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Pendant ce temps, les augmentations octroyées aux travailleurs sont insuffisantes pour suivre le rythme de l'inflation, qui se chiffrait à 7 % à la fin de l'an dernier.
Même au moment où les travailleurs obtiennent leurs augmentations salariales les plus généreuses des dernières décennies, leurs gains sont complètement éclipsés par ceux de leurs patrons.
La rémunération typique du PDG d'une entreprise S&P 500 a bondi de 17,1 % l'an dernier, à un montant médian de 14,5 millions $, selon des données analysées pour l'Associated Press par la firme Equilar.
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Cette amélioration est quatre fois plus importante que l'augmentation de 4,4 % des salaires et avantages sociaux consentis aux employés du secteur privé en 2021, soit la hausse la plus importante depuis 2001.
Les augmentations octroyées aux travailleurs sont aussi insuffisantes pour suivre le rythme de l'inflation, qui se chiffrait à 7 % à la fin de l'an dernier.
Les salaires des PDG ont explosé quand les prix et les profits ont rebondi, quand l'économie s'est sortie de la brève récession de 2020. Puisque l'essentiel de la compensation des PDG est liée à de tels facteurs, leur rémunération a grimpé en flèche après quelques années de croissance plutôt modérée.
Dans la plupart des cas les plus époustouflants ― comme les 296,2 millions $ US du patron d'Expedia ou les 84,4 millions $ US du patron de JPMorgan Chase ― les conseils d'administration ont accordé des actions ou des options d'achat d'actions particulièrement généreuses à de nouveaux PDG qui dirigeaient leur compagnie pendant la pandémie ou à des leaders expérimentés qu'ils voulaient garder chez eux.
Les PDG ne peuvent fréquemment pas se prévaloir de ces actions ou de ces options d'achat d'actions avant plusieurs années, voire jamais, tant que leur compagnie n'atteint pas certains objectifs. Les compagnies doivent quand même dévoiler la valeur estimée de la rémunération. L'an dernier, seulement environ le quart de la rémunération typique des PDG du S&P500 prenait la forme d'argent qu'ils pouvaient réellement mettre dans leurs poches.
Quoi qu'il en soit, l'écart entre ce que gagnent les patrons et ce que gagnent leurs employés ne cesse de s'élargir. Pour la moitié des compagnies étudiées cette année, un travailleur situé au milieu de l'échelle salariale devrait travailler au moins 186 ans pour gagner le même salaire que celui encaissé par son PDG l'an dernier. Un an plus tôt, il aurait dû travailler 166 ans.
Chez Walmart, par exemple, un associé médian gagnait 25 335 $ US l'an dernier. Cela veut dire que la moitié des employés gagnait plus, et l'autre moitié moins.
Il s'agit d'une hausse de 21 % par rapport au salaire médian de 20 942 $ US l'année précédente; le salaire horaire moyen de la compagnie est passé de 15,25 $ US en mars 2021 à plus de 17 $ US actuellement. En termes de pourcentage, cette augmentation est plus importante que celle accordée au PDG Doug McMillon ― mais sa hausse de 13,7 % lui a permis d'empocher 25,7 millions $ US.
Ce déséquilibre fait de plus en plus grincer des dents. Des sondages démontrent que les Américains de toutes les allégeances politiques considèrent que les PDG gagnent trop d'argent, et certains investisseurs commencent à les écouter.
Des travailleurs tentent de se syndiquer à travers le pays, et la «grande démission» a vu des millions de personnes partir à la recherche d'un meilleur emploi ailleurs. Le gouvernement américain a recensé plus de quatre millions de démissions pendant le seul mois d'avril 2021, un chiffre sans précédent. Le nombre mensuel de démissions a depuis dépassé les 4,5 millions à deux reprises.
«Ça va engendrer des coûts énormes pour les compagnies, d'avoir de tels taux de roulement. Elles devraient réfléchir au message qu'elles envoient à ces gens, au sujet de l'importance qu'on leur accorde. Et quand le gars dans le bureau du coin gagne des centaines ou des milliers de fois plus d'argent, ça envoie un message très démoralisant.» - Sarah Anderson, de l'Institute for Policy Studies
L'augmentation de la rémunération des PDG ralentit depuis quelques années, la hausse médiane passant de 8,5% en 2017 à 4,1% en 2019. Elle est remontée à 5 % en 2020, une année complexe quand la pandémie a paralysé l'économie et que les profits de plusieurs entreprises se sont effondrés.
Pour 2020, de nombreuses compagnies ont modifié les formules complexes qu'elles utilisent pour calculer la rémunération de leur PDG. Ces ajustements ont tenu compte des pertes engendrées par la pandémie, une situation que plusieurs conseils d'administration ont expliqué être hors du contrôle du patron.
