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«Un jeune qui n’a pas de fondation active […] n’aura pas accès aux mêmes ressources, et c’est là l’enjeu.»
Douze fondations venant en aide aux jeunes ayant grandi sous la coupe de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) s'unissent pour former un grand regroupement national. Ces organismes espèrent ainsi optimiser leurs pratiques, simplifier la collecte de dons et profiter d'une plus grande visibilité.
Les fondations des régions de l'Abitibi-Témiscamingue, du Bas-Saint-Laurent, de Chaudière-Appalaches, de l'Estrie, des Laurentides, de Lanaudière, de Laval, de Mauricie et Centre-du-Québec, de la Montérégie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Montréal et de Québec participent au regroupement. D'autres régions du Québec pourraient éventuellement rejoindre à leur tour le mouvement.
Voyez le reportage d'Emmanuel Leroux-Nega dans la vidéo.
En plus d'annoncer la création du Regroupement des fondations pour la protection de la jeunesse (RFPJQ), on a aussi dévoilé une nouvelle plateforme web à l'adresse: aidonslesjeunes.com. Ce portail permet aux donateurs de diriger leur contribution vers la région de leur choix ou même vers le programme de leur choix.
Le principal objectif du regroupement est de profiter de la force du nombre, comme le décrit le président du RFPJQ Benoît Duplessis. «Hier, les fondations travaillaient en silo, mais aujourd'hui, le regroupement crée des synergies. On partage des ressources pour mieux se faire connaître. On veut sensibiliser le public à notre cause. On améliore nos processus. On optimise nos façons de faire. Tout ça dans le but d'en donner plus aux jeunes dans le besoin», a-t-il expliqué en conférence de presse à Montréal mardi matin.
Si les fondations viennent en aide aux jeunes de différentes façons tout au long de leur passage en centre jeunesse ou en foyer d'accueil, c'est surtout à leur sortie que l'on souhaite faire une différence. Le regroupement veut ainsi permettre aux jeunes adultes de profiter des services offerts par chacune des fondations régionales et non plus seulement par l'organisme de leur région de résidence.
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Grâce à cette mise en commun des ressources, les jeunes devant développer leur autonomie pour entrer dans la vie adulte pourront compter sur un plus large éventail de mesures de soutien. Certains programmes offrent, par exemple, de l'accompagnement aux études, du soutien à la vie en appartement, de l'aide de première nécessité en cas d'urgence ou même l'occasion de réaliser un rêve.
Nicolas Zorn, auteur de l'essai biographique «J'ai profité du système» dans lequel il raconte son passage sous la tutelle de la DPJ et le parcours qui s'en est suivi jusqu'à devenir doctorant en sciences politiques à l'Université de Montréal, témoigne de l'importance de ces fondations.
«Une fondation, ce n'est pas juste de l'argent. Une fondation, ça donne de l'information et ça peut aussi sensibiliser les jeunes», souligne-t-il avant d'ajouter que ce n'est pas facile pour un jeune adulte de 18 ans de se retrouver seul face à une société à laquelle il se sent souvent étranger.
«La première journée de leurs 18 ans, ils vont faire le party. La deuxième journée, ils ne veulent pas avoir de contacts avec la DPJ, mais tu n'as pas les outils pour vivre comme un adulte et tu ne sais pas où te tourner. Aujourd'hui, on sait qu'ils peuvent se tourner vers les fondations», observe le chercheur qui agira comme ambassadeur du regroupement.
«On m'a donné beaucoup de deuxièmes chances dans la vie. Je ne les ai pas toutes prises, mais celles que j'ai prises ont fait une énorme différence et c'est pourquoi je pense que les fondations en protection de la jeunesse du Québec font un monde de différence», a-t-il insisté.
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S'il n'a pas pu en profiter directement lui-même puisque ces organismes n'existaient pas à l'époque, M. Zorn reconnaît tout de même avoir bénéficié d'autres incitatifs pour s'accrocher à ses études, dont de l'aide financière.
En plus de M. Zorn, le RFPJQ s'associe à un deuxième ambassadeur, soit le comédien Luc Guérin. Ce dernier a confié avoir la cause des jeunes à cœur et s'impliquer discrètement auprès du mouvement depuis plusieurs années.
Il espère faire mettre sa notoriété et sa visibilité au profit du regroupement. L'acteur estime que l'entraide et le soutien sont des valeurs qui lui sont chères et qui ont joué un rôle important dans son propre parcours.
«Je crois beaucoup à la force du groupe, alors l'idée du regroupement pour moi c'est quelque chose de très fort. Moi, j'ai eu du soutien dans ma vie. Je fais carrière aujourd'hui. Je partais d'une famille où on n'était pas très riche. On n'avait pas de moyens culturels non plus. Je me suis présenté dans une école de théâtre et si je n'avais pas eu le soutien de certaines personnes, je n'aurais pas fait le métier que je fais aujourd'hui», a-t-il raconté.
D'après le président du regroupement, Benoît Duplessis, les fondations membres amassent actuellement environ 4 millions $ par année au total. Sans chiffrer d'objectif, il se dit convaincu de pouvoir multiplier cette somme en conjuguant les efforts de chacun.