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«Le premier ministre vient de se féliciter d'accomplir le "wet dream" de Gaétan Barrette», a avancé le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
Pressé par les partis d'opposition, le gouvernement Legault a défendu, jeudi au Salon bleu, la réforme Dubé qui doit, souhaite-t-on, améliorer le fonctionnement du réseau de la santé.
Moins de 24 heures après le dépôt du projet de loi 15 - qui contient près de 1200 articles - le chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a accusé le ministre de la Santé, Christian Dubé, de se «décharger de toutes les décisions importantes qui touchent les soins de santé».
«Ce qui va rester au ministre [Dubé], ce sera de blâmer et de congédier […] Après le “superministre” de l’économie [Pierre Fitzgibbon], on a le “mini-ministre” de la Santé», a lancé M. Tanguay lors d’un échange avec le premier ministre Legault.
M. Legault a répliqué au leader libéral qu'il pourra «poser des questions» au ministre de la Santé trois fois par semaine.
En point de presse plus tôt, Marc Tanguay a affirmé que le «premier changement» dans la réforme proposée par le Christian Dubé est de «déresponsabiliser» le ministre lui-même. «Il veut créer une société d'État, lui donner tous les pouvoirs en ce qui concerne la gestion, l'opérationnalisation et le budget et faire en sorte que M. Dubé n'ait plus à répondre aux questions relatives aux décisions importantes», a lancé M. Tanguay.
L'échange le plus corsé a eu lieu entre le leader de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, et le premier ministre Legault.
«Ça fait 25 ans que les gouvernements annoncent tambours et trompettes, qu’ils ont enfin trouvé le Saint-Graal des réformes», a martelé M. Nadeau-Dubois. Le solidaire soutient toutefois que la CAQ propose toujours la «même vieille recette […] on centralise, on centralise, on centralise», a-t-il argué.
M. Nadeau-Dubois s'est adressé au premier ministre, lui demandant si son gouvernement suivait la trace de l'ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette et l'ancien premier ministre Philippe Couillard.
En réponse, François Legault s'est dit «déçu» qu'un «jeune» politicien comme Gabriel Nadeau-Dubois «défende le passé». Selon M. Legault, Québec solidaire et les syndicats mènent le «même combat» et souhaite le «statu quo». «On se dit progressistes, mais on ne veut rien changer», a-t-il lancé au Salon bleu. «Quelqu'un qui pense que si on ne change rien, ça va marcher?», a ajouté le PM.
Le premier ministre, qui affirme vouloir décentraliser le réseau de la santé, assure que la réforme permettra à des décideurs locaux d'avoir plus de pouvoir lorsque des décisions seront prises. Une mesure qui ira plus loin que le gouvernement Couillard n'aura jamais été, selon M. Legault.
M. Nadeau-Dubois «devrait se rappeler qu'il n'est plus un chef étudiant» et qu'il devrait surveiller «les mots qu'il choisit», a réagi M. Legault.
Le porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, Joël Arsenault, mentionnait hier que la réforme avait quelque chose «d'orwellien». Le discours et les gestes qu'on pose nous apparaissent contradictoires», avait-il expliqué en point de presse.
En ce qui concerne les syndicats, le président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé (APTS), Robert Comeau, dit qu’il a hâte d’être consulté sur les mesures prévues dans le projet de loi, notamment en ce qui a trait à la nomination de gestionnaires de proximité dans les établissements.
L’inquiétude face à l’incertitude peut toutefois se faire sentir parmi ses membres.
Isabelle Dumaine de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) se défend de vouloir maintenir le statut quo et déclare qu’elle reste à convaincre puisque les dernières réformes importantes dans le réseau de la santé n’ont pas amélioré les conditions de travail de ses membres ni la qualité des soins aux patients.
Dans le meilleur des mondes, Christian Dubé souhaite que le Projet de loi soit adopté d'ici la fin de la présente session parlementaire, en juin. Dans cette éventualité, les changements prévus à la réforme se feront par étapes, d'ici 2025, a précisé le ministre.
Par la suite, il sera possible de mesurer le succès de la démarche en se référant aux différents indicateurs qui apparaissent dans le tableau de bord du ministère: temps d'attente aux urgences, attente pour une chirurgie, etc.
Avec des informations de La Presse canadienne