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Les manifestants dénoncent l'abandon d'un service qu'ils jugent «essentiel» ainsi que le «sous-financement chronique» dont ferait l'objet la STM.
Des personnes affectées par la décision de la Société de transport de Montréal (STM) de mettre fin au Réseau des bus 10 minutes MAX sur 31 lignes d'autobus ont manifesté jeudi matin à la station de métro Place-des-Arts afin de dénoncer cette situation.
Les manifestants dénoncent l'abandon d'un service qu'ils jugent «essentiel» ainsi que le «sous-financement chronique» dont ferait l'objet la STM.
Les usagers déplorent du coup l'augmentation des délais d'attente pendant les heures de pointe.
Les représentants des personnes affectées par la réduction de service de transport collectif se sont réunis jeudi matin à la station de métro Place-des-Arts pour commémorer la mort du Réseau des bus 10 minutes MAX. Photo : Alexander Walsh
En raison de déficit budgétaire, la STM annonçait au début du mois de janvier qu’elle devait réajuster son offre et mettre fin à sa promesse d’un autobus toutes les 10 minutes maximum.
«En raison du contexte actuel, la fréquence des passages a été réajustée en fonction de l’achalandage : un intervalle de plus de 10 minutes pourrait donc être observé entre deux passages sur nos lignes 10 Max, en heure de pointe» pouvait-on lire alors sur le site internet de la STM.
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Des organisations, dont Trajectoire Québec — une association qui intervient dans la représentation des citoyens et la promotion de leurs intérêts en matière de transports collectifs partout au Québec — demande au gouvernement du Québec de mettre en place des solutions de financement pérennes pour garantir à la population l'accès à des services de transport en commun de qualité.
Le groupe avance que «les sociétés de transport collectif s’attendent à un déficit budgétaire de 900 millions de dollars d’ici 2027.»
«Les sociétés de transport en commun, comme la STM, n’ont pas les moyens d'offrir un service à la hauteur des besoins des Québécois. La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, reconnaît que le modèle actuel de financement des sociétés de transport collectif au Québec est dans une impasse», a déclaré dans un communiqué de presse Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec.
L'organisation doit recevoir la visite de Mme Guilbault le 6 février prochain lors du Déjeuner-Bénéfice annuel de Trajectoire Québec et souhaite qu'elle indique concrètement «comment le gouvernement prévoit-il de faire face aux problèmes du transport en commun dans le prochain budget du Québec.»
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Par ailleurs, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) — un organisme de bienfaisance indépendant consacré à la protection de l’environnement — affirme que le transport collectif «s’impose comme une alternative à l'auto solo et une solution pour réduire les émissions de GES» d'où l'intérêt notamment d'assurer son financement.
«Considérant les engagements pris dans le Plan de développement et d’aménagement métropolitain (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et le Plan Climat de la Ville de Montréal, un recul en transport en commun est inacceptable», a affirmé Blaise Rémillard, responsable transport et urbanisme au CRE-Montréal.
L'organisme est d'avis que la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec «doivent agir de manière proactive pour bâtir un système de transport en commun solide pour atteindre les cibles de réduction de GES.»
Le CRE-Montréal rappelle d'ailleurs que dans son Plan Climat, l’administration Plante vise à réduire la place de l’auto solo de 25 % d’ici 2030 et que le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) prévoit hausser la part modale du transport en commun en période de pointe du matin à 35 % d’ici 2031.
Récemment, des délégués des syndicats de la FTQ se disaient aussi inquiets des difficultés financières des sociétés de transport en commun et pressaient les gouvernements fédéral et provincial d'y réinvestir d'urgence.
Plusieurs syndicats de la FTQ sont directement concernés par le dossier du transport en commun, puisque le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), par exemple, représente les chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la Société de transport de Montréal (STM), et le syndicat Unifor celui des travailleurs de Novabus, qui assemblent des autobus à Saint-Eustache et Saint-François-du-Lac.
Craignant une «spirale de la mort» qui entraînerait les sociétés québécoises de transport, le porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois appelait aussi récemment le gouvernement de François Legault à soutenir financièrement ces sociétés.
Le 23 janvier dernier, le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a convoqué les médias à l'annonce «d'un investissement majeur» pour le métro de Montréal. La ligne bleue du métro de Montréal sera dotée d’un nouveau système de contrôle des trains, ce qui devrait améliorer le service. Il s’agit d’un investissement de plus de 565 M$.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a profité de la conférence de presse pour lancer un vibrant plaidoyer sur l'importance de revoir la manière de financer le transport en commun.
«Dans une métropole comme Montréal, il faut qu'on soit capable de construire et d'entretenir notre réseau de transport collectif en continu: les deux vont ensemble», avait alors fait valoir la mairesse, ajoutant que l'enjeu ne date pas d'hier.