Début du contenu principal.
«On m'a volé. On m'a volé ce moment.»
Le soir où elle aurait dû être en deuil, une infirmière de la région des Laurentides, au Québec, affirme qu'elle a été forcée de nettoyer son mari après son décès dans un hôpital de Montréal.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News
Isabelle Granito se bat désormais pour que d'autres familles puissent faire leur deuil dans la dignité et le respect.
Jacques Richard avait 52 ans lorsqu'il est mort subitement d'une crise cardiaque l'année dernière.
«Mon fils m'a contactée. Il m'a dit : "Papa est mort" [...] Venez vite. Il n'y a personne pour nous aider», a-t-elle expliqué.
M. Richard a été transporté à l'hôpital Royal Victoria, où Mme Granito l'a trouvé, une heure après sa mort. Elle raconte que son compagnon était allongé sur un brancard dans la salle de réanimation.
«Son corps était couvert de fluides biologiques, un tube était toujours là et rien n'avait été nettoyé», a-t-elle dit.
Mme Granito, qui travaille comme infirmière depuis 26 ans, s'est dite choquée de voir que le corps du patient n'avait pas été nettoyé. Lorsqu'elle a demandé à voir un superviseur, on lui a répondu qu'il n'y avait personne.
«S'il vous plaît, pouvez-vous envoyer quelqu'un pour nettoyer ?», a-t-elle demandé. On lui a répondu par l'affirmative mais qu'elle devait aider la personne qui serait envoyée. «J'ai donc nettoyé mon mari [avec cette personne]», a-t-elle déclaré.
C'est le dernier souvenir qu'elle a gardé de son mari, qu'elle avait connu pendant 23 ans.
«On m'a volé. On m'a volé ce moment», a-t-elle avoué.
À VOIR AUSSI | Désabusée, une infirmière déserte le système de santé et le Québec
Mme Granito a affirmé qu'elle souffrait de stress post-traumatique et qu'à moins de 50 ans, elle pensait que sa carrière était peut-être terminée.
«Je suis traumatisée. Je n'ai pas repris le travail et je ne suis pas sûre de pouvoir redevenir infirmière», a-t-elle souligné.
«Nous sommes désolés d'apprendre qu'un patient ou un membre de sa famille a vécu une expérience désagréable au CUSM», a écrit dans une déclaration à CTV News, un porte-parole du Centre hospitalier universitaire McGill.
Sans commenter le cas particulier, le porte-parole a ajouté qu'«il peut aussi arriver que des membres de la famille entrent dans la chambre alors que les efforts de réanimation viennent de se terminer, et se retrouvent par inadvertance face à un patient qui n'a pas été nettoyé.»
Après avoir perdu le père de ses enfants, Mme Granito prévoit de déposer deux plaintes officielles : l'une auprès du CUSM et l'autre auprès de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
«Je me bats pour des gens comme moi qui n'ont reçu aucune aide», a-t-elle dit.