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Jacques Demers affirme qu'il est devenu plus difficile pour les petites villes de recruter des candidats en raison des bas salaires.
Certaines petites villes du Québec envisagent de réduire la taille de leur conseil municipal en raison des difficultés de recrutement de candidats pour se présenter aux élections.
Le Québec a récemment adopté un nouveau règlement permettant aux municipalités de 2000 habitants ou moins de réduire leur nombre de conseillers municipaux de six à quatre, à partir des élections de l'année prochaine.
Le président de la Fédération québécoise des municipalités affirme que ce changement a été demandé souvent par certaines villes qui doivent composer avec des postes vacants persistants dans leur conseil municipal, et parfois même à la mairie.
Jacques Demers affirme qu'il est devenu plus difficile pour les petites villes de recruter des candidats en raison des bas salaires qui sont généralement associés aux postes, des défis du métier et d'un manque plus général de temps et d'enthousiasme pour l' engagement au sein de la collectivité.
«Quand on regarde des bénévoles pour les loisirs, des bénévoles pour la culture, des bénévoles pour les festivals, pour les expositions, c'est de plus en plus difficile de recruter des gens», a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique.
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Corina Lupu, mairesse de la petite communauté de Lac-des-Seize-Îles dans les Laurentides, a indiqué que son conseil débattra de la question lors de la prochaine réunion avant de prendre une décision.
«Dans les petites municipalités, vous n'avez pas une population de 20 000 habitants parmi lesquels choisir, a-t-elle rappelé lors d'une entrevue par téléphone. Parfois, vous n'avez qu'une population de 1000 ou 500 habitants».
Bien que ce ne soit pas un problème dans sa municipalité, elle estime qu'il de plus en plus difficile de convaincre les gens de se présenter aux élections en raison au climat hostile auquel les élus sont de plus en plus confrontés.
«Certains politiciens sont plutôt malmenés, a-t-elle témoigné. Ce n'est pas vraiment un environnement agréable.»
Les postes vacants sont un problème persistant au Québec. Près de 120 postes de maire et de conseiller sont restés vacants lors des dernières élections municipales de 2021 et près de 5000 candidats ont été élus sans opposition.
Mme Lupu et M. Demers estiment tous deux que les faibles salaires versés aux conseillers municipaux des petites villes font partie du problème.
«Dans nos petites localités, l'implication municipale, c'est quasiment du bénévole puisque beaucoup de gens gagnent 1000$, 2000$, 3000$ par année pour leur implication.», a indiqué M. Demers.
Bien que Mme Lupu affirme que les salaires dans sa communauté sont plus élevés, ils ne représentent tout de même pas grand-chose par heure compte tenu de l'ampleur du travail, notant que la province a transféré de plus en plus de responsabilités aux municipalités.
«Nous sommes une petite municipalité, mais on doit quand même remplir les mêmes formalités administratives qu'une grande ville, a-t-elle noté. C'est la même bureaucratie, mais pour moins de gens.»
Chantal Richer, directrice générale de la ville de Val St-Gilles en Abitibi, qui compte 168 habitants, a déclaré que sa communauté envisagerait de réduire la taille du conseil. «Ce serait plus facile de trouver des candidats et nous pourrions répartir l’argent économiser entre les quatre, ce qui augmenterait leurs salaires un peu plus», a-t-elle indiqué, ajoutant que la question sera discutée lors de la prochaine réunion du conseil.
Les maires de Barkmere et de Lac-Tremblant-Nord, tous deux dans les Laurentides, estiment que le maintien d'un conseil de six personnes est préférable pour la démocratie, malgré leur faible base démographique.
«En réduisant à quatre conseillers, on pourrait se retrouver avec un quorum de 3 personnes aux réunions du Conseil, a déclaré le maire de Barkmere, Luc Trépanier, dans un courriel. Nous ne croyons pas que seulement 3 personnes devraient décider pour toute une municipalité.»
Mme Lupu affirme que passer de six à quatre conseillers permettra aux villes comme la sienne d'économiser de l'argent sur les salaires, ce qui peut être un facteur à prendre en compte dans les endroits où le budget est très limité.
Elle craint cependant que les conseils composés de quatre personnes puissent permettre à des personnalités fortes de dominer et de rendre les prises de décisions plus difficiles. Bien qu'elle compte moins de 200 résidents à l'année, sa communauté au bord du lac n'a jamais eu de poste vacant au conseil autant qu'elle s'en souvienne, et elle a du mal à imaginer un conseil qui n'aurait pas un de ses membres actuels.
«Je pense que j'ai beaucoup gagné à avoir six conseillers, six opinions, six perspectives», a-t-elle déclaré.
Les municipalités qui souhaitent réduire la taille du conseil après les élections de 2025 ont jusqu'à la fin décembre de cette année pour adopter une résolution à cet effet. M. Demers affirme qu'environ 700 municipalités sont admissibles à ce changement, mais il estime que la plupart d'entre elles s'en tiendront au format actuel de six membres plus un maire.