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La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) enquête sur le cas de l'adolescent inuit.
Un adolescent inuit d'un centre de réadaptation de la région de Montréal qui cherchait de l'aide pour des douleurs «atroces» aurait plutôt été placé en isolement pendant plusieurs heures avant de nécessiter une intervention chirurgicale d'urgence, a déclaré jeudi une défenseure des droits des Autochtones.
La directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal dit avoir été approchée en août par une personne qui a dénoncé le traitement de l'adolescent au Centre de la jeunesse et de la famille Batshaw.
Mme Nakuset, qui utilise un seul nom et qui a depuis entendu le récit du jeune en question, dit que l'adolescent s'est réveillé une nuit d'avril dans une douleur atroce et a essayé de demander de l'aide aux travailleurs de l'établissement.
Mme Nakuset affirme qu'après avoir reçu un analgésique en vente libre, la douleur de l'adolescent s'est aggravée au point qu'il a commencé à frapper le mur et à demander une ambulance.
«Il a commencé à taper sur le mur parce que (les travailleurs) continuaient de s'en aller et de l'ignorer, a-t-elle raconté lors d'une entrevue téléphonique. Mais au lieu de cela, ils l'ont mis en isolement». Elle a ajouté qu'il y est resté pendant plusieurs heures et qu'il a fini par vomir de douleur.
Plus tard dans la matinée, il a finalement été emmené à l'hôpital, où il a dû subir une intervention chirurgicale d'urgence.
Mme Nakuset a comparé la décision d'isoler l'adolescent à de la «torture».
«Je ne peux pas imaginer à quel point il a dû souffrir», a-t-elle déclaré.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) enquête sur le cas de l'adolescent inuit.
«Selon les informations rapportées, le mineur a été placé en l'isolement pendant des périodes prolongées, écrit la commission dans un communiqué. Il n'aurait pas reçu les soins de santé requis en temps opportun, aggravant ainsi sa situation.»
La commission enquête également sur des allégations selon lesquelles il aurait été interdit au jeune de parler sa propre langue au centre.
Un porte-parole de l'autorité sanitaire qui supervise le centre de réadaptation a déclaré qu'il ne pouvait pas commenter l'affaire en raison de problèmes de confidentialité, mais il a souligné que l'organisation ne tolérait pas la violence, la discrimination ou le racisme.
«Lorsque des allégations de tels comportements sont portées à notre attention, nous les prenons très au sérieux et mettons immédiatement en place des actions pour en faire la lumière», a déclaré Hélène Bergeron-Gamache du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal.
Mme Nakuset et Fo Niemi du Centre de recherche-action sur les relations raciales estiment qu'il est temps de mener une enquête complète sur le traitement des jeunes autochtones pris en charge.
«Lorsque nous parlons de racisme systémique, il est permis de maltraiter les peuples autochtones, a déclaré Mme Nakuset. Vous vous en tirez avec ça.»
Mme Nakuset a indiqué que son organisation avait rompu ses liens avec le Centre de la jeunesse et de la famille Batshaw l'année dernière parce qu'il n'avait pas donné suite aux nombreuses recommandations qui lui avaient été envoyées.
Les jeunes autochtones continuent d'être surreprésentés dans le système de protection de la jeunesse, ce qui aggrave souvent le traumatisme intergénérationnel que leur infligent les pensionnats et la politique gouvernementale, a-t-elle fait valoir.
L'autorité sanitaire, quant à elle, a déclaré qu'elle avait pris des mesures pour protéger la «sécurité culturelle» des jeunes sous sa protection, notamment en embauchant du personnel autochtone et en réécrivant des politiques pour affirmer les droits des jeunes à parler des langues autochtones.