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«Si vous avez une idée originale, c'est à vous de la protéger, et si vous ne le faites pas, autant ne plus le faire.»
Le dessinateur de bandes dessinées montréalais Ray Lai a soutenu que peu importe le temps, les efforts ou les frais juridiques, lui et son frère Ben défendront leur travail, même si c'est contre une force aussi puissante que le Marvel Cinematic Universe (MCU).
«Si vous avez une idée originale, c'est à vous de la protéger, et si vous ne le faites pas, autant ne plus le faire», a avoué l'artiste à CTV News.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Les frères Lai sont engagés dans une bataille juridique contre Marvel et Disney, qui, selon eux, ont volé des éléments de design dans les versions cinématographiques mettant en scène les personnages Iron Man, Ant-Man et la Guêpe.
Une requête en abus de procédure récemment déposée soutient que les géants de l'industrie ont tenté de retarder ou de rejeter leur affaire de violation du droit d'auteur en utilisant des tactiques trompeuses.
«Les défendeurs semblent agir avec l'intention de noyer les procédures et la documentation du plaignant et de l'épuiser financièrement», peut-on lire dans la requête. «En plus des démarches inutiles que les plaignants [les frères Lai] ont dû entreprendre [...], le demandeur a dû faire face à un certain nombre d'objections inutiles et de positions déraisonnables de la part des défendeurs.»
Depuis le début de la procédure en 2021, l'avocate des frères Lai, Julie Desrosiers, a indiqué que Marvel a tenté de rejeter l'affaire, s'est opposée à la déposition de témoins clés et a essayé d'ensevelir les avocats sous des documents sans titre, tout en augmentant les honoraires de ses clients et en retardant inutilement l'affaire.
«Nous nous sommes rendu compte qu'ils avaient fait certaines choses qui ont induit le tribunal en erreur et nous ont induits en erreur en ce qui concerne les revenus et les profits tirés de ces films au Canada», a expliqué Me Desrosiers. «Nous avons décidé de déposer une requête pour abus de procédure afin que les frères Lai puissent récupérer une partie des frais qu'ils ont dépensés pour lutter contre ces procédures.»
La requête vise à obtenir près de 180 000 $ pour récupérer les frais d'avocat qui se sont accumulés pour les frères Lai.
«Je ne veux pas être cliché et dire que c'est notre bébé, mais quand on commence à faire quelque chose, il faut y croire et aller jusqu'au bout», a soutenu Ray Lai. On ne peut pas se contenter de dire «si quelqu'un le prend, je vais recommencer», car tout le monde va continuer à le prendre.
Dans leur plainte initiale, les frères Lai affirment que Marvel a utilisé des dessins de la série Radix des frères Lai pour les costumes d'Iron Man et d'Ant-Man pour les films à succès de Marvel.
Les frères demandent des dommages-intérêts compensatoires et «les bénéfices que Marvel a obtenus grâce à la contrefaçon, pour un montant à déterminer après enquête approfondie». Ils demandent également au tribunal de délivrer à Marvel et Disney une «injonction permanente pour mettre fin à cette contrefaçon délibérée et persistante».
Les frères Lai ont commencé à créer des bandes dessinées en 1995 et se sont rapidement fait un nom dans l'industrie, se faisant embaucher par CrossGen Comics avant de retourner à Montréal pour développer la série Radix, publiée par Image Comics de 2001 à 2002.
La joie de voir leur travail imprimé se double de la frustration de découvrir la dure réalité de l'industrie.
«Dès le premier numéro, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) a copié notre travail», a déploré Ray Lai.
Le professeur Edwin L. Thomas a avoué avoir utilisé sans le savoir une image des frères dans un projet de recherche sur le soldat du futur en 2002.
Il a publié des excuses sur le site du MIT après avoir parlé aux frères.
«Si j'avais su qu'il s'agissait de votre travail, je ne l'aurais pas utilisé», a-t-il écrit. «Le MIT soutient fermement les droits des créateurs et regrette vivement d'avoir utilisé l'image sans autorisation ni crédit. Je suis vraiment désolé que cela se soit produit ; cela ne se reproduira plus».
Dans ses excuses, M. Thomas explique que son équipe a décidé d'inclure un dessin représentant ce à quoi pourrait ressembler un soldat du futur et d'y inclure l'un des personnages des frères Lai.
«Je n'ai su qu'après que votre avocat a contacté le MIT à la fin du mois d'avril que l'image était apparemment basée sur votre personnage», a poursuivi M. Thomas. Dès que nous l'avons appris, je l'ai fait retirer des pages web de l'Institut de nanotechnologie du soldat, j'ai notifié à toutes les personnes impliquées de ne pas utiliser l'image à quelque fin que ce soit, et le MIT a également ordonné que l'image soit retirée de tous les sites web du MIT».
Peu après le scandale du MIT, les frères ont été licenciés par Marvel, où ils ont travaillé pendant environ un an avant de retourner à Montréal pour travailler sur leurs propres bandes dessinées.
Lorsque les frères ont vu l'affiche d'Ironman 3, Ray raconte qu'ils avaient immédiatement reconnu leur travail.
«D'emblée, j'ai dit : ‘’C'est une copie’’», raconte Ray. «Et ce qui est intéressant, c'est que nous connaissons beaucoup de gens qui travaillaient chez Marvel.»
Ray et Ben avaient travaillé avec de nombreux concepteurs des films et savaient que Marvel était au courant de l'affaire du MIT, ce qui a renforcé leur désir de défendre leur travail.
«Lorsqu'ils nous ont engagés, ils savaient que le MIT nous avait copiés», explique Lai. «Maintenant, ils nous copient à nouveau.»
D'autres films mettant en scène Ant-Man et la Guêpe font également partie de la poursuite des frères.
Après avoir été déboutés aux États-Unis, les frères Lai ont intenté une action en justice devant la Cour supérieure du Québec.
Toutes les plaintes n'ont pas encore été prouvées devant le tribunal.
Le cabinet d'avocats québécois représentant Disney/Marvel, Robic, n'a pas répondu aux multiples demandes de commentaires de CTV News. Marvel défend la poursuite devant les tribunaux.
Pour les frères Lai, les procédures judiciaires épuisantes, bien que frustrantes, valent la peine d'être vécues.
«Je pense que, même à l'époque où le MIT nous copiait, la chose la plus importante que je pensais était qu'il ne servait à rien de créer si vous ne pouviez pas protéger votre propriété intellectuelle, parce que c'est la chose la plus importante», a mentionné Ray. «C'est génial d'être un artiste, c'est génial de mettre des choses sur le marché et que les gens puissent les apprécier, mais si vous ne pouvez pas protéger votre travail…»