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La Fondation Pierre-Elliott-Trudeau est frappée par la démission en bloc des membres de son conseil d'administration et de la présidente-directrice générale, Pascale Fournier, qui était en poste depuis cinq ans.
La Fondation Pierre-Elliott-Trudeau est frappée par la démission en bloc des membres de son conseil d'administration et de la présidente-directrice générale, Pascale Fournier, qui était en poste depuis cinq ans.
En 2016, l’organisme de bienfaisance avait reçu 200 000 $ de Zhang Bin, un conseiller politique du gouvernement de la Chine, et de Niu Gensheng, un homme d’affaires et philanthrope chinois. Lorsque cette affaire a été ébruitée il y a quelques semaines, la Fondation, qui se décrit comme «un organisme de bourses d’études indépendant et non partisan», a annoncé qu’elle remboursait le don.
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«Nous ne pouvons conserver aucun don qui aurait pu être parrainé par un gouvernement étranger et on ne le ferait pas sciemment», avait expliqué la PDG, Pascale Fournier.
Le «Globe and Mail» a allégué que ce don était lié à un complot du gouvernement chinois visant à influencer Justin Trudeau après qu’il soit devenu chef du Parti libéral du Canada (PLC).
Citant une source anonyme du milieu de la sécurité nationale, le quotidien écrivait que M. Zhang avait été chargé par Pékin de donner 1 million $ pour honorer la mémoire de Trudeau père en 2014.
Un communiqué de l’Association de l’industrie culturelle de Chine expliquait à l’époque que cette somme était donnée en l’honneur de Pierre Elliott Trudeau, qui avait établi des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine en 1970.
Dans un communiqué publié mardi, la Fondation explique qu’au cours des dernières semaines, le climat politique entourant ce don a mis beaucoup de pression sur la direction et le conseil d’administration bénévole, de même que sur son personnel.
Le communiqué ajoute que les circonstances créées par la politisation de la Fondation fondée en 2001 ont rendu impossible le maintien du statu quo, ce qui a mené au départ du conseil d’administration et de la PDG, Pascale Fournier, qui était en poste depuis cinq ans.
Trois administrateurs resteront sur une base intérimaire afin que la Fondation puisse continuer à remplir ses obligations en attendant le renouvellement du conseil d’administration, ajoute le communiqué.
Le mois dernier, le premier ministre Justin Trudeau a assuré qu’il n’avait eu aucune association formelle ou informelle avec la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau après son élection à la tête du parti.
Interrogé en marge d’un événement à Toronto, mardi, M. Trudeau a réitéré qu’il n’avait «aucune connexion directe ou indirecte» avec la Fondation. «Mais je sais qu’ils vont continuer de faire de l’excellent travail pour avancer des débats importants au Canada», a-t-il dit.
«Je n’ai aucun doute que malgré les attaques de politiciens conservateurs qui se passent depuis des années maintenant sur des organismes de charité, des fondations, les personnes qui s’impliquent pour améliorer leur communauté, leur pays de différentes façons non partisanes vont pouvoir continuer de faire leur travail.»
«Malgré les attentats de politiciens qui veulent rendre encore plus toxiques nos débats publics, augmenter le niveau de polarisation qu’on retrouve en politique, de bonnes personnes vont continuer d’oeuvrer pour améliorer le pays et ne pas être affectées par des gens qui veulent faire des gains politiques à court terme aux dépens d’organismes et d’individus qui servent leur pays et le bien commun.»
Le gouvernement libéral subit des pressions croissantes pour répondre aux informations selon lesquelles la Chine aurait tenté de s’ingérer dans les affaires canadiennes après une série d’articles publiés par le Globe and Mail et Global News.
Les membres d’un comité parlementaire demandent des informations sur le moment précis où M. Trudeau a été informé de la tentative d’ingérence de Pékin dans les élections fédérales de 2019 et de 2021. Des députés de l’opposition ont envoyé une lettre au greffier du Conseil privé pour obtenir cette information avant que la cheffe de cabinet du premier ministre, Katie Telford, ne témoigne vendredi devant un comité des Communes.
M. Trudeau a également nommé David Johnston «rapporteur spécial» pour enquêter sur l’ingérence étrangère.
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, soutient que M. Johnston est trop proche du premier ministre et il rappelle que l’ex-gouverneur général a été membre de la Fondation Trudeau.
Le Bloc québécois, quant à lui, voit dans ces démissions une raison supplémentaire pour exiger du premier ministre qu’il révoque le mandat accordé à David Johnston.
«Devant l’attention accrue dont devra maintenant être l’objet la Fondation, et face à l’évidence que le rapporteur spécial devra formuler des recommandations relatives à la Fondation, il apparaît inimaginable que M. Johnston puisse remplir cette fonction avec la distance nécessaire», plaide dans un communiqué le porte-parole bloquiste en matière d’éthique, René Villemure.
Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, estime de son côté que la démission des administrateurs de la Fondation «n’est surtout pas de nature à calmer le jeu».
«Plus que jamais, c’est d’une commission d’enquête indépendante, dont la présidence sera désignée par les élus du Parlement, dont nous avons tous besoin. Rien d’autre ne fera l’affaire», conclut M. Blanchet.
Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a fait écho aux appels à une enquête publique, mardi. «Les libéraux et les conservateurs jouent un jeu politique pour gagner des points plutôt que de vraiment cibler l’importance de (ce dossier) et de trouver des solutions», a-t-il déclaré aux journalistes.
Note de la rédaction: La version initiale de cet article affichait une photo de Justin Trudeau, alors qu'il n'a pas été prouvé que le premier ministre est directement lié à un complot du gouvernement chinois visant à l'influencer. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.