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Le gouvernement en difficulté d'Haïti accuse le Canada de retarder sa livraison promise de véhicules blindés et soutient que ce retard entrave un plan visant à éliminer les gangs violents de Port-au-Prince.
Le gouvernement en difficulté d'Haïti accuse le Canada de retarder sa livraison promise de véhicules blindés et soutient que ce retard entrave un plan visant à éliminer les gangs violents de Port-au-Prince.
Dans une entrevue à la radio haïtienne, la ministre de la Justice par intérim, Emmelie Prophète-Milcé, a déclaré en français que la société fournissant les chars «n'a pas tenu parole».
Depuis des mois, des gangs violents contrôlent la majeure partie de la capitale haïtienne, entraînant une pénurie de produits de première nécessité et de soins médicaux ainsi qu'une augmentation des agressions sexuelles.
Dans le cadre de la réponse du Canada, Ottawa affirme avoir transporté par avion des véhicules blindés que le gouvernement haïtien a achetés, ce qui pourrait éviter la nécessité d'une intervention militaire internationale.
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Mais Mme Prophète-Milcé dit que la majorité des 18 véhicules blindés commandés par son pays ne sont pas encore arrivés, et elle affirme que «la police pourrait mettre en œuvre sa stratégie si tous les véhicules blindés étaient livrés à temps».
Affaires mondiales Canada a été invité à répondre à ces allégations.
Les commentaires de la ministre interviennent alors que le premier ministre Justin Trudeau continue d'appeler l'Europe et les États-Unis à imiter le Canada et à sanctionner les élites haïtiennes.
«Pour moi, la meilleure façon de refaire une stabilité pour Haïti, c'est d'abord de sanctionner les élites pour leur dire qu'elles ne peuvent plus financer les gangs (ni) l'instabilité politique», a-t-il indiqué lundi au cours d'une assemblée publique dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, qui compte une importante diaspora haïtienne.
Le Canada a imposé des sanctions contre 17 membres de l'élite politique et économique d'Haïti pour leurs liens présumés avec des gangs. Ottawa leur interdit notamment de faire des transactions financières au Canada. Bon nombre des personnes visées par les sanctions contestent ces allégations et soutiennent qu'Ottawa a agi sur la base d'informations de mauvaise qualité.
En décembre dernier, M. Trudeau avait exhorté l'Europe à emboîter le pas. L'ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae, a déclaré en janvier que la France pourrait faire la différence en imposant elle aussi des sanctions semblables.
M. Trudeau a indiqué lundi qu'il n'était pas satisfait de la réponse de ces pays jusqu'ici. «Les États-Unis ont commencé à faire plus de sanctions. On a besoin qu'ils en fassent beaucoup plus. On a besoin que les pays d'Europe, que la France, en fassent plus», a-t-il soutenu.
La France a déclaré qu'elle s'en tenait plutôt à un processus des Nations unies visant à sanctionner les mauvais acteurs en Haïti, en les empêchant de visiter la plupart des pays et en leur interdisant de faire des transactions financières avec des entités étrangères. Ce lent processus onusien n'a touché qu'une seule personne depuis octobre dernier.
Lors d'une entrevue en décembre, l'ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauriès, avait critiqué l'approche du Canada, préférant celle de l'ONU. Et «si les sanctions restent canadiennes, elles échoueront», a-t-il déclaré à Radio France Internationale.
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Le gouvernement non élu d'Haïti a demandé une intervention militaire internationale pour éliminer les gangs, mais ce scénario divise profondément les Haïtiens.
L'ONU a déjà établi que des militaires étrangers qu'elle a supervisés lors de déploiements antérieurs en Haïti avaient agressé sexuellement des résidants et provoqué une épidémie de choléra.
Par ailleurs, M. Trudeau a déclaré mercredi qu'Ottawa avait aidé Haïti de nombreuses manières depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, mais qu'il fallait un changement plus durable.
«Nous avons livré des missions militaires, nous avons construit des hôpitaux, nous avons formé des policiers, fourni des gardiens de prison, nous avons fait une quantité énorme d'interventions et pourtant les problèmes persistent», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Terre-Neuve-et-Labrador.
M. Trudeau a fait valoir qu'il fallait adopter une «nouvelle approche» où les Haïtiens sont aux commandes. «L'intervention extérieure comme nous l'avons fait dans le passé n'a pas fonctionné pour créer une stabilité à long terme pour Haïti.»
En tout cas, le chef d'état-major de la Défense doute que le Canada ait la «capacité» militaire de mener une telle intervention en Haïti. «Il y a tellement d'éléments à prendre en compte (...) Ce serait difficile», admettait la semaine dernière le général Wayne Eyre, dans une entrevue à Reuters.