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Le ministre fédéral de l'Environnent, Steven Guilbault, recommandera à son gouvernement de mettre en place un décret pour mieux protéger le caribou au Québec.
Le ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbeault recommandera à son gouvernement de mettre en place un décret pour mieux protéger le caribou au Québec. Une décision qu’a du mal à comprendre son homologue québécois Benoit Charette.
Dans une lettre transmise au ministre provincial de l’Environnement, le ministre fédéral estime que le caribou n’est pas efficacement protégé dans sa province.
«La présente fait suite à notre plus récente conversation téléphonique. Comme il a été mentionné lors de cet appel, j’estime, en tenant compte des renseignements disponibles, que la quasi-totalité de l’habitat essentiel du caribou (caribou boréal) situé sur le territoire non domanial au Québec n’est pas efficacement protégée», a écrit le ministre Guilbeault.
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En réponse à cette correspondance dont La Presse canadienne a obtenu une copie, le ministre québécois Benoit Charette a indiqué que «l’approche du gouvernement fédéral dans ce dossier est dure à suivre».
Dans un courriel, le ministre Charette a fait valoir que les deux gouvernements s’étaient «pourtant entendus l’été dernier quant aux gestes à poser et Steven Guilbault sait très bien que nous avons l’intention d’arriver à une stratégie d’ici l’été».
Il a ajouté qu’avant de présenter son plan, «on doit consulter les régions impliquées, y compris les communautés autochtones. Nous n’avons pas changé de position: la protection et le rétablissement du caribou forestier et montagnard, c’est une compétence et une responsabilité du gouvernement du Québec».
Au printemps dernier, Ottawa avait lancé un ultimatum au gouvernement Legault et menacé d’intervenir si Québec ne présentait pas un plan pour protéger les caribous.
Le premier ministre François Legault avait invité le fédéral à ne pas s’immiscer dans ce qu’il considère être un dossier provincial.
Puis, au mois d’août, les deux parties annonçaient qu’une entente de principe avait été conclue pour diminuer le déclin du caribou.
Mais après avoir pris connaissance d’une analyse effectuée par Environnement et Changement climatique Canada concernant la protection du caribou, Steven Guilbault a écrit qu’il est «maintenant tenu, en application de la Loi, de recommander à la gouverneure en conseil la prise d’un décret de protection pour les parties non protégées de l’habitat essentiel du caribou boréal».
Québec prévoit présenter un plan de protection du caribou cet été et le ministre Guilbeault en a fait référence dans la lettre envoyée à son homologue.
«Mon avis n’affecte en rien les échanges qui ont cours présentement en vue d’arriver à une solution durable pour le caribou. J’attends votre stratégie finale de conservation d’ici la fin juin 2023 qui, à ne pas en douter, sera fondée sur la science et sera élaborée en consultation avec les peuples autochtones. Voyez dans la situation du caribou un moyen pour le Québec d’innover en matière de gestion des forêts et de développer un modèle qui servira d’exemple à tout le Canada», a écrit Steven Guilbeault.
Le ministre Charette a mentionné qu’il entendait «poursuivre le travail, avec la collaboration du gouvernement fédéral», mais que son gouvernement «ne peut toutefois pas faire abstraction de l’importance de la foresterie dans les régions, d’où la nécessité de bien faire les choses avec les parties prenantes».
La foresterie est l’une des causes du déclin des populations des caribous.
Au fil du temps, l’industrie forestière a enlevé une grande partie de la vieille forêt et l’a remplacée par des arbres plus jeunes, privant ainsi le caribou de son habitat et de sa nourriture. Également, les chemins forestiers favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.
Les populations de caribous du Québec, fortement perturbées par l’activité humaine, poursuivent leur déclin, selon les derniers inventaires publiés au début du mois de janvier par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Les inventaires des populations de caribous réalisés en 2021 et 2022 dans la région de la Gaspésie, du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord, montrent que les hardes continuent de décliner, principalement en raison de la destruction de leur habitat.
Seule la population de caribous de Caniapiscau serait en croissance, selon les derniers inventaires.
L’équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec estimait qu’il restait entre 5635 et 9981 caribous sur le territoire pour la période allant de 2005 à 2016.
Mais ces estimations ne correspondent plus à la réalité et les inventaires qui ont cours dans plusieurs régions du Québec permettront d’avoir un portrait plus clair de l’ampleur du déclin de cet animal emblématique.