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Le député Frank Caputo a visité le mois dernier l'établissement à sécurité moyenne de La Macaza, dans les Laurentides. Il affirme qu'après avoir visité la cellule de Paul Bernardo, il s'est même retrouvé face à face avec lui.
Service correctionnel Canada affirme qu'il n'y a pas eu de patinoire fonctionnelle au cours des deux derniers hivers à l'établissement de La Macaza où, selon un député conservateur, des détenus notoires peuvent «jouer au hockey aux frais des contribuables».
Le député Frank Caputo a visité le mois dernier l'établissement à sécurité moyenne de La Macaza, dans les Laurentides. Il affirme qu'après avoir visité la cellule de Paul Bernardo, il s'est même retrouvé face à face avec le violeur en série et le meurtrier.
M. Caputo a dénoncé le fait que des criminels violents aient accès à des installations récréatives, mais le Service correctionnel du Canada affirme qu'il n'y a actuellement aucune patinoire ni court de tennis en état de fonctionner à La Macaza.
Par ailleurs, le Service correctionnel dit comprendre que le député n'a pas «interagi» avec le prisonnier de triste renommée.
Bernardo a été transféré l'année dernière dans cette prison à sécurité moyenne depuis le pénitencier de l'Ontario où il avait été incarcéré pendant des décennies. Son transfert a déclenché une tempête politique pour les libéraux, alors que les conservateurs ont exigé qu'il revienne purger sa peine de prison à perpétuité, pour une durée indéterminée, dans un établissement à sécurité maximale.
Bernardo a été condamné pour l'agression sexuelle et le meurtre de Kristen French, 15 ans, et de Leslie Mahaffy, 14 ans, commis au début des années 1990 près de St. Catharines, en Ontario.
Il a également été reconnu coupable d'homicide involontaire relativement au décès, en décembre 1990, de Tammy Homolka, 15 ans, la sœur cadette de son épouse d'alors, Karla Homolka. Bernardo, désigné délinquant dangereux, a admis avoir aussi agressé sexuellement 14 autres femmes.
Le Service correctionnel a déclaré que toutes les procédures avaient été suivies à la lettre pour son transfert et que Bernardo satisfaisait depuis longtemps aux critères pour être reclassé comme détenu «à sécurité moyenne» – des décisions, selon Ottawa, qui sont prises indépendamment des politiciens.
Le député Caputo, de la Colombie-Britannique, qui est l'un des porte-paroles conservateurs en matière de justice, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux détaillant sa visite à La Macaza. Dans la vidéo de près de sept minutes, il explique comment il a eu accès à la cellule de Bernardo, en l'absence du détenu.
Il a déclaré qu'après «quelques minutes» dans la cellule, il s'est retrouvé face à face avec Bernardo, reconnaissable entre tous, a-t-il dit.
Le Service correctionnel a confirmé que M. Caputo et des représentants syndicaux avaient visité l'établissement début février et que les autorités avaient accédé à la demande du député d'accéder à la cellule de Bernardo en l'absence du détenu.
Le porte-parole Kevin Antonucci a écrit dans un courriel: «nous croyons comprendre que les participants n'ont pas interagi avec Paul Bernardo lors de leur visite».
En réponse aux questions de La Presse Canadienne, lundi soir, M. Caputo n'a pas répondu directement aux interrogations sur sa prétendue rencontre avec Bernardo.
Il a expliqué qu'il voulait voir par lui-même «comment vivent les pires tueurs comme Bernardo», suggérant que le premier ministre Justin Trudeau avait donné la priorité au confort des détenus plutôt qu'à la sécurité publique.
Un porte-parole du Syndicat des agents correctionnels du Canada a confirmé que certains de ses représentants étaient présents lors de la visite de La Macaza, mais refuse de donner des détails sur des détenus en particulier.
Tom Engel, président de l'Association canadienne du droit pénitentiaire, a déclaré qu'il avait été «surpris» que le député Caputo ait pu entrer dans la cellule de Bernardo, étant donné que les détenus ont toujours le droit à la vie privée.
En vertu de la loi régissant les services correctionnels fédéraux, les députés, les sénateurs et les juges ont le droit d'entrer dans n'importe quelle partie d'un pénitencier et peuvent rendre visite à n'importe quel détenu, à condition que le prisonnier donne son consentement.
M. Caputo déclare dans la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qu'il avait demandé la permission d'entrer dans la cellule de Bernardo. Il soutient qu'il a été frappé par le comportement de Bernardo lorsqu'il l'a croisé. «Il savait que je n'étais pas à ma place (...) En français, il m'a dit : 'Tout va bien?'.»
M. Engel se demande comment le député a été autorisé à accéder à la cellule de Bernardo pendant son absence et si son droit à la vie privée avait été violé. Le Service correctionnel n'a pas répondu à d'autres questions à ce sujet.
«Je n'ai jamais entendu ça: un député qui entre dans la cellule d'un prisonnier et regarde autour de lui, a déclaré M. Engel. Je ne peux pas imaginer que tant de prisonniers diraient: "Oui, bien sûr, entrez, surtout quand je ne suis pas là".»
Dans sa vidéo, M. Caputo voulait aussi dénoncer le fait que les détenus auraient accès à des installations de loisirs. «Je suis sorti, j'ai jeté un coup d'œil et j'ai dit: "Qu'est-ce que c'est, on dirait une patinoire", se souvient-il dans la vidéo. Et c'en était une. Les détenus peuvent y aller, avoir des patins et jouer au hockey», dénonce-t-il.
Et dans une entrevue accordée à l'émission «Daybreak Kamloops» de la CBC, M. Caputo a ajouté que la patinoire «ne semblait pas avoir été pelletée depuis un petit moment», mais il a noté qu'il avait également vu deux filets et que les responsables lui avaient dit que les détenus pouvaient emprunter des patins.
Le Service correctionnel a indiqué dans une déclaration écrite que même si des bandes étaient installées autour d'une patinoire de l'établissement, «il n'y a pas eu de glace au cours des deux derniers hivers».
Donner aux détenus l'accès à des activités récréatives «favorise des établissements plus sûrs pour ceux qui y vivent et y travaillent», en passant leur temps «de manière productive, contrôlée et saine», explique M. Antonucci.
Catherine Latimer, directrice générale de la Société John Howard du Canada, affirme que les Canadiens ignorent largement les dures conditions de vie auxquelles sont confrontés les détenus.
Elle estime que les détenus ont accès au sport «pour rester physiquement actifs et en bonne forme physique».
«Je ne pense pas qu'ils bénéficient d'un quelconque avantage supérieur à celui des citoyens qui ne sont pas prisonniers», a-t-elle déclaré dans une récente entrevue.
Mardi, M. Caputo a écrit sur les réseaux sociaux qu'«évidemment», la patinoire ne fonctionnait pas: «C'est le printemps! (...) Trop chaud pour le hockey, trop froid pour le tennis».