membres de l'équipe canadienne de hockey junior en 2018.
Le président-directeur général a expliqué, mercredi, au Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes, être prêt à «mener le changement» et avoir «l'expérience» pour «amener Hockey Canada et notre sport à un autre niveau». Il a cependant déclaré qu'il démissionnera si c'est le souhait du conseil d'administration.
Mais le conseil d'administration manque de pouvoir face à un grand patron "trop puissant", a affirmé le député conservateur et ancien commentateur sportif Kevin Waugh.
Chez les libéraux, le député montréalais Anthony Housefather, qui n'a pas été tendre avec le témoin durant ses trois heures sur le grill, a estimé qu'"il y a des moments où de bonnes personnes doivent céder leur place parce que le public a perdu confiance en elles, et j'ai bien peur que ce soit l'un de ces moments".
Pour le conservateur Richard Martel, il est clair que «ça prend un grand ménage» dans l'organisation qui représente «la suprématie» du hockey junior. Son collègue, le premier vice-président du comité, John Nater, venait d'implorer M. Smith de céder sa place à la relève «pour le bien du hockey».
Le bloquiste Sébastien Lemire a estimé que M. Smith, «ne serait-ce que symboliquement», n'est pas habileté à mener des changements profonds dans l'organisation. Et le néo démocrate Peter Julian a maintes fois signalé que les Canadiens n'ont plus confiance et qu'«il est temps d'avoir un nouveau leadership».
M. Smith a assuré que Hockey Canada est prêt à prendre «toute action nécessaire» pour regagner la confiance du public et qu'il veut lui aussi «des actions pour mettre fin à la culture du silence qui permet aux comportements toxiques et au sexisme de s'enraciner dans les recoins de notre sport».
Il a dit s'excuser que l'organisation n'en ait pas fait suffisamment et pas assez rapidement à la suite des événements de 2018.
«Je suis là pour mener ce changement», a-t-il tranché dès le début de son témoignage et avant même de répondre à une quelconque question.
Sa comparution, la deuxième en près d'un mois, a été particulièrement houleuse, bien que des élus aient noté une meilleure attitude.
Le gouvernement du Canada avait rapidement gelé le financement de l'organisation et ordonné une vérification comptable. Un certain nombre d'entreprises commanditaires ont aussi suspendu leur financement.
«Le ton et la banalisation» dont M. Smith a fait preuve à l'époque ont marqué les esprits, a déclaré la bloquiste Andréanne Larouche. Selon elle, cela a donné l'impression que "ça a pris un couteau sur votre gorge" pour que l'on ressente plus de «sincérité».
Or, M. Smith a répondu à un autre élu qu'il n'a pas une attitude différente qu'au mois de juin et que les allégations d'agression sexuelle ont toujours été prises au sérieux, y compris au moment du viol collectif présumé, en 2018.
Et alors que le grand patron venait de répéter à plusieurs reprises avoir agi uniquement dans le «meilleur intérêt de la victime» et non pour protéger l'image de son organisation, le libéral Anthony Housefather lui a demandé s'il était justement dans son intérêt d'inscrire une clause de confidentialité l'empêchant de commenter le dossier.
«Je ne crois pas que cela l'empêchait de parler à la police», a répondu M. Smith.
Dans une déclaration transmise à La Presse Canadienne à la suite de la comparution, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, n'est pas allée jusqu'à réclamer la démission de M. Smitt, mais a plutôt réitéré ses propos de la veille.
«Les membres du conseil d'administration de Hockey Canada doivent évaluer si les personnes en place sont les bonnes personnes pour opérer le changement de culture qui est réclamé par la population canadienne», a-t-elle écrit.
Ce dernier est revenu sur son passage, fortement critiqué, devant le comité en juin dernier. Il a affirmé que ça n’avait jamais dans son intention de «banaliser les gestes» commis. «Un incident du genre est un incident de trop», a mentionné M. Smith.
Le député Sébastien Lemire demande à Scott Smith s'il accepterait que sa fille participe à des événements organisés par HC. « Je crois qu'il y a de la place pour les jeunes filles et qu'on peut offrir un environnement sécuritaire.»
— Louis-Philippe Bourdeau (@LouisPhilippeB) July 27, 2022
On apprenait mardi que l’organisme fédéral Sport Canada avait été mis au courant du viol collectif présumé impliquant des membres de l’équipe canadienne de hockey junior à la fin du mois de juin 2018. Il n’y a pourtant pas eu de suivi auprès de Hockey Canada.
Le ministre de l'époque, Kent Hehr, n'avait également pas été informé de la situation.
Notre journaliste Louis-Philippe Bourdeau a suivi l'audience des dirigeants d'Hockey Canada devant le Comité permanent du patrimoine canadien mercredi, voyez ses explications.
Avec des informations de Louis-Philippe Bourdeau et de la Presse canadienne