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Des chiffres plutôt surprenants, selon un analyste.
La Coalition avenir Québec (CAQ) pourrait avoir moins de 10 sièges à l'Assemblée nationale si des élections avaient lieu aujourd'hui, selon un analyste de sondages.
Philippe J. Fournier, créateur de l'agrégateur de sondages 338Canada, affirme que la cote de popularité du premier ministre québécois François Legault est désormais pire que celle du premier ministre canadien Justin Trudeau, que les sondages récents situent autour de 30 %.
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Une majorité de Québécois croient d'ailleurs que François Legault devrait démissionner avant les prochaines élections provinciales en 2026, d'après le sondage publié lundi pour 338Canada et le magazine L'Actualité. Seulement un répondant sur cinq s'est dit satisfait de sa performance.
«Nous avons au Québec un premier ministre qui, il n'y a pas si longtemps, pouvait presque marcher sur l'eau, a expliqué M. Fournier en entrevue. Et la confiance, le lien qu'il avait avec de nombreux électeurs au Québec, est complètement brisée aujourd'hui.»
François Legault a remporté un deuxième mandat en 2022, lorsque son parti a obtenu 90 des 125 sièges — la plus grande majorité que le Québec ait connue depuis des décennies — mais la CAQ est à la traîne derrière le Parti québécois (PQ) dans les sondages d'opinion depuis plus d'un an.
M. Fournier affirme être surpris que les chiffres de M. Legault soient si bas. «Vingt pour cent de satisfaction, c'est incroyablement bas pour un parti qui a remporté 90 sièges il y a deux ans, a-t-il estimé. Habituellement, un premier ministre avec de tels chiffres, lorsqu'il en est à son deuxième mandat, ne peut pas revenir en arrière.»
D'après le sondage, 53 % des répondants jugent que François Legault ne devrait pas briguer un troisième mandat, avec des résultats assez uniformes selon les groupes d'âge et les régions de la province. Les 33 % des répondants qui ont mentionné que le premier ministre devrait rester au pouvoir incluent des électeurs du Parti québécois et des libéraux qui pourraient vouloir qu'il se représente parce qu'ils pensent qu'il est faible, a avancé M. Fournier.
Le créateur de l'agrégateur de sondages 338Canada a établi des parallèles entre M. Legault et M. Trudeau, dont le parti libéral est loin derrière les conservateurs dans les sondages.
«Je vois deux hommes qui étaient extrêmement populaires à l'apogée de leur pouvoir, puis qui ont dû faire face à la pandémie, a-t-il analysé. Le monde post-pandémie dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes toujours déstabilisés. Je crois que l'inflation diminue, mais elle a fait mal à beaucoup de gens, et donc quiconque est aux commandes, c'est lui qui en sera tenu responsable. De nombreux titulaires sont en train de tomber en ce moment.»
Voyez l'analyse de Philippe J. Fournier au bulletin Noovo 17:
De nombreux observateurs soulignent que la décision prise par François Legault l'année dernière d'abandonner le projet du troisième lien a marqué le début de sa spirale descendante. Le gouvernement avait promis de relancer le projet, après avoir perdu une élection partielle à Québec l'automne dernier.
Il a depuis été critiqué pour d'autres décisions controversées, notamment un plan visant à dépenser jusqu'à 7 millions $ pour attirer les Kings de Los Angeles de la Ligue nationale de hockey (LNH) afin qu'ils jouent deux matchs de pré-saison à Québec en octobre.
Alors que les électeurs du reste du Canada pourraient blâmer Ottawa pour l'inflation et le coût de la vie, les Québécois sont plus susceptibles de diriger leur colère vers le gouvernement provincial, a mentionné M. Fournier. «Ils ne pointent pas du doigt Justin Trudeau, mais François Legault», a-t-il soutenu.
Les projections de sièges que M. Fournier publiera plus tard cette semaine montreront la CAQ en territoire à un chiffre. «Si les chiffres sont toujours comme ça (dans un an), non seulement il se dirige vers une défaite, mais ce sera une défaite écrasante», a-t-il établi, précisant qu'il croit que M. Legault démissionnera ou sera poussé vers la sortie si les sondages ne changent pas.
Le premier ministre a indiqué qu'il se présenterait à nouveau en 2026. Antonine Yaccarini, analyste politique et ancienne collaboratrice du PQ et de la CAQ, a déclaré que les menaces du président élu américain Donald Trump d'imposer des tarifs sur les produits en provenance du Canada pourraient être une occasion pour le premier ministre de créer un «front commun» avec les dirigeants de tout le pays afin de trouver des solutions.
«Lorsque nous sommes confrontés à une crise, cela peut avoir un effet rassembleur autour d'un dirigeant», a-t-elle avancé.
François Legault a toutefois souvent été trop prompt à réagir aux manchettes négatives, a-t-elle souligné. Plus tôt cette année, par exemple, il a brusquement annoncé que son parti n'accepterait plus de dons en raison d'allégations de financement contre accès.
«Il y a donc une certaine tendance à se précipiter et à réagir très, très rapidement à ce qui se passe dans les médias», a-t-elle expliqué, ajoutant que le premier ministre doit être plus concentré et discipliné.
Selon Mme Yaccarini, il est difficile de prédire à quoi ressemblerait le paysage politique au Québec si M. Legault se retirait, puisqu'il a créé le parti à son image. «C'est une coalition de personnes, certaines sont d'anciens séparatistes, d'autres sont plus fédéralistes, a-t-elle déclaré. Ainsi, selon qui portera la CAQ dans le futur, cela pourrait avoir un impact énorme sur leurs positions.»
Le Parti libéral du Québec, qui forme actuellement l'opposition officielle, doit lancer sa course à la chefferie en janvier prochain. Reste à voir quelle direction le parti prendra sous la nouvelle direction, a analysé Mme Yaccarini.
Le sondage Pallas Data a été mené par téléphone auprès de 1093 adultes la semaine dernière et a une marge d'erreur de trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.