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Human Rights Watch critique le Canada pour son travail face aux communautés autochtones et sa politique climatique et dénonce des violations des droits des migrants détenus.
Un important groupe de défense des droits de l'homme établi aux États-Unis affirme que le Canada ne s'attaque pas adéquatement à des problèmes et à des abus qui affligent les communautés autochtones.
Le rapport annuel de Human Rights Watch s’en prend aussi à la politique climatique du gouvernement fédéral, qu’il qualifie d’inadéquate, et dénonce des violations des droits des migrants détenus.
Human Rights Watch affirme que plus de deux dizaines de communautés autochtones restent soumises à des avis à long terme sur l'eau potable, malgré la promesse du premier ministre Justin Trudeau de ramener ce nombre à zéro.
Le groupe basé à New York ajoute que l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) continue de fonctionner sans surveillance et qu’elle détient indéfiniment certains demandeurs d'asile. Le gouvernement libéral a déposé un projet de loi pour assurer un examen spécifique de l'agence, mais il n'a pas encore été adopté.
Les critiques formulées dans le rapport de Human Rights Watch s'étendent aussi à la politique du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Le texte de l’organisme fustige le gouvernement du Canada pour son financement public de projets de combustibles fossiles et les mesures inadéquates pour aider les peuples autochtones à s'adapter aux impacts du changement climatique.
En revanche, Human Rights Watch a réservé des mots encourageants dans son rapport pour le soutien du Canada aux personnes de la communauté LGBTQ+, soulignant les récents engagements du gouvernement fédéral en faveur d’un plan d'action national pour renforcer les droits au pays et à l'étranger.
Le rapport, publié jeudi, indique que des décennies de discrimination structurelle et systémique contre les peuples autochtones ont conduit à des «abus généralisés» qui persistent à travers le Canada.
«L'accès insuffisant à une eau potable propre et salubre continue de poser un problème de santé publique majeur dans de nombreuses communautés autochtones et entrave les efforts visant à faire progresser les droits des Autochtones au Canada, l'un des pays les plus riches en eau au monde», soutient Human Rights Watch.
Le gouvernement fédéral affirme que 137 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable ont été levés depuis novembre 2015, et que des initiatives sont en cours pour remédier aux autres.
Dans une déclaration fournie à La Presse Canadienne, les bureaux des ministres des Relations Couronne-Autochtones et des Services aux Autochtones ont remercié l'organisation Human Rights Watch pour son travail, ajoutant que le gouvernement travaillait «pour apporter les changements nécessaires à la décolonisation».
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«L'accès à l'eau potable est fondamental, et nous continuons de progresser dans notre engagement à lever tous les avis d'eau potable à long terme restants dans les communautés autochtones, pouvait-on lire dans le communiqué des ministères. Nous savons qu'il y a plus à faire».
Un porte-parole des deux ministères, Randy Legault-Rankin, a assuré que le gouvernement examinait les conclusions du rapport et énumérait les programmes et investissements fédéraux en cours pour répondre aux préoccupations concernant l'eau potable, le bien-être des enfants et la violence contre les femmes autochtones.
«Soutenir les communautés autochtones alors qu'elles choisissent leur voie pour reconstruire leurs nations est essentiel à la réconciliation et au renouvellement de nos relations», a-t-il affirmé.
En tant que l'un des dix principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre et l'un des plus grands émetteurs par habitant au monde, le Canada «contribue à la crise climatique et pèse de plus en plus lourd sur les droits de la personne dans le monde», a également souligné le rapport.
Malgré un nouveau plan fédéral de réduction des émissions, Human Rights Watch note que le gouvernement continue d'autoriser l'expansion des oléoducs et gazoducs, y compris sur les terres des Premières Nations. L'organisation soutient également que «les projets d'augmentation de la production de combustibles fossiles ne tiennent pas compte de l'obligation du gouvernement d'adopter et de mettre en œuvre de solides politiques d'atténuation du climat».
Dans un communiqué, le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a salué les conclusions du rapport et assuré que le gouvernement travaillait dur afin de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre l'objectif canadien de 2030. Le pays vise à réduire ses émissions de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005.
M. Guilbeault a aussi énuméré plusieurs mesures prises par le gouvernement depuis 2015, comme la tarification du carbone et la facilitation du passage des Canadiens aux véhicules à zéro émission.
Le gouvernement a également introduit une stratégie nationale d'adaptation pour s'attaquer «de manière globale» aux effets du changement climatique, qui inclut la participation des groupes autochtones, a-t-il ajouté.
«Nous avons commencé à abaisser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, mais nous avons encore beaucoup à faire pour assurer que la planète soit habitable pour les générations à venir».
Le Canada abrite plus de la moitié des sociétés minières du monde, avec des entreprises canadiennes opérant dans près de 100 pays et détenant des actifs miniers étrangers estimés à 130 milliards $ US, note le rapport de Human Rights Watch.
Cependant, le gouvernement libéral n'a «pas pris les mesures adéquates» pour s'assurer que les autorités canadiennes exercent une surveillance significative des entreprises extractives canadiennes opérant à l'étranger, soutient l'organisation.