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«Notre système de santé est à un niveau de crise que nous n’avons jamais vu, et les travailleurs de la santé sont dans un état de crise que nous n’avons jamais vu.»
Les hôpitaux débordés en raison de la pandémie sont encore confrontés à de nombreux obstacles, entraînant des temps d’attente sans précédent dans les salles d’urgence du pays.
Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.
Outre le nombre limité de lits d’hôpitaux et le délestage au niveau des chirurgies, la pénurie de main-d’œuvre est la principale raison expliquant cette congestion, alors qu’il manque un nombre considérable d’infirmières et de médecins.
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Ces problèmes ne datent pas d’hier, mais des experts affirment que la pandémie de COVID-19 a empiré la situation, créant une crise si énorme que les patients commencent à voir les services d’urgence tout simplement fermer dans les hôpitaux près d’eux.
L’Hôpital de Perth & Smith Falls, située entre Ottawa et Kingston, a annoncé samedi la fermeture de ses services d’urgence jusqu’à jeudi, rapportant une éclosion de COVID-19. Cependant, des médecins de l’hôpital ontarien ont révélé que cette fermeture est en fait liée à un manque considérable de personnel.
«Oui, la COVID a provoqué la fermeture du département, mais la vérité est que nous n’avions pas de résilience au sein de notre personnel hospitalier», a lancé Dr Alan Drummond à CTV National News, samedi.
M. Drummond a expliqué que la salle d’urgence de l’hôpital est passée de 50 infirmières à seulement 5, laissant l’unité incroyablement fragile.
«Quelqu’un doit être tenu responsable du fait que nous avons perdu 50% de notre personnel infirmier en quelques mois, ce qui nous a fait fermer», a-t-il ajouté.
Crédit photo: Justin Tang | La Presse canadienne
Ce dernier mentionne que l’Hôpital de Smith Falls couvre une zone d’environ 25 000 personnes entre Smiths Falls et Peterborough, ce qui signifie que de nombreux patients doivent parcourir de longues distances pour avoir accès à des soins.
Les citoyens devant se rendre à l’urgence devront désormais conduire 20 kilomètres de Perth à Smith Falls.
«Je trouve ça injuste pour les gens de la communauté», a déploré le résident John Hastings lors d’un entretien avec CTV News, samedi.
La ville de Clinton, en Ontario, était quant à elle privée de services d’urgence pour l’intégralité du long weekend de la Fête du Canada, alors que la salle d’urgence de l’Hôpital public de Clinton a annoncé sa fermeture du 1er au 5 juillet.
Il s’agit de la plus longue fermeture permanente de la salle d’urgence de l’hôpital de Clinton.
Sans surprise, le manque de personnel est encore une fois à blâmer, estime Deborah Wiseman, directrice générale des soins infirmiers de la Huron-Perth Health Alliance, qui prévoit d’autres suspensions de service cet été.
«Pas seulement ce weekend, vous allez en voir d’autres. Et je dirais que ce sera pour les six prochains mois, voire les prochaines années, avec notre pénurie de main-d’œuvre, tant chez les infirmières que chez les médecins», a-t-elle avancé à CTV National News.
Mme Wiseman a déclaré qu’ils enquêtaient pour essayer de résoudre la pénurie des travailleurs de la santé afin de garder leurs salles d’urgence ouvertes, notamment en utilisant des paramédics à l’intérieur des salles.
D’autres provinces n’ont pas été épargnées par ce manque de main-d’œuvre. Six départements d’urgence au Québec seront partiellement fermés cet été en raison d’un manque d’infirmières, a annoncé le gouvernement provincial, jeudi.
La santé publique de la Nouvelle-Écosse a déclaré que les gens doivent s’attendre à de longs temps d’attente dans plusieurs zones, faute de personnel pendant le long weekend.
Bonnie Nunn, une résidente de Trehern au Manitoba, a raconté à CTV News, samedi, que sa fille a besoin d’un traitement d’urgence et a été transportée à un hôpital situé à 45 minutes de route de chez elle, alors que les urgences de Trehern sont complètement fermées en raison d’un manque criant de personnel.
«Je suis en colère. Je ne pense pas qu’il y ait eu assez de réflexion là-dessus, a déploré la mère. Je ne suis pas en colère contre les infirmières, elles ont besoin de congés aussi.»
Dre Katharine Smart, présidente de l’Association médicale canadienne, a expliqué en entrevue en mai que le taux d’épuisement professionnel chez les médecins et les infirmières avait doublé depuis le début de la pandémie.
«Notre système de santé est à un niveau de crise que nous n’avons jamais vu, et les travailleurs de la santé sont dans un état de crise que nous n’avons jamais vu.»
Un rapport de Statistique Canada, publié en juin, montre que 95% des travailleurs de la santé sentent que la pandémie a eu un impact considérable sur leur santé mentale et a changé carrément leur équilibre travail-vie personnelle.
Pendant la pandémie, les travailleurs de la santé ont fait face à des heures de travail supplémentaires, une diminution des périodes de vacances et à de nombreux changements quant à la méthode de prodiguer des soins.
Lors de la quatrième vague de la pandémie, en septembre et novembre 2021, plusieurs travailleurs de la santé ont envisagé de démissionner après l’augmentation du stress au boulot.
«Comment garder nos travailleurs? Probablement avec des augmentations de salaire», a souligné Elinor Kelly, infirmière aux soins intensifs à Halifax.
«Et des augmentations intéressantes. Je pense que ça va devoir aider. Surtout pour les infirmières en soins intensifs, parce que dans les soins intensifs, nous avons beaucoup de gens que nous formons et recrutons, mais après un an, ils peuvent aller travailler au privé pour le triple du salaire que je gagne après 27 ans de service.»
Dr Paul Saba, médecin de famille et président du Conseil des médecins à l’Hôpital de Lachine, à Montréal, souhaite que le gouvernement apporte des changements importants.
«Le système de santé doit être amélioré. Et ça ne doit pas être une simple promesse électorale pour quelques années. Ça doit être fait sur le long terme», a-t-il lancé à CTV News.
Avec des informations de Deena Zaidi et CTV News Atlantic.