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Les partis d’opposition ont tenu un point de presse commun, mardi, pour réclamer d’une seule et même voix la tenue d’une enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie.
Le gouvernement Legault savait dès la mi-mars 2020 qu’il y avait une catastrophe en cours dans les CHSLD mais n’a pas agi, selon l'opposition.
En matinée, ils avaient chacun réagi individuellement au reportage de Radio-Canada qui a révélé l’existence de courriels transmis par des gestionnaires de CHSLD à de hauts fonctionnaires. On apprend notamment à la lecture de ces courriels que la directrice de l’Association des établissements privés conventionnés (AEPC), Annick Lavoie, avait lancé plusieurs appels à l’aide dès le 12 mars 2020. Elle tirait la sonnette d’alarme quant au manque d’équipement, au transfert de patients des hôpitaux vers les CHSLD et au déplacement de la main-d’œuvre, et demandait au gouvernement « d’agir, de grâce ». Ses courriels et d’autres ont été déposés en preuve dans le cadre de l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur les décès survenus en CHSLD lors de la première vague de la pandémie.
Rappelons que plusieurs témoins ont affirmé à l’enquête savoir dès janvier 2020 que les résidants des CHSLD risquaient d’être particulièrement vulnérables à la COVID-19. Ce n’est qu’à la mi-avril, quand les éclosions et les décès se multipliaient dans les CHSLD, que « des actions ont été prises », a souligné la Protectrice du citoyen dans son rapport.
Au final, ce sont 4000 aînés qui sont morts dans les CHSLD entre mars et juin 2020. « Est-ce qu’on a ignoré (les avertissements) ? Est-ce qu’on a tenté de pelleter par en avant en se disant que ça va finir par passer ? » a réagi mardi le porte-parole de Québec solidaire (QS) en santé, Vincent Marissal. « De toute évidence, ça fait partie des questions qu’on voudrait explorer dans une commission d’enquête publique beaucoup plus large. »
Lors de la période des questions, qui a une fois de plus porté uniquement sur les morts en CHSLD, le premier ministre François Legault s’est défendu en disant n’avoir jamais reçu d’avertissements. « Chaque matin, on avait une réunion de la cellule de crise. La ministre des Aînés (Marguerite Blais) était là, sa directrice de cabinet était là (…) la sous-ministre aux Aînés, Mme (Natalie) Rosebush était là », a-t-il énuméré. « Autour de la table, il y avait 15, 20 personnes chaque matin. (…) Personne n’a soupçonné l’étendue de ce qui s’en venait dans les CHSLD. (…) Ça ne s’est pas rendu à notre table. » « La cellule de crise n’avait pas cette information-là », a insisté le ministre de la Santé, Christian Dubé, avant que son collègue Simon Jolin-Barrette ne somme l’opposition d’arrêter d’essayer de « réécrire l’histoire ». « On dirait qu’on est dans “Back to the Future”, a-t-il lancé. C’est honteux. »
La cheffe libérale Dominique Anglade a reproché à François Legault son « aveuglement volontaire » et sa « relation trouble avec les faits et la vérité ». « Il est clair qu’il y a de l’information qui est cachée aux Québécois, a-t-elle dit. Écoutez, ces courriels-là, ils existent. Les courriels qu’on a vus qui ont été mis de l’avant, ils existent. « Le gouvernement ne nous dit clairement pas tout, a-t-elle ajouté. Encore une fois, on a de l’information qui nous montre que le gouvernement savait et qu’il n’a pas agi. »
Selon le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, M. Legault utilise la « stratégie de l’embrouille ». « C’est de mêler les cartes, confondre les Québécois avec toutes sortes de versions des faits. » Son collègue Marissal a renchéri en accusant les caquistes de s’être construit, de surcroît, un « petit monde parfait », pour que personne ne soit imputable. « La ministre des Aînés n’est pas là pour répondre. (…) Le ministre de la Santé, actuellement, n’était pas là au moment de la première vague. (…) La ministre McCann n’est plus à la Santé. « Alors, c’est comme le monde rêvé de la Coalition avenir Québec (CAQ), où finalement on n’a pas d’imputabilité et on ne répond pas aux questions », dénonce-t-il.
Une annonce avant Noël Le Parti québécois (PQ) demande au gouvernement de lui faire le « cadeau » d’annoncer une commission d’enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie avant les Fêtes. Or, mardi, les caquistes n’ont donné aucune indication comme quoi ils déclencheraient une telle enquête, affirmant plutôt vouloir laisser la coroner et la commissaire à la santé terminer leurs travaux. « Les Québécois sont en droit de s’attendre à un examen complet, indépendant, neutre et public de la façon dont l’ensemble de l’oeuvre a été géré par le gouvernement », a martelé le chef parlementaire du PQ, Joël Arseneau. « On l’a fait pour des dossiers, pour des crises ou pour des évènements beaucoup plus mineurs dans l’histoire du Québec, au regard de la crise que l’on vit encore aujourd’hui », a-t-il plaidé.