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«On a parlé de la protection du français et, comme vous le savez, on est là pour protéger le français au Québec et partout à travers le pays. On va continuer de travailler ensemble», a dit M. Trudeau.
«On sait que l’immigration est une source de richesse et de croissance pour le Québec. On va continuer d’être là pour assurer qu’il y ait plus d’immigration au Québec et on est très content de travailler avec le premier ministre», a dit M. Trudeaumercredi en mêlée de presse avant de se rendre à une réunion du caucus libéral.
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Or, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a fait campagne en insistant sur son engagement de garder le seuil de nouveaux arrivants que le Québec accueille chaque année à 50 000. Selon lui, la vitalité du français en dépend.
«On est là pour protéger le français au Québec et partout à travers le pays. On va continuer de travailler ensemble», a ajouté M. Trudeau mercredi.
Une journaliste lui a demandé s’il était d’accord pour dire que la forte majorité remportée par M. Legault dans l’élection qui vient de se conclure lui conférait un plus grand rapport de force face à Ottawa.
Le premier ministre fédéral a aussitôt esquivé la question. Appelé à préciser ses propos sur les seuils d’immigration de Québec, M. Trudeau a persisté et signé.
«Je parle à énormément d’entrepreneurs et de communautés à travers le Québec qui font face à (la) pénurie de main-d’œuvre. On sait que ça va prendre plus d’immigration, mais je comprends aussi que c’est une conversation à avoir avec le premier ministre Legault», a-t-il offert pour étayer sa position.
Il a présenté l’immigration comme «une source de solution» pour contrer les effets de la pénurie de main-d’œuvre.
«On est là pour travailler avec le premier ministre Legault, mais on respecte que ce soit lui le premier ministre du Québec», a tempéré M. Trudeau.
M. Legault milite aussi depuis des mois pour rapatrier plus de pouvoirs en immigration dans le giron provincial.
Pour ce faire, le premier ministre réélu a évoqué l’idée de tenir un référendum sectoriel sur l’immigration.
Actuellement, l’immigration est une compétence partagée entre Québec et Ottawa. L’idée de la consultation populaire serait de demander aux électeurs d’appuyer la démarche visant à ce que le Québec contrôle davantage son immigration.
Mais aux yeux du lieutenant pour le Québec du gouvernement Trudeau, Pablo Rodriguez, le Québec a déjà «tous les outils en main actuellement pour choisir la très grande majorité de ses immigrants».
Comme il l’avait soutenu la veille, il a affirmé mercredi que la province a les pouvoirs de sélectionner jusqu’à 28 % des immigrants arrivant au Canada chaque année et qu’elle n’en choisit dans les faits que 13 %.
«Ce qui veut dire qu’il y a un autre (pourcentage) que Québec pourrait choisir et qui serait entièrement francophone», a-t-il dit mardi.
Selon l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration, la Belle Province peut recevoir un pourcentage du total des immigrants arrivant au Canada qui équivaut à l’apport de sa population au sein de la fédération. À l’heure actuelle, le poids démographique du Québec est d’environ 23 % de la population canadienne.
L’entente intergouvernementale permet aussi au Québec de recevoir un 5 % supplémentaire du total de nouveaux arrivants accueillis au Canada, d’où le 28 % mentionné par M. Rodriguez.
Toutefois, le plan en matière d’immigration du Québec pour 2022 fixe un seuil de nouveaux arrivants dans une fourchette allant de 49 500 à 52 500 personnes. Cela représente entre 11 % et 12 % des 431 645 immigrants qu’Ottawa souhaite accueillir dans l’ensemble du pays pour la même année.
Suivant la logique de M. Rodriguez, le gouvernement Legault devrait donc nécessairement, s’il souhaite atteindre les 28 %, augmenter son seuil d’immigration au-delà de 50 000 nouveaux arrivants.
L’attaché de presse du premier ministre Legault n’avait pas répondu à la demande de commentaire de La Presse canadienne au moment d’écrire ces lignes.
De son côté, le chef bloquiste Yves-François Blanchet s’est insurgé du «mépris pitoyable» qu’il dénote dans la réponse d’Ottawa aux demandes de Québec en immigration.
«Je ne sais pas pour qui ils se prennent, mais j’ai l’impression qu’ils se creusent un passif au Québec et qu’un beau jour la facture va arriver», a-t-il lancé avant de se rendre à la période des questions aux Communes.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a signalé qu’il s’opposait au transfert de pouvoirs en immigration. «Je comprends la peur et la menace de diminution de la francophonie (et) je pense que c’est important d’y répondre. Je pense que la façon de faire est de mettre plus d’accent sur la francisation», a-t-il ajouté.
Le conservateur Pierre Paul-Hus a fait savoir que son parti attend des discussions avec Québec et avec l’équipe du nouveau chef, Pierre Poilievre, pour se positionner.
Sur une autre demande du premier ministre Legault, soit celle d’une hausse des transferts fédéraux en santé, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a évité de s’avancer mercredi.
Invité par les journalistes à spécifier quelle échéance il fixait pour lancer des négociations formelles avec le Québec et les autres provinces, il s’est contenté de répondre qu’il a des contacts réguliers avec ses homologues des autres ordres de gouvernement.
«On travaille sur les actions qu’on veut appuyer ensemble et les résultats qu’on veut atteindre. Et il y aura une discussion par la suite, même si elles commencent déjà à avoir lieu, sur les moyens qu’on aura besoin d’utiliser pour atteindre ces résultats», a-t-il dit.
Les provinces et territoires font front commun depuis plusieurs années pour réclamer une hausse des transferts en santé qui ferait passer la contribution d’Ottawa de 22 % à 35 % des coûts. Pour le Québec, cela représenterait une hausse de 6 milliards $.