Puis, en 2021, des facteurs comme un redémarrage de l'économie et des taux d'intérêt extrêmement faibles ont vu le cours des actions repartir en flèche et le S&P500 bondir de près de 27 %. Des records ont été battus toute l'année et les bénéfices par action ont explosé d'environ 50 %.
Les PDG ont dû composer toute l'année avec des chaînes d'approvisionnement engorgées et des pénuries de pièces cruciales, comme des microprocesseurs, qui ont eu de vastes répercussions, a rappelé l'analyste Dan Laddin, de la firme Compensation Advisory Partners.
«Tout ça a engendré un désir de vraiment» récompenser les patrons, a dit Kelly Malafis, aussi de Compensation Advisory Partners, «parce que la performance financière était au rendez-vous, et on considérait que les équipes de gestion avaient fait du très bon travail pour composer avec la situation et livrer la marchandise».
Le bond médian de 17,1 % noté l'an dernier est le plus important depuis celui de 23,9 % constaté en 2010, selon Equilar.
Prenons l'exemple de Marry Barra, la PDG de General Motors. Son industrie a été frappée de plein fouet par la pénurie de microprocesseurs, ce qui a fait très mal à la production automobile.
Malgré tout, le conseil d'administration a souligné que la compagnie a généré des bénéfices ajustés sans précédent. Le constructeur automobile a aussi accéléré sa production de véhicules électriques. Ces deux facteurs influencent la rémunération de Mme Barra, et sa compensation a bondi de 25,4 % à 29,1 millions $ US.
Plus près du sommet, le PDG de la banque d'affaires JPMorgan Chase, Jamie Dimon, occupe le cinquième rang avec sa rémunération de 84,4 millions $ US, une hausse de 166,7 % par rapport à l'année précédente. L'essentiel de ce gain provient d'options d'achat d'actions évaluées à 52,6 millions $ US.
Le conseil d'administration a expliqué souhaiter garder l'homme de 66 ans à la tête de la banque pendant encore plusieurs années. Il a ajouté que M. Dimon devra attendre au moins cinq ans avant de se prévaloir de ces options.
Malgré tout, 31 % des investisseurs de la compagnie ont récemment voté contre la rémunération de M. Dimon. Le vote n'est pas contraignant et n'oblige pas le conseil d'administration à apporter des changements.
L'étude AP/Equilar porte sur la rémunération de 340 PDG d'entreprises du S&P500 qui sont en poste depuis au moins deux années fiscales. Certains PDG de premier plan, comme Andy Jassy chez Amazon ou Parag Agrawal chez Twitter, ne correspondaient pas à ces critères.
1. Peter Kern, Expedia Group, 296,2 millions $ US
Hausse de 6,592 % depuis l'an dernier
Il gagne 2897 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 53 fois précédemment.
2. David Zaslav, Warner Bros., Discovery. 246,6 millions $ US
Hausse de 554 % depuis l'an dernier
Il gagne 2972 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 565 fois précédemment.
3. William McDermott, ServiceNow. 165,8 millions $ US.
Hausse de 560 % depuis l'an dernier
Il gagne 709 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 120 fois précédemment.
4. Tim Cook, Apple. 98,7 millions $ US.
Hausse de 569 % depuis l'an dernier
Il gagne 1447 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 256 fois précédemment.
Crédit: Evan Agostini | Invision via AP Photos
5. Jamie Dimon, JPMorgan Chase. 84,4 millions $ US.
Hausse de 167 % depuis l'an dernier
Il gagne 917 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 395 fois précédemment.
1. Lisa T. Su, Advanced Micro Devices. 29,5 millions $ US.
Hausse de 9 % depuis l'an dernier
Elle gagne 230 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 228 fois précédemment.
Rang global : 22
2. Mary T. Barra, General Motors. 29,1 millions $ US.
Hausse de 25 % depuis l'an dernier
Elle gagne 420 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 201 fois précédemment.
Rang global : 23
3. Phebe N. Novakovic, General Dynamics. 23,6 millions $ US.
Hausse de 24 % depuis l'an dernier
Elle gagne 254 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 174 fois précédemment.
Rang global : 38
4. Adena Friedman, Nasdaq. 20 millions $ US.
Hausse de 27 % depuis l'an dernier
Elle gagne 202 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 126 fois précédemment.
Rang global : 80
5. Kathy J. Warden, Northrop Grumman. 19,5 millions $ US.
Déclin de 1 % depuis l'an dernier
Elle gagne 166 fois le salaire d'un employé typique de la compagnie, comparativement à 205 fois précédemment.
Rang global : 89