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«Plus que jamais, le monde est rempli d’incertitude et d’imprévisibilité.»
De l’intelligence artificielle incontrôlable à l’effondrement des écosystèmes, un nouveau rapport du gouvernement canadien présente 35 perturbations qui pourraient ébranler le pays dans un avenir proche.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
«Ces perturbations sont des événements et des circonstances qui pourraient affecter notre société et son fonctionnement, ainsi que la façon dont les gens vivent, travaillent et se connectent», indique le rapport. «Plus que jamais, le monde est rempli d’incertitude et d’imprévisibilité.»
Selon le rapport, ces perturbations pourraient se faire sentir dans un délai de trois ans seulement. Les dix principales perturbations dont la probabilité et l’impact combinés sont les plus élevés sont les suivantes :
En ce qui concerne la principale perturbation — « les gens ne peuvent pas dire ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas » — le rapport souligne la capacité de l’IA à générer des contenus réalistes qui sèment la discorde.
«Les fausses informations et la désinformation font qu’il est presque impossible de savoir ce qui est faux ou réel», indique le rapport. «Il est beaucoup plus difficile de savoir à quoi ou à qui faire confiance.»
Le rapport «Perturbations à l’horizon» a été créé par Horizons politiques Canada, une organisation fédérale qui fournit des prévisions stratégiques pour aider à renforcer la prise de décision future des gouvernements.
Bien que nombre des 35 perturbations soient liées entre elles, elles sont classées en cinq catégories : société, économie, environnement, santé et politique/géopolitique.
«Les personnes extrêmement riches utilisent leurs plateformes, leurs entreprises, leurs fondations et leurs investissements pour façonner les politiques publiques, en imposant leurs valeurs et leurs croyances personnelles et en contournant les principes de gouvernance démocratique», explique une section sur les milliardaires.
«Les régimes autoritaires sont largement plus nombreux que les démocraties et la lutte entre les deux idéologies est désordonnée dans de nombreux pays», peut-on lire dans une section consacrée à la démocratie. « Certains pays autoritaires connaissent des manifestations régulières en faveur de la démocratie, tandis que dans de nombreux pays démocratiques, des représentants dûment élus adoptent des lois qui démantèlent les principales institutions démocratiques.
Les perturbations varient également en gravité, allant de «la guerre mondiale éclate» à «les hommes sont en crise».
«Les garçons et les hommes sont confrontés à des niveaux sans précédent d’abandon scolaire, de chômage et de solitude, car les rôles traditionnels des hommes et des femmes sont remis en question», prédit le rapport.
Parmi les autres perturbations potentielles, citons : les antibiotiques ne fonctionnent plus, la nourriture se raréfie, une guerre civile éclate aux États-Unis et des armes biologiques artisanales plus fréquentes.
«Une perturbation pourrait avoir des conséquences en cascade dans des domaines inattendus, et la survenue d’une perturbation pourrait en déclencher d’autres», indique le rapport. «Bien qu’il ne soit pas garanti que les perturbations décrites dans ce rapport se produisent, elles sont plausibles et le fait de les ignorer peut entraîner des risques dans divers domaines politiques.»
Le rapport «Perturbations à l’horizon» fait suite à un rapport similaire publié en 2023 par la Gendarmerie royale du Canada, qui décrivait les tendances inquiétantes auxquelles il fallait se préparer au Canada, notamment le changement climatique, la désinformation, la méfiance des pouvoirs publics et une récession mondiale.
Francis Syms est doyen associé de la faculté des technologies de l’information et de la communication du Humber College, à Toronto. Pour lui, l’IA représente à la fois un outil puissant et une menace «réelle» dont les implications sont considérables pour bon nombre des perturbations mentionnées dans le rapport.
«Je pense que ce phénomène est en train de se produire et qu’il est important que le gouvernement commence à en parler», a déclaré M. Syms à CTVNews.ca. «Il y aura toujours des fermes de contenu qui ne feront que créer de la désinformation. Je pense que cela va générer de plus en plus de bruit et de confusion».
Philip Mai est codirecteur du Social Media Lab de l’Université métropolitaine de Toronto, où il étudie la désinformation, la propagande et les théories du complot.
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«Pour moi, la plus grande inquiétude est qu’au fur et à mesure que ces choses prolifèrent dans la société, notre niveau de confiance dans ce qui est réel et ce qui ne l’est pas va s’infiltrer dans tout ce que nous faisons, et le revers de la médaille est que cela va nous amener à tout remettre en question », a dit M. Mai à CTVNews.ca. « Le génie est sorti de la bouteille. Ces outils sont utiles, mais ... comme la plupart des outils, ils ont des conséquences inattendues».
M. Syms estime que les technologies libres, les réglementations et l’éducation joueront un rôle essentiel pour aider les gens à reconnaître la réalité en ligne.
«Il faut peut-être s’assurer que les élèves du secondaire comprennent de quoi il s’agit, ou ceux du primaire», ajoute-t-il. «Je pense qu’il s’agit d’une question permanente, mais c’est quelque chose de nouveau que nous n’avons jamais abordé auparavant.»
Selon M. Mai, les décideurs politiques devront être très attentifs à l’évolution de la technologie de l’IA.
«C’est comme avant l’invention des coussins gonflables... nous en sommes maintenant au stade où il y a une voiture et nous attendons qu’il y ait davantage d’accidents de voiture pour que les gens réclament des ceintures de sécurité et des coussins gonflables», a déclaré M. Mai. «Il faudra attendre le reste de la décennie pour savoir ce que l’IA peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire.»