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Politique

Guerre tarifaire: Ottawa annonce une série de mesures de soutien pour les entreprises

«Nous ne laisserons pas les travailleurs et les entreprises derrière.»

Le ministre de l'Emploi, Steven MacKinnon, s'entretient avec des journalistes, le 8 janvier dernier, en marge d'une réunion du caucus libéral à Ottawa.
Le ministre de l'Emploi, Steven MacKinnon, s'entretient avec des journalistes, le 8 janvier dernier, en marge d'une réunion du caucus libéral à Ottawa.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi une série de mesures visant à aider les entreprises à garder leurs employés malgré les répercussions anticipées de la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada. 

«Nous ne laisserons pas les travailleurs et les entreprises derrière», a déclaré le ministre de l'Emploi, Steven MacKinnon, en point de presse sur la colline parlementaire, à Ottawa.

Ce dernier a fait savoir que des changements au Programme de travail partagé de l'assurance-emploi entreront en vigueur dès vendredi. Ces modifications doivent permettre de prolonger la période d'admissibilité du programme, qui couvrira désormais 76 semaines.

M. MacKinnon a expliqué que le programme, qui est peu connu du public, permet à des employeurs d'éviter de licencier des employés lorsqu'ils font face à des difficultés financières.

Plus précisément, le programme donne des prestations d'assurance-emploi aux employés qui voient leur nombre d'heures de travail réduites en raison de soubresauts économiques. Cette entrée d'argent sert à compenser pour leur perte de revenu d'emploi.

«Cela permet aux employeurs de maintenir en poste des travailleurs expérimentés et d’éviter les licenciements, détaille Ottawa par communiqué. Pour leur part, les travailleurs peuvent ainsi conserver leur emploi et leurs compétences tout en complétant leur salaire réduit par des prestations d’assurance-emploi.»

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) voit les changements à l'assurance-emploi comme étant «un pas dans la bonne direction»

«Avec l’incertitude actuelle et les turbulences qui s’en viennent, on aurait souhaité une révision plus importante de l’assurance-emploi. (...) Il est urgent d’aller plus loin pour les travailleurs et les travailleuses», a déclaré la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Dans la même veine, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) estime que ce qui a été annoncé est «trop peu». «S(i le gouvernement) considère d’autres mesures, il doit agir, dès maintenant, pour améliorer l’accessibilité et la flexibilité de l’assurance-emploi. (...) N'attendons pas que le système soit surchargé avant d’agir», ont réagi Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du CNC.

Aux côtés de M. Mackinnon, la ministre de la Petite Entreprise, Rechie Valdez, a annoncé que 500 millions $ seront versés par le biais de prêts à taux préférentiels par l’intermédiaire de la Banque de développement du Canada (BDC).

La BDC a ensuite spécifié quelles entreprises seront admissibles, c'est-à-dire des «PME dont les finances sont négativement affectées par les répercussions de la menace tarifaire ou de tarifs douaniers américains imposés».

À voir également: Tarifs douaniers: l’inquiétude perdure chez les entreprises

Des reports de paiement seront offerts, de même que du financement. Ces mesures «cibleront principalement les PME qui ont un modèle d’affaires viable et qui réalisent des ventes directes sur le marché américain, ou celles qui font partie de chaînes d'approvisionnement ayant une exposition directe aux États-Unis», détaille-t-on par communiqué.

«Le soutien est réservé aux PME confrontées à des contrats suspendus ou annulés, ou ayant constaté des coûts accrus ou d’autres impacts directs sur leurs finances en raison de l’incertitude liée aux tarifs américains», ajoute la BDC.

La ministre du Commerce international, Mary Ng, a pour sa part annoncé le lancement d'un programme qui donnera accès à 5 milliards $ sur deux ans pour aider les exportateurs canadiens à trouver des nouveaux marchés où écouler leurs produits.

L'argent pourra aussi servir à «surmonter les difficultés découlant des droits de douane, notamment les pertes liées aux défauts de paiement, aux fluctuations des taux de change, au manque d’accès à des liquidités et aux obstacles au développement», précise Ottawa dans son communiqué.

L'enveloppe de 5 milliards $ sera distribuée par Exportation et développement Canada (EDC). «Nous travaillons rapidement pour offrir une aide efficace aux exportateurs et investisseurs canadiens qui doivent s’adapter à la nouvelle réalité des marchés», a assuré Alison Nankivell, présidente et chef de la direction d’EDC.

L'ensemble des mesures dévoilées vendredi par le gouvernement fédéral totalise des dépenses de 6 milliards $.

Le ministre MacKinnon a indiqué que les mesures annoncées n'étaient qu'un «début». Il a assuré qu'Ottawa adapterait son soutien aux entreprises en fonction de l'évolution de la situation.

Une autre vague d'aide fédérale ou un «éventail de mesures commerciales nécessiterait un budget proposé et voté», a-t-il dit.

Les travaux parlementaires sont sur la glace depuis que le premier ministre sortant, Justin Trudeau, a prorogé le Parlement au début janvier. Ainsi, aucun projet de loi ne peut être déposé, débattu ou adopté par les députés de la Chambre des communes.

Cela dit, le ministre MacKinnon estime ne pas avoir besoin de faire adopter des changements législatifs pour aller de l'avant avec les mesures annoncées vendredi.

«Nous avons considéré plusieurs mesures qui pourraient être taillées sur mesure, en fonction de la situation (...) et je suis persuadé que nous avons tous les pouvoirs nécessaires.»

Questionné à savoir si les dépenses de 6 milliards $ nuiraient aux efforts du Canada de limiter son déficit budgétaire, le ministre a répondu qu'aucune «grande mesure fiscale (...) qui porterait atteinte à nos prévisions fiscales» n'a été annoncée.

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne