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L'organisme veut rappeler à François Legault que la ligne d'écoute de nuit «sauve des vies».
Faute de financement récurrent, le service d'écoute d'Interligne - autrefois Gai Écoute - ne sera plus offert la nuit à compter du 31 mars prochain. Pour le sensibiliser à l'importance de la ressource, l'organisme lance mercredi une campagne publicitaire invitant ses utilisateurs et ses alliés à laisser des messages sur la boîte vocale du premier ministre François Legault, «pour lui rappeler que la ligne d'écoute de nuit sauve des vies».
Interligne avait annoncé l'automne dernier qu'à défaut d'une hausse de son financement gouvernemental, qui accuse un retard historique, il ne serait plus en mesure de répondre aux appels de détresse nocturnes de sa clientèle. Une somme récurrente de 300 000 $ serait nécessaire pour assurer la survie du service entre minuit et 8h le matin.
«Le but est de sauver le service de nuit et de permettre à notre organisme d’offrir des conditions décentes de travail. Nos salaires sont à peine plus élevés que le salaire minimum, qui va augmenter bientôt au moins de mai», indique Pascal Vaillancourt, directeur général d’Interligne.
Autrement accessible 24 heures sur 24, une moyenne de 35 000 appels sont logés annuellement à la ligne d'écoute et de référencement d'Interligne; du nombre, environ le tiers sont effectués la nuit, indique l'organisme.
Un service qu'il estime vital et essentiel, d'autant plus que les appels logés en pleine nuit sont plus «intenses», aux dires de M. Vaillancourt.
«Ce sont des appels de détresse, parfois suicidaires, des gens qui souffrent d'anxiété et d'isolement, détaille le directeur général. La nuit, c'est aussi un moment plus intime, on a des gens qui profitent du fait que les autres dorment pour nous appeler.»
Cette demande est d'autant plus primordiale que la ligne spécialisée d'Interligne est la seule de son genre au Québec et au Canada, une ressource dont on devrait être fiers et qu'on devrait chercher à protéger à tout prix, estime M. Vaillancourt.
«Nos intervenants sont spécialement formés pour les enjeux de la communauté LGBTQ+, poursuit le directeur général. Il y a bien sûr d'autres lignes d'écoute, mais comme elles viennent généralement en aide à la population hétérosexuelle et cisgenre, il y a une possibilité d'offrir du soutien tout en commettant des microagressions, par exemple en mégenrant quelqu'un.»
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Qui plus est, la clientèle LGBTQ+ est plus vulnérable que d'autres; elle est notamment davantage en proie à des problèmes de santé mentale, à avoir des idées suicidaires, à développer une problématique de toxicomanie ou à vivre l'itinérance, souligne M. Vaillancourt.
«La raison de cette prépondérance est simple: même si les mentalités ont avancé, les membres de la communauté vivent encore du stress face à l'acceptation de leur identité ou la perspective de la dévoiler; ils sont victimes d'intimidation ou craignent de vivre de la violence», énumère le directeur.
La stratégie de messages vocaux, à laquelle se greffera une campagne d'affichage, entre autres, se veut un rappel des démarches infructueuses entamées par l'organisme pour voir son financement ajusté à ses besoins actuels.
« On aimait beaucoup reprendre le concept de renvoi d’appels, comme les nôtres envers le gouvernement sont restés sans réponse, illustre M. Vaillancourt. Ce qu’on souhaite, c’est que le premier ministre constate l’importance d’un service réellement adapté aux communautés LGBTQ+ . Alors on invite les gens à réveiller M. Legault.
«Le gouvernement a déjà laissé entendre que notre ressource n’était pas un service en santé mentale alors que ce n’est que ça qu’on fait, poursuit-il. On aimerait ça que notre gouvernement fasse preuve de leadership.»