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Friedrich Merz a affirmé qu’il voulait former un nouveau gouvernement d’ici Pâques.
Les conservateurs du chef de l'opposition allemande Friedrich Merz étaient en passe de remporter une victoire mitigée aux élections nationales de dimanche, tandis qu'Alternative pour l'Allemagne a presque doublé son nombre de voix, soit le meilleur résultat pour un parti d'extrême droite depuis la Seconde Guerre mondiale, selon les projections.
Le chancelier Olaf Scholz a concédé la défaite de ses sociaux-démocrates de centre-gauche après ce qu'il a qualifié de «résultat électoral amer». Les projections de la télévision publique ARD et ZDF ont montré que son parti finissait à la troisième place avec son pire résultat d'après-guerre aux élections parlementaires nationales.
M. Merz a promis d'agir rapidement pour former un gouvernement de coalition, mais il n'était pas immédiatement clair à quel point cela serait facile.
Selon Laurent Borzillo, chercheur invité au Centre canadien d’études allemandes et européennes, le gouvernement ne sera pas formé de si tôt. Il estime que le gouvernement allemand ne sera peut-être pas mis en place avant fin avril ou début mai.
«On risque d’avoir un laps de temps assez long avant l’émergence d’un gouvernement allemand, moins long qu’en Belgique, mais cela va prendre au minimum deux mois, probablement, pour qu’il y ait un accord entre les principaux partis», a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne.
En soirée, Friedrich Merz a affirmé qu’il voulait former un nouveau gouvernement d’ici Pâques.
«Nous avons près de huit semaines jusqu’à Pâques maintenant, et je pense que cela devrait être suffisant – le temps maximum – pour former un gouvernement en Allemagne», a-t-il déclaré lors d'une apparition télévisée avec d'autres chefs de parti dimanche soir.
Il a noté que, d’ici là, l’Allemagne n’aura pas eu de gouvernement avec une majorité parlementaire pendant près de six mois.
Il n'était pas encore clair à ce moment-là si le bloc conservateur de M. Merz aurait besoin d’un ou deux partenaires pour gouverner ni dans quelle mesure son calendrier était réaliste.
Les élections ont eu lieu sept mois plus tôt que prévu initialement après l'effondrement de la coalition impopulaire de M. Scholz en novembre, trois ans après le début d'un mandat de plus en plus entaché de luttes intestines. Le mécontentement était généralisé et peu d'enthousiasme ne ressortait pour aucun des candidats.
La campagne a été dominée par les inquiétudes concernant la stagnation de la plus grande économie européenne depuis des années et par la pression pour freiner l’immigration — un phénomène qui a provoqué des frictions après que M. Merz a insisté ces dernières semaines pour une approche plus dure. Elle s’est déroulée dans un contexte d’incertitude croissante concernant l’avenir de l’Ukraine et de l’alliance de l’Europe avec les États-Unis.
L’Allemagne est le pays le plus peuplé des 27 pays de l’Union européenne et l’un des principaux membres de l’OTAN. Elle est le deuxième plus grand fournisseur d’armes de l’Ukraine, après les États-Unis. Elle sera au cœur de la réponse du continent aux défis des années à venir, notamment à la politique étrangère et commerciale conflictuelle de l’administration Trump.
Les projections, basées sur des sondages de sortie et un décompte partiel, placent le soutien au bloc de l’Union de Friedrich Merz à un peu moins de 29 % et à l’Alternative pour l’Allemagne, ou AfD, à environ 20 %, soit environ le double de son résultat de 2021.
Ils estiment le soutien aux sociaux-démocrates d'Olaf Scholz à un peu plus de 16 %, bien moins que lors des dernières élections et en dessous de leur précédent plus bas historique de 20,5 % de 2017. Les écologistes, leurs partenaires restants dans le gouvernement sortant, se situent à 12-13 %.
Selon le nombre de partis qui entreront au parlement, Friedrich Merz disposera-t-il d'une majorité suffisante pour former une coalition avec les sociaux-démocrates de M. Scholz ou aura-t-il besoin d'un second partenaire? «Le plus important est de rétablir un gouvernement viable en Allemagne le plus rapidement possible», a déclaré le chef de file conservateur.
«Je suis conscient de la responsabilité qui nous incombe, a souligné M. Merz. Je suis également conscient de l'ampleur de la tâche qui nous attend. Je l'aborde avec le plus grand respect et je sais que ce ne sera pas facile».
La candidate de l’AfD à la chancellerie, Alice Weidel, a indiqué que son parti est devenu «la deuxième force la plus forte». Le meilleur résultat précédent du parti était de 12,6 % en 2017, lors de son entrée au parlement national.
Elle a mentionné que son parti était «ouvert à des négociations de coalition» avec le parti de M. Merz, et que «sans cela, aucun changement de politique n’est possible en Allemagne». M. Merz a toutefois à plusieurs reprises exclu toute collaboration avec l’AfD, comme l’ont fait d’autres partis traditionnels.
L'AfD a pu bénéficier lors de sa campagne électorale d'un soutien de taille du côté des États-Unis: celui d'Elon Musk, qui avait notamment pris la parole lors d'un congrès du parti.
«Ça a été une surprise qu’on ait des membres du gouvernement américain qui, non seulement prennent position dans le débat allemand, mais surtout pour le parti d’extrême droite», a avancé le chercheur invité au Centre canadien d’études allemandes et européennes.
Plus de 59 millions de personnes dans un pays de 84 millions d'habitants étaient admissibles pour élire les 630 membres de la chambre basse du parlement, le Bundestag, qui prendront place sous la coupole de verre du bâtiment emblématique du Reichstag à Berlin.
— Avec des informations de l'Associated Press