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Colt Gray et son père ont comparu pour la première fois devant le tribunal.
Ils n'étaient que tous les deux, l'adolescent et son père, depuis qu'une expulsion, un an plus tôt, s'était soldée par une séparation des parents de l'enfant, qui avait brisé toute la famille.
C'est ce que Colin Gray a dit à un enquêteur du shérif de Géorgie qui s'est présenté à sa porte en mai 2023 pour lui demander si son fils Colt avait publié sur internet une menace de fusillade dans une école.
«Je ne sais pas s'il a (juron) dit ça comme ça», a dit Colin Gray à Daniel Miller, enquêteur du shérif du comté de Jackson, selon une transcription de leur entretien obtenue par l'Associated Press. «Je serai furieux s'il l'a fait, et alors toutes les armes disparaîtront.»
Aujourd'hui, Colt, 14 ans, et Colin Gray, 54 ans, sont tous deux accusés d'avoir tué deux élèves et deux enseignants mercredi au lycée Apalachee, dans le comté de Barrow, à l'extérieur d'Atlanta. Neuf autres personnes ont été blessées, dont sept par balle. Les Gray ont comparu vendredi pour la première fois devant le tribunal, où leurs avocats ont refusé de demander immédiatement une libération sous caution.
L'adolescent est accusé de meurtre et son père est accusé de meurtre au second degré pour avoir fourni à son fils un fusil semi-automatique de type AR-15 utilisé pour tuer des enfants. Les mandats d'arrêt indiquent que l'aîné Gray a agi ainsi en sachant que son fils «constituait une menace pour lui-même et pour les autres».
Les autorités du comté de Jackson ont mis fin à leur enquête sur Colt Gray il y a un an, concluant qu'il n'y avait pas de preuves claires permettant de le relier à une menace publiée sur Discord, un site de médias sociaux populaire auprès des joueurs de jeux vidéo. Les dossiers de cette enquête donnent au moins un petit aperçu d'un garçon qui a souffert de la rupture de ses parents et du collège qu'il fréquentait à l'époque, où, selon son père, les autres se moquaient souvent de lui.
«Il s'énerve et est sous pression. Il n'a pas vraiment les idées claires», a dit Colin Gray à l'enquêteur le 21 mai 2023, se souvenant d'une discussion qu'il avait eue avec le directeur de l'école de l'enfant.
Selon l'enquêteur, le père et le fils s'adonnaient fréquemment au tir et à la chasse. M. Gray a indiqué qu'il encourageait son fils à être plus actif à l'extérieur et à passer moins de temps à jouer à des jeux vidéo sur sa Xbox.
Lorsque Colt Gray a tué un cerf quelques mois plus tôt, son père était très fier. Il a montré à l'enquêteur une photo prise sur son téléphone portable en disant: «Vous le voyez avec du sang après avoir tué son premier cerf», a-t-il décrit. «C'était le plus beau jour de tous les temps.»
Le rapport de l'enquêteur et la transcription de l'entretien ne mentionnent pas que l'un ou l'autre des Gray possédait un fusil d'assaut. Lorsqu'on lui a demandé si son fils avait accès à des armes à feu, le père a répondu par l'affirmative. Mais, il a précisé que les armes n'étaient pas gardées chargées et a insisté sur le fait qu'il avait mis l'accent sur la sécurité lorsqu'il avait appris à son fils à tirer.
«Il connaît le sérieux des armes et ce qu'elles peuvent faire», a soutenu M. Gray. «Et comment les utiliser et ne pas les utiliser.»
Une expulsion a bouleversé la famille Gray au cours de l'été 2022. Le 25 juillet de cette année-là, un adjoint du shérif a été envoyé à la maison louée dans une impasse de banlieue où vivaient Colin Gray, sa femme, Colt et les deux jeunes frères et sœurs du garçon. Une équipe de déménageurs était en train d'empiler leurs affaires dans la cour.
L'adjoint du comté de Jackson a déclaré dans un rapport que les déménageurs avaient trouvé des armes et des arcs de chasse dans un placard de la chambre principale. Ils ont remis les armes et les munitions à l'adjoint pour qu'il les conserve, plutôt que de les laisser à l'extérieur avec les autres biens de la famille.
L'adjoint a écrit qu'il avait laissé des copies des formulaires de réception des armes sur la porte d'entrée afin que Gray puisse les récupérer plus tard au bureau du shérif.
Le motif de l'expulsion n'est pas mentionné dans le rapport. Colin Gray a déclaré à l'enquêteur en 2023 qu'il avait payé son loyer. Selon lui, c'est à la suite de l'expulsion que sa femme l'a quitté, emmenant avec elle ses deux jeunes frères et sœurs.
Colt Gray «a eu du mal au début à accepter la séparation et tout le reste», a mentionné le père, qui travaillait dans le bâtiment, à l'enquêteur. «Je suis le seul à subvenir aux besoins de ma famille, je construis des tours en ville.» Deux jours plus tard, Colin Gray a été interrogé pendant qu'il était au travail. Il a déclaré par téléphone qu'il était «suspendu au sommet d'un immeuble. «J'ai une grosse grue en marche, alors c'est assez bruyant ici.»
Le secondaire a également été difficile pour Colt Gray. Il venait de terminer sa septième année lorsque l'agent Miller a rencontré le père et le fils.
Colin Gray a déclaré que le garçon n'avait que quelques amis et qu'il était souvent victime de harcèlement. Certains élèves «le ridiculisaient jour après jour».
«Je ne veux pas qu'il se batte avec qui que ce soit, mais ils n'arrêtent pas de le pincer et de le toucher», a déclaré Colin Gray. «Les mots sont une chose, mais si vous commencez à le toucher, c'est une toute autre affaire. Et cela s'est aggravé au point que ses examens de fin d'année ont eu lieu la semaine dernière et que c'était la dernière chose à laquelle il pensait ».
L'enquêteur a également interrogé le garçon, alors âgé de 13 ans, qui a été décrit dans un rapport comme étant calme, tranquille et réservé.
Il a nié avoir proféré des menaces et a déclaré que, plusieurs mois auparavant, il avait cessé d'utiliser la plateforme Discord, sur laquelle la menace avait été postée. Il a ensuite dit à son père que son compte avait été piraté.
«La seule chose que j'ai, c'est TikTok, mais je n'y vais que pour regarder des vidéos», a dit l'adolescent.
Un an avant qu'ils ne soient tous deux inculpés dans la fusillade du lycée, Colin Gray a insisté auprès de l'enquêteur du shérif sur le fait que son fils n'était pas du genre à menacer de violence.
«Ce n'est pas un solitaire, monsieur l'agent Miller. Ne comprenez pas cela», a ajouté le père. «Il veut juste aller à l'école, faire ce qu'il veut et il ne veut pas d'ennuis.»