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Matériel inexistant, soutien technologique insuffisant, retard dans les apprentissages: la Vérificatrice générale du Québec dresse un dur portrait de l’enseignement à distance dans son rapport déposé mercredi à l’Assemblée nationale.
Matériel inexistant, soutien technologique insuffisant, retard dans les apprentissages: la Vérificatrice générale du Québec dresse un dur bilan de l’enseignement à distance pendant la pandémie dans le deuxième tome de son rapport annuel, déposé mercredi à l’Assemblée nationale.
Le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) et les Centres de services scolaires (CSS) manquaient d’outils pour affronter le changement majeur qu’a occasionné la crise sanitaire sur le réseau scolaire québécois.
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La VG Guylaine Leclerc explique dans son rapport que les CSS n’avaient pas assez d’ordinateurs afin d’offrir le suivi des cours à distance. «Lors de la rentrée de septembre 2020, près de six mois après le début de la pandémie, les trois quarts des CSS confirmaient au MEQ ne pas avoir en main les appareils nécessaires en cas de fermeture de l’ensemble de leurs écoles», peut-on lire dans le rapport.
Près de 18 mois après le début de la pandémie, dix CSS ne disposaient toujours pas d’assez d’ordinateurs pour répondre aux besoins de tous leurs élèves.
On a constaté que le MEQ n’a pas suffisamment épaulé les CSS afin de mettre en branle l’enseignement en ligne, soutenant qu’on aurait pu «tirer davantage parti des ressources déjà existantes dans le réseau scolaire».
La VG indique également que «peu des appareils de vidéoconférences», acquis pour 42 M$, ont servi. Les CSS n’ont jamais été consultés par le MEQ avant l’annonce de cet investissement, mentionne la VG, ajoutant que Québec a effectué une analyse inadéquate des besoins.
Rappelons que l'enseignement à distance n'avait pas franchi le stade de projet pilote lorsque la province a dû «fermer» d'urgence en mars 2020.
Afin de répondre aux problématiques engendrées par l'enseignement à distance, la VG recommande au MEQ et aux CSS d'«effectuer un bilan à l’égard des décisions prises et de l’enseignement offert lors de la pandémie» pour «tirer des leçons et apporter des améliorations» en cas de fermetures de classes.
Le Ministère s'est engagé à «faire en sorte que ses recommandations puissent se traduire par des améliorations concrètes».
La levée de l'année scolaire 2020-2021 liée à l'annulation des épreuves ministérielles en juin 2020 a forcé le MEQ à se passer de données cruciales pour analyser la progression d'apprentissage des élèves.
Malgré les évaluations effectuées pour cerner l'étendue du manque à gagner dans la progression des écoliers, on ne peut pas «bien connaître l’étendue des retards d’apprentissage», constate la VG. En réponse aux effets de la pandémie, le MEQ a mis en place certaines mesures, dont un programme de tutorat au coût de 88 M$ «sans savoir si ça allait vraiment aux enfants qui en avaient vraiment besoin», déplore la VG.
Même si le MEQ possède certaines études portant sur l’impact de la pandémie sur les retards d’apprentissage, aucun portrait complet des retards d’apprentissage n'a été effectué depuis le début de la pandémie.
Sans surprise, on conseille au MEQ de compléter l'analyse des retards et de prendre les mesures nécessaires pour pallier la situation.
En mêlée de presse, le ministre de l'Éducation Bernard Drainville a dit que les données sur les retards éducatifs liés à la pandémie et à l'enseignement à distance n'avaient pas été rendues disponibles par les CSS. «On est encore en train de mesurer ce retard-là. Les travaux ne sont pas terminés», a-t-il avancé
«Je suis en demande auprès de mes centres de services scolaires pour avoir les données qui vont me permettre d'avoir un portrait complet de la situation, y compris en matière de retard. Il y a des données que je n'ai pas, dont j'ai besoin» pour tracer ce portrait global et confectionner un «tableau de bord» en éducation.
Le manque de formation numérique du personnel étudiant est aussi mis en cause dans la qualité de l'enseignement à distance. La VG cite le rapport le Conseil supérieur de l’éducation de 2021 qui indique que le réseau n'était pas près «pour un virage pédagotechnolique brusque.»
Un autre rapport commandé par le MEQ démontre qu'en 2020, 58 % des enseignants québécois disposaient des compétences pour intégrer des appareils numériques dans leur enseignement comparativement à 69 % au Canada.
Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, a dit être désolé lors de sa lecture du rapport. Concernant les retards d’apprentissage, la députée libérale affirme que le gouvernement Legault était dans un «jovialisme consternant».
«Lorsqu’ils disent que l’Éducation est leur priorité, bien c’est faux», a-t-elle lancé lors d’un point de presse offert à l’occasion d’un dépôt de projet de loin qui vise à encadrer la qualité de l’air dans les écoles.
En milieu syndical, la réaction était aussi vive. «Il n'y a aucune surprise dans ce rapport! Au contraire, la vérificatrice générale confirme toutes les incohérences que nous avons soulignées à maintes reprises au ministère durant la pandémie. Combien de fois lui avons-nous demandé de fournir un plan clair et uniforme à l'ensemble des établissements du réseau pour éviter les inégalités? Ou encore de nous consulter en amont de la prise de décisions afin d'avoir une idée juste de ce qui se passait sur le terrain. C'était une question de gros bon sens, mais les dirigeants ont préféré faire la sourde oreille et continuer de naviguer à vue'» a commenté Éric Gingras, le président de la CSQ.