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En fin de compte, 307 députés ont voté en faveur, et 29 autres, soit les bloquistes, les néo-démocrates et la députée verte, ont voté contre.
Le chat est sorti du sac. Les conservateurs de Pierre Poilievre ont appuyé, lundi, le premier des deux bâillons proposés par le gouvernement libéral de Mark Carney pour faire adopter le projet de loi C-5 sur les grands projets nationaux, dont des oléoducs, d'ici la fin de la semaine prochaine.
Les libéraux se sont mis à applaudir dans la Chambre des communes lorsque les conservateurs ont commencé à faire part de leur décision durant le vote visant à assurer que le débat sur une motion qui précise un échéancier expéditif au projet de loi se termine en soirée.
En fin de compte, 307 députés ont voté en faveur, et 29 autres, soit les bloquistes, les néo-démocrates et la députée verte, ont voté contre.
Les opposants ont aussitôt jugé qu'est née une «coalition libérale-conservatrice» qui est au service des pétrolières et des grandes entreprises.
Ils ne digèrent pas l'absence d'une véritable étude sur ce projet de loi qui, dans sa forme actuelle, autorise le conseil des ministres à outrepasser n'importe quelle loi ou règlement adopté par le Parlement du Canada – ce qui pourrait même inclure le Code criminel – afin d'être en mesure de donner le feu vert à des projets qu'il désigne comme étant d'intérêt national.
Plus tôt en journée, le ministre Steven Guilbeault a tenté d'apaiser les craintes des écologistes et a semblé miser sur des amendements qui pourraient être apportés lors du processus législatif.
«On est au milieu du processus parlementaire. Le projet de loi cheminera vers un comité. Il sera probablement amendé. Il se rendra au Sénat également», a-t-il dit lors d'un point de presse à Ottawa.
Impossible cependant de savoir s'il appuie «oui ou non» le projet de loi dans sa forme actuelle. «J'ai l'impression d'être à la période des questions», a déclaré ce membre fondateur d'Équiterre et ancien porte-parole campagne Climat et Énergie de Greenpeace en évitant la question.
Dans les rangs libéraux, à travers les discours d'appui, un des leurs, l'Ontarien Nathaniel Erskine-Smith, s'est vidé le cœur, estimant que certaines mesures contenues dans le projet de loi sont des «menaces à la démocratie».
«Sous le couvert de répondre à la menace posée par (le président américain Donald) Trump, on sacrifie d’autres valeurs importantes et on ne pense pas aux conséquences imprévues et on sape notre démocratie parlementaire», a-t-il envoyé en pleine Chambre des communes.
Il voit dans C-5 deux défauts «majeurs»: il donne au gouvernement «un pouvoir discrétionnaire illimité dans la désignation des projets d'intérêt national» et «un pouvoir illimité pour l'en exempter (...) de n'importe quelle loi - n'importe quelle loi! - qui s'appliquerait autrement».
Lors de la période des questions, le Bloc québécois a accusé les libéraux de «trahir» les Québécois et de vouloir imposer des pipelines à la province – ces derniers jurent que l'acceptabilité sociale sera nécessaire, mais les conservateurs ne vont pas jusque là.
«Pierre Poilievre (le chef conservateur) n'avait même pas ça dans ses rêves les plus fous», a déclaré leur leader parlementaire, Christine Normandin.
Le leader du gouvernement à la Chambre, Steven MacKinnon, s'est désolé que les bloquistes tombent «un peu dans l'exagération».
«On a passé 35 jours en campagne électorale littéralement à parler de faire bouger l'économie canadienne, de faire de ce pays une seule économie canadienne qui fait avancer de grandes affaires, a-t-il déclaré. Le Bloc québécois a tort: les Québécois ont voté pour ça.»
Au Nouveau Parti démocratique, le chef adjoint Alexandre Boulerice a dit être «très inquiet» que les libéraux veillent «nous rentrer dans la gorge» un projet de loi «colossal» d'une manière qu'il juge aller «à l'encontre de toutes les règles parlementaires».
Selon lui, les libéraux feront en sorte qu'il n'y ait pratiquement plus d'évaluation environnementale et ne respecteront pas les Autochtones.
Le projet de loi C-5 vise également à éliminer les barrières fédérales au commerce intérieur et à faciliter l'accès des travailleurs à des emplois dans d'autres provinces. Ce volet fait généralement consensus.