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Edmundo Gonzalez a déclaré qu'il avait obtenu plus de 70 % des feuilles de pointage des bureaux de vote dimanche.
Alors que des milliers de personnes manifestaient à travers le Venezuela, le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez a annoncé lundi que sa campagne avait la preuve dont elle avait besoin pour montrer qu'il avait remporté les élections contestées du pays, alors que les autorités électorales ont remis la victoire au président Nicolas Maduro.
M. Gonzalez et la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado ont déclaré aux journalistes qu'ils avaient obtenu plus de 70 % des feuilles de pointage des bureaux de vote dimanche, et que celles-ci attribuent la victoire à M. Gonzalez.
Tous deux ont appelé la population à rester calme et ont invité les citoyens à se rassembler pacifiquement mardi à 11 h pour célébrer les résultats.
«Je vous parle avec le calme de la vérité», a déclaré M. Gonzalez alors que des dizaines de partisans applaudissaient devant son siège de campagne dans la capitale, Caracas.
«Nous avons entre nos mains les feuilles de pointage qui démontrent notre victoire catégorique et mathématiquement irréversible.»
Leur annonce survient après que le Conseil national électoral, fidèle au parti au pouvoir de M. Maduro, le Parti socialiste unifié du Venezuela, l'a officiellement déclaré vainqueur, lui accordant ainsi son troisième mandat de six ans.
«Nous n'avons jamais été touchés par la haine. Au contraire, nous avons toujours été victimes des puissants», a déclaré M. Maduro, lors de la cérémonie télévisée nationale. «On tente d'imposer au Venezuela un nouveau coup d'État de nature fasciste et contre-révolutionnaire.»
«Nous connaissons déjà ce film, et cette fois, il n'y aura aucune sorte de faiblesse», a-t-il ajouté, affirmant que «la loi du Venezuela sera respectée».
Les autorités ont retardé la publication du décompte détaillé des votes de l'élection de dimanche après avoir proclamé M. Maduro vainqueur avec 51 % des voix, contre 44 % pour le diplomate à la retraite Edmundo Gonzalez. Les revendications concurrentes ont donné lieu à un bras de fer aux enjeux considérables.
«Un peuple libre est un peuple respecté, et nous allons nous battre pour notre liberté», a lancé Gonzalez.
Les Vénézuéliens votent à l'aide de machines électroniques, qui enregistrent les votes et fournissent à chaque électeur un reçu papier indiquant le candidat de son choix. Les électeurs sont censés déposer leur reçu dans les urnes avant de quitter.
Après la clôture du scrutin, chaque machine imprime une feuille de pointage indiquant les noms des candidats et les votes qu'ils ont reçus.
Mais le parti au pouvoir exerce un contrôle strict sur le système électoral, à la fois grâce à un conseil électoral loyal composé de cinq membres et à un réseau de coordinateurs locaux de longue date qui bénéficient d'un accès quasi illimité aux centres de vote.
Ces coordinateurs, dont certains sont chargés de distribuer des prestations gouvernementales, notamment de la nourriture subventionnée, ont empêché les représentants des partis d'opposition d'entrer dans les centres de vote, comme le permet la loi, pour assister au processus et au décompte des votes et, surtout, pour obtenir une copie des feuilles de pointage finales.
Lundi soir, les autorités électorales n'avaient pas encore publié les feuilles de pointage de chacune des 30 000 machines.
Le site Internet du corps électoral était en panne et on ne savait toujours pas quand le décompte détaillé serait disponible. Cette absence a incité un groupe indépendant d'observateurs électoraux et l'Union européenne à exhorter publiquement l'entité à publier le décompte détaillé.
Plusieurs gouvernements étrangers, dont les États-Unis et l'Union européenne, ont retardé la reconnaissance des résultats de l'élection.
En quelques heures, quelques milliers de Vénézuéliens ont commencé à descendre dans les rues près du plus grand quartier pauvre de Caracas pour protester contre les déclarations de M. Maduro.
Dans le quartier de Petare, les gens ont commencé à marcher et à crier contre M. Maduro. Des jeunes masqués ont aussi arraché des affiches de campagne le représentant. Des forces de sécurité lourdement armées se trouvaient à quelques pâtés de maisons de la manifestation, qui était pacifique.
«Ça va tomber. Ça va tomber. Ce gouvernement va tomber!», ont crié certains manifestants en marchant.
Alors que la foule défilait dans un autre quartier, elle a été acclamée par des retraités et des employés de bureau qui ont frappé sur des casseroles et ont enregistré la manifestation en signe de soutien. Quelques personnes ont crié «liberté» et des jurons ont été lancés à l'encontre de M. Maduro.
Certains manifestants ont tenté de bloquer des autoroutes, dont celle qui relie la capitale à une ville portuaire où se trouve le principal aéroport international du pays.
Après avoir échoué à évincer M. Maduro lors de trois séries de manifestations depuis 2014, l'opposition a fait confiance aux urnes. Les élections ont été parmi les plus pacifiques de mémoire récente, reflétant l'espoir que le Venezuela puisse éviter une effusion de sang et mettre fin à 25 ans de régime de parti unique.
Le Venezuela se trouve au sommet des plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde et possédait autrefois l'économie la plus avancée d'Amérique latine. Mais il est entré en chute libre lorsque M. Maduro a pris la barre.
La chute des prix du pétrole, les pénuries généralisées et l'hyperinflation, qui a dépassé les 130 000 %, ont d'abord conduit à des troubles sociaux, puis à une émigration massive.
Les sanctions économiques imposées par les États-Unis visant à forcer M. Maduro à quitter le pouvoir après sa réélection en 2018 n'ont fait qu'aggraver la crise.
L'appel au calme de l'opposition reflète en partie la lassitude des électeurs, qui, selon les sondages, ne sont pas pressés de bouleverser leur vie en descendant dans la rue comme ils l'ont fait auparavant.
Les électeurs ont fait la queue dès samedi soir pour voter, renforçant ainsi l'espoir de l'opposition qu'elle était sur le point de briser l'emprise de M. Maduro sur le pouvoir.
Les résultats officiels ont été un choc pour beaucoup de ceux qui avaient célébré, en ligne et à l'extérieur de quelques centres de vote, ce qu'ils considéraient comme une victoire écrasante de M. Gonzalez